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Développement et aide humanitaire
Jean-Louis Schiltz et la crise alimentaire : "Il faut repenser l’utilisation des biocarburants"
15-04-2008


Jean-Louis SchiltzLors d’une conférence de presse le 15 avril 2008, le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire,  Jean-Louis Schiltz, a pris position sur la crise alimentaire qui bouleverse actuellement les pays de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du Sud. "L’alimentation dans les pays du Sud nous préoccupe depuis longtemps", a lancé le ministre en début de la conférence, avant de se pencher sur les origines de la crise et les solutions à déployer à court et moyen terme.

Les origines de la crise alimentaire

Selon Jean-Louis Schiltz, les raisons de la hausse des prix de l’alimentation, et donc de la crise alimentaire dans les pays en voie de développement sont multiples: mauvaises récoltes, spéculations à la bourse, changement climatique, et une demande croissante de biocarburants.

Ensuite, le ministre a retracé les initiatives qui ont déjà été prises au niveau international pour pallier la crise: le 2 avril 2008, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont lancé un appel d’aide aux Etats afin qu’ils débloquent 500 millions de dollars. Un appel semblable avait déjà été lancé par le Programme alimentaire des Nations unies (PAM) le 20 mars 2008.

"Le Luxembourg était le premier pays à réagir à cet appel", a affirmé le ministre Schiltz.. "Le 28 mars, notre pays a versé une contribution de 500.000 euros au PAM, ce qui correspond à un euro par habitant luxembourgeois". Aux yeux du ministre, la contribution luxembourgeoise a fait fonction de catalyseur en incitant d’autres pays à répondre à l’appel. Selon Jean-Louis Schiltz, il suffirait que chaque Etat membre de l’Union européenne mette à disposition un euro par habitant pour que l’on puisse, en y ajoutant les 200 millions promis par les Etats-Unis, complètement couvrir les besoins. "Il ne faut pas seulement parler de solidarité, mais la pratiquer", a-t-il lancé.

Plus loin, le ministre a salué la décision du Conseil des ministres européens de l’Agriculture, qui s’est tenu les 14 et 15 avril 2008 à Luxembourg, de mettre à l’ordre du jour la question de la crise alimentaire. Il a par ailleurs assuré qu’il défendra ses positions lors du prochain Conseil des ministres européens de la Coopération.

"Il faut repenser l’utilisation des  biocarburants"

Au niveau des mesures à long terme, Jean-Louis Schiltz a relevé plusieurs points. Tout d’abord, il a estimé qu’il est indispensable de repenser la manière dont sont promus les biocarburants. "Il ne faut pas que la production des biocarburants se fasse au détriment des autres", a-t-il avancé, en ajoutant : "Je ne plaide pas pour une solution radicale, mais il ne faut que l’on en discute."

D’autres mesures à développer sont aux yeux du ministre un renforcement de l’agriculture des  pays en voie de développement, et cela de manière durable. Il faut également, selon lui, en finir avec l’exportation de produits agricoles subventionnés vers ces pays.

A signaler que le ministre Schiltz est le destinataire d’une lettre de 16 organisations de la société civile luxembourgeoise qui se montrent préoccupées par l’impact de la proposition de directive sur la promotion d’énergies renouvelables dans le cadre du paquet climat/énergie de la Commission européenne sur la sécurité alimentaire de millions de personnes, sur les conditions de travail et la situation des droits de l’homme dans les pays émergents et les pays en voie de développement. Ces organisations mettent aussi en doute  l’efficacité de l’utilisation des biocarburants dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas avérée. Elles soulignent aussi que la production de biocarburants peut conduire à la destruction d’écosystèmes naturels et contribue dans une large mesure à l’émission de gaz à effet de serre et au recul de la biodiversité.