Cité dans un article publié dans le Tageblatt du 23 janvier 2008, le député européen Claude Turmes, exprime son opinion sur le projet de lutte de la Commission européenne contre les gaz à effet de serre, qui sera présenté le mercredi 23 janvier 2008 à Bruxelles. Le député a été désigné par le Parlement européen comme rapporteur de la directive pour la promotion des énergies renouvelables, noyau central de ce programme pour la protection de l’environnement.
Claude Turmes estime que le plan de lutte de la Commission est "peu ambitieux", ce dont il rend avant tout responsable l’industrie. Le député européen est très direct dans ses critiques. "La Commission Barroso-Verheugen", comme il la nomme, "a été fortement influencée par le lobby de l’industrie", avance-t-il. En cela, il prend implicitement le contrepied des déclarations faites le 22 janvier par le député européen Robert Goebbels et relayées par Europaforum.lu
En 2005, le système européen d'échange de quotas d'émissions (ETS) a été introduit. Visant à réduire l’émission de CO2 dans l’atmosphère, ce système contraint les entreprises et fournisseurs d’énergie à respecter un certain quota de gaz à effet de serre qu’ils peuvent émettre dans l’atmosphère. Une entreprise qui ne réussit pas à respecter ces limites, peut acheter des certificats qui lui allouent de nouveaux quotas. Pourtant, ces certificats ont pour la plupart du temps été distribués gratuitement par les Etats membres. Seule une petite partie des certificats ont été vendus.
Selon Claude Turmes, cette pratique aurait permis aux fournisseurs d’électricité de faire des bénéfices de l’ordre de plusieurs milliards d’euros. En outre, il estime que l’industrie aurait empêché que la vente de ces certificats d’émission devienne obligatoire dans le cadre du nouveau système, qui entrera en vigueur en 2013.
Pour le député européen, il y a un grand risque que l’industrie passe simplement outre sa responsabilité et la déléguera à des pays tiers et aux consommateurs. "L’industrie, étant un énorme consommateur d’énergie, ne peut pas être exclue de l’accord climatique à l’échelle mondiale", avance-t-il. C’est pourquoi l’Europe doit, selon lui, forcer les multinationales à prendre leurs responsabilités, parce que sinon "on ne pourra plus les forcer n’importe où".
Pour Claude Turmes, il s’agit là d’une "question de crédibilité", d’autant plus que l’Union européenne s’est fixée comme but de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % jusqu’en 2020 (par rapport à 1990).
D’autre part, le député vert applaudit les plans de la Commission européenne à augmenter, d’ici 2020, la part des énergies renouvelables dans la consommation globale à 20 %. Elle est aujourd’hui de 8,5 %.
Les chiffres exacts quant à la répartition des charges sur les différents Etats membres seront annoncés le 23 janvier 2008 par la Commission européenne. Claude Turmes approuve la volonté affichée par la Commission à permettre une certaine flexibilité selon la puissance économique et les moyens des différents pays. Un autre point que Turmes approuve est la possibilité de pouvoir négocier avec les certificats d’origine. En outre, une correction est prévue pour des petits pays comme le Luxembourg, la Belgique ou les Pays Bas, qui prend en considération leur produit intérieur brut relativement élevé.