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Politique étrangère et de défense
L’accord de stabilisation et d’association signé entre l’UE et la Serbie offre selon Jean Asselborn une véritable perspective européenne à Belgrade
29-04-2008


Javier Solana, Boris Tadic, Bozidar Djelik, Vuk JeremicLe 29 avril 2008, les ministres européens des Affaires étrangères, réunis en Conseil, ont signé avec la Serbie un Accord de stabilisation et d’association (ASA). Aux yeux des acteurs concernés, la signature de l’ASA, qui est le premier pas vers une adhésion de la Serbie à l’Union européenne, signifie "une avancée importante" dans les relations entre l’UE et les pays des Balkans occidentaux.

Les Pays-Bas et la Belgique, qui s’étaient jusqu’alors opposés à la signature de cet accord en raison des réticences de fait de la Serbie à coopérer pleinement avec le Tribunal international de La Haye, ont finalement accepté un compromis : l’accord n’aura pas d’effet avant qu’il n'y ait pas une coopération totale de Belgrade avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI).

En marge du Conseil, la Présidence slovène, le président de la Serbie, Boris Tadic et le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, ont commenté la signature de l’accord.

Javier Solana, Boris Tadic, Dimitrij Rupel, Olli RehnLa signature de l’accord entre l’Union européenne et la Serbie constitue une avancée importante dans les relations UE-Balkans occidentaux

Pour Dimitrij Rupel, qui préside actuellement le Conseil des Ministre des Affaires étrangères, l’Union européenne a envoyé "signal fort les citoyens serbes", par la signature de l’ASA. Il a estimé que l’UE et la Serbie sont prêtes à "suivre un chemin commun". Le ministre slovène a également indiqué que la Serbie jouira de tous les privilèges que l’accord prévoit, lorsque toutes les conditions de coopération, et notamment la pleine coopération avec le Tribunal international de La Haye, seront remplies. "Le futur européen de la Serbie est entre ses propres mains", a-t-il conclu.

Pour le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune Javier Solana,  la signature de l’ASA représente une "énorme satisfaction". D’après lui, il a œuvré une majeure partie de sa vie politique pour rapprocher la Serbie de l’Union européenne.

Pour Olli Rehn, commissaire européen en charge de l’élargissement, la signature de l’ASA n’est qu’un de plusieurs bons résultats du Conseil des Ministres des Affaires étrangères. La deuxième bonne nouvelle est pour lui la décision du Conseil des Ministres à signer un autre accord de stabilisation et d’association avec la Bosnie-Herzégovine, qui sera probablement signé lors du prochain Conseil des MAE le 16 mai 2008.

Boris Tadic : la Serbie respectera ses engagements, mais luttera aussi pour ses intérêts nationaux

Boris Tadic, le président de la Serbie, s’est également félicité de la signature de l’ASA. "J’attends désormais avec impatience la signature de l’accord avec la Bosnie-Herzégovine, de sorte à ce que toute la région des Balkans occidentaux soit liée à l’Union européenne", a-t-il expliqué devant les journalistes. Il a ensuite évoqué les avantages et les défis que l’accord de stabilisation et d’association impliqueront pour la Serbie.

Les avantages économiques d’abord. Boris Tadic espère que l’ouverture du marché européen à la Serbie se traduira rapidement par des investissements de grandes entreprises en Serbie, par plus de concurrence sur son marché national et par une baisse des prix alimentaires. Autre avantage : plus d’opportunités de voyage et d’éducation à l’étranger pour les jeunes générations serbes.

Défis politiques enfin. La Serbie devra dans les années à venir, améliorer ses capacités administratives, et développer une stratégie pour la lutte contre la corruption et la criminalité organisée. "Nous ferons en sorte que nous devenions un candidat en bonne et due forme", a insisté Boris Tadic, en annonçant que la Serbie prévoyait de déposer sa candidature pour devenir Etat membre de l’Union européenne avant la fin de l’année 2008. Il a cependant rappelé que la signature de l’ASA n’empêcherait pas la Serbie de lutter pour certains intérêts du pays, et surtout en ce qui concerne la déclaration d’indépendance du Kosovo.

Jean Asselborn : l’accord entre l’Union européenne et la Serbie n’est pas une campagne électorale, mais une invitation aux citoyens serbes 

Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, a également manifesté sa satisfaction et son soulagement concernant le compromis qui a pu être trouvé parmi les 27 Etats membres de l’Union européenne.

Jean Asselborn a résolument rejeté l’idée suggérée par la question d’un journaliste que la signature de l’accord serait une sorte de "campagne électorale" pour convaincre les citoyens serbes à voter pour les partis pro-européens lors des élections législatives qui se tiendront le 11 mai prochain. "Ce n’est pas une campagne électorale, mais un signal de bienvenue à la population serbe", a répliqué le ministre. Plus loin, il s’est dit convaincu que Boris Tadic fera tout pour obtenir la majorité au sein de son gouvernement pour mettre en œuvre l’accord d’association et de stabilisation.