L’agenda du Conseil européen des 19 et 20 juin 2008 fut un agenda chargé. Le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais et la flambée des prix du pétrole et des biens alimentaires l’ont largement dominé.
"L’Europe a su éviter un aggravement de la crise", tel fut le bilan que Jean-Claude Juncker a tiré du Conseil européen. Europaforum.lu a recueilli les principales déclarations du Premier ministre luxembourgeois dans le Wort, le Tageblatt, le Quotidien et la Voix du Luxembourg sur le "Non" irlandais, la cherté du pétrole et des aliments, le mécontentement de certains Etats membres avec la Commission européenne, et sur la nécessité à faire de l’Europe "une macro-région mondiale".
Dans une interview du Wort du 24 juin 2008, Jean-Claude Juncker a fait le bilan des négociations sur l’avenir du traité de Lisbonne après le "Nil" irlandais. Au-delà du fait qu’un aggravement de la crise a pu être évité, le Premier ministre luxembourgeois a jugé positif le fait qu’une division des 27 dans deux camps – ceux qui ont déjà ratifié et ceux qui ne l’ont pas encore – ait pu être évitée. Selon Juncker, il était toutefois trop tôt pour trouver la solution miracle lors du Conseil. "Sept jours après le référendum, il était simplement trop tôt pour esquisser une solution commune. L’Irlande et l’UE ont besoin de temps pour réfléchir", a-t-il souligné. Pour lui, c’est "le plutôt en octobre" (et donc au prochain Conseil européen) que l’on pourra faire une véritable analyse de la situation, et mettre sur pied un calendrier précis.
Juncker a confirmé que l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en janvier 2009 est désormais exclue. Il a espéré – bien qu’il en doute - que le traité pourra entrer en vigueur avant les élections européennes en juin 2009. D’après Juncker, l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne constitue également une condition primordiale aux futurs élargissements de l’Union européenne. "Sans nouveau traité, pas d’élargissement", a-t-il tranché.
Toujours dans les colonnes du Wort, Jean-Claude Juncker a commenté les négociations sur la cherté du pétrole et des biens alimentaires, qui furent également à l’ordre du jour du Conseil européen.
"Pour moi, ce débat fut le point le plus important à l’ordre du jour. L’Europe est ainsi retournée aux soucis et aux problèmes de ses citoyens", a insisté le Premier ministre. Afin de soulager la charge de ceux qui souffrent le plus sous la cherté des prix, il a plaidé pour l’instauration d’un arsenal d’outils qui combine des éléments européens et nationaux. Aux yeux de Juncker, il convient de tabler davantage sur des mesures à long terme, que sur des mesures d’urgence, car "la logique de la pauvreté n’est pas un phénomène passager". "L’Europe doit agir", a-t-il conclu.
Lors du Conseil européen, les chefs d’Etats et de gouvernements ont notamment attribué la mission à la Présidence française du deuxième semestre 2008 d’examiner, pour le prochain Conseil européen des 15 et 16 octobre 2008, d’élaborer un catalogue de mesures destinées à faire face à la cherté des prix de pétrole et des biens alimentaires.
D’après le quotidien luxembourgeois Tageblatt, le Conseil européen a également exhorté la Commission à faire des propositions comment les spéculations sur les marchés alimentaires et pétroliers pourraient être endiguées. "Les propositions doivent concerner les spéculations alimentaires, qui dépassent les spéculations ordinaires du marché", a expliqué Juncker au Tageblatt.
Dans les colonnes de la Voix du Luxembourg et du Quotidien, Jean-Claude Juncker a pris la défense de la Commission européenne. Certains Etats membres, dont la France et l’Italie en particulier, avaient reproché à la Commission d’avoir favorisé la victoire du "Non" irlandais au traité de Lisbonne.
"La responsabilité de la crise actuelle est celle de tous", a déclaré Juncker à la Voix. D’après lui, la véritable crise réside dans la séparation de l’Europe en deux camps, "la moitié des citoyens européens réclamant plus d’Europe, l’autre estimant qu’il y a assez ou trop d’Europe". A ses yeux, la Commission européenne, qui n’arrête pas de faire des propositions pour maîtriser la flambée des prix de pétrole et des aliments, se trouve souvent freinée par les Etats membres "qui préfèrent l’inaction."
Au Quotidien, Jean-Claude Juncker a jugé qu’"en visant la Commission, on vise en fait l’Europe. Il est facile de dire, comme si les gouvernants ne gouvernaient pas, que la Commission est responsable de tous les maux".
Au cours de sa déclaration à l’occasion de la Fête nationale du 23 juin 2008, Jean-Claude Juncker a également mentionné les événements européens récents. "L’Union européenne a de nouveau glissé dans une crise, dont elle aura des difficultés à ressortir. Mais nous devons avancer en Europe et avec l’Europe", a souligné le Premier ministre. Etant donné que la population européenne ne représentera plus que 9 % de la population mondiale en 2025, il a plaidé pour une Union européenne qui devienne une "macro-région au niveau mondial", au lieu de se décomposer en des parties de plus en plus petites. "Sinon, l’Europe perdra son influence et sa force. Ce n’est pas bon pour le monde, ce n’est pas bon pour l’Europe, et ce n’est pas bon pour les Luxembourgeois", a-t-il conclu.