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Politique étrangère et de défense
Le Conseil de l’Union européenne s’accorde sur une déclaration commune sur le Kosovo
18-02-2008


Jean Asselborn et Javier SolanaLe lundi 18 janvier 2008, au lendemain de la déclaration d’indépendance du Kosovo par les Kosovars albanais, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont parvenus à dégager une déclaration commune sur le Kosovo lors d’une réunion du Conseil "Affaires générales et Relations extérieures" (CAGRE).

 

"Contrairement à ce qu’on avait craint et à ce qu’on avait affirmé, l’UE a fonctionné aujourd’hui", s’est félicité Jean Asselborn, le chef de la diplomatie luxembourgeoise à l’issue de la réunion du Conseil à Bruxelles.

Le consensus qui a pu être dégagé s’est basé sur deux propositions. L’une a été élaborée par la Présidence slovène et l’autre par l’Espagne, qui avait refusé d’entériner la souveraineté du nouvel Etat. Le succès a pu être obtenu grâce "aux efforts" fournis par le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos et la ministre chypriote Erato Kozakou-Markoullis.

Les conclusions de la déclaration commune

Voilà les éléments approuvés par les ministres européens :

  • Le 17 février 2008, le Kosovo a officiellement déclaré son indépendance.
  • Le Kosovo devient un Etat multiethnique. Le pays s'engage à respecter les droits de ses minorités non albanaises ainsi que l'héritage culturel et religieux. Le Conseil approuve la présence continue de la communauté internationale, basée sur la résolution numéro 1244 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
  • Chaque Etat membre de l’UE décidera en fonction de ses pratiques nationales, de ses règles juridiques et de sa Constitution de reconnaître ou non l’indépendance du Kosovo.
  • Promouvoir la stabilité des Balkans est une priorité de l’UE. Pour parvenir à cet objectif, l’UE envoie une mission civile appelé Eulex pour encadrer et surveiller l’indépendance du Kosovo. La mission civile se réalisera en collaboration étroite avec des acteurs internationaux tels que l’ONU, l’OSCE et la KFOR de l’OTAN.
  • L’Europe a réaffirmé sa volonté d’offrir une perspective européenne aux Balkans occidentaux. Concrètement, cette volonté se traduira par une aide au développement économique et un plan dont l’élaboration a été confiée à la Commission européenne. La portée de cette aide ne se limitera pas au Kosovo mais portera sur l’ensemble des pays du Balkans. 
  • Conformément à la charte de l’ONU et du Helsinki Final Act, l’Europe a rappelé l’intégrité territoriale du Kosovo. 
  • Les ministres des Affaires étrangères ont qualifié le conflit qui a opposé les troupes serbes et la guérilla indépendantiste kosovare albanaise de "sui generis", c’est-à-dire de cas exceptionnel.
  • Dans une déclaration annexée au texte consensuel, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont souligné qu’ils ne tolèreront aucune violence au Kosovo et sur le territoire serbe.

La déclaration commune de l’UE a abouti à l’annonce de 17 Etats membres de leur intention de reconnaître le nouvel Etat.

Jean Asselborn a déclaré que le Luxembourg reconnaîtra jeudi 21 février 2008 la souveraineté du nouvel Etat. La déclaration de reconnaissance du Kosovo par le Luxembourg sera transmise  dans une lettre commune de 11 Etats européens au gouvernement de Pristina.

"L’Europe est capable de parler d’une seule voix"

Durant une conférence de presse, Dimitrij Rupel, le ministre des Affaires étrangères slovène, qui préside actuellement le Conseil, s’est déclaré "très heureux" que les 27 aient trouvé un consensus.

Selon Rupel, une ambiance assez pessimiste aurait régné parmi les représentants au début de la séance. "Certains se sont demandés si l’Union européenne était capable de parler d’une seule voix. Mais l’Union européenne a passé le test une fois de plus", a-t-il déclaré.

Pour Dimitrij Rupel le moment le plus important des négociations était "en décembre, lorsque l’UE a décidé d’envoyer une mission civile au Kosovo", et "que la présente résolution ne faisait que la compléter".

Interrogé sur la finalité de la résolution, Rupel a répondu que l’intention du texte n’était pas de reconnaître un Etat, ce que l’Union européenne n’est pas en mesure de faire, mais plutôt de faire une analyse de la situation. Il a ajouté que l’UE peut soutenir les Etats membres dans leur démarche de reconnaissance, mais qu’elle n’a pas d’influence sur leur décision à reconnaître le Kosovo.

Javier Solana, le Haut Représentant pour la politique étrangère et  de sécurité commune, a de son coté souligné qu’il s’agissait d’un Conseil très important. "L’Europe est capable d’offrir une perspective européenne aux pays balkaniques occidentaux", a-t-il dit.

Olli Rehn, le Commissaire européen responsable de l’élargissement, a également estimé que les 27 Etats membres ont trouvé une solution appropriée. Selon lui, le consensus démontre que l’UE est prête à contribuer à la stabilité de la région balkanique occidentale. Il a salué la décision du Conseil à déployer des instruments communautaires, et il a approuvé la résolution du nouvel Etat kosovar à garantir la démocratie et l’égalité de tous ses citoyens et à assurer la protection des minorités.

Quant à la question quand la Slovénie entendait reconnaître le nouvel Etat du Kosovo, Dimitrij Rupel a indiqué qu’il s’agissait d’une procédure compliquée en Slovénie. Il a ainsi expliqué que le gouvernement slovène en débattra durant la session de jeudi prochain, et qu’ensuite il proposera probablement au Parlement d’engager la procédure de régulation.