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Elections européennes - Opinion
Eurobaromètre spécial sur les élections européennes : Les Européens, très inquiets à cause de la situation économique, veulent que des candidats qui ont une expérience européenne leur proposent des solutions concrètes à la crise
23-09-2008


Affiche de l'Eurobaromètre spécial " les élections européennes"Le 23 septembre 2008 vient de paraître le rapport sur l’Eurobaromètre spécial sur les élections européennes.

Plus d’un an avant les élections européennes de juin 2009, cette enquête Eurobaromètre Spécial porte sur les attentes des Européens à leur égard. Elle a été commandée par la Direction générale Communication de la Commission européenne pour le compte du Parlement européen et réalisée par TNS Opinion & Social.

L’enquête

Cette enquête tente d'en saisir les principaux enjeux et d’analyser les thèmes qui seront - probablement - amenés à jouer un rôle important pendant la campagne électorale.

L’Eurobaromètre Standard 69 avait déjà mis à jour certains changements importants de l’opinion publique européenne.

Ces changements peuvent être attribués selon les auteurs du rapport "à la morosité ambiante résultant de la conjoncture économique défavorable." Ils ajoutent : "La forte inquiétude concernant la situation économique a un impact significatif sur la plupart des indicateurs de l’Eurobaromètre. Le Parlement européen est légèrement touché par cette baisse générale, mais demeure néanmoins l’institution dans laquelle les Européens ont le plus confiance, avec un score de 52 %. (Voir les premiers résultats de l’Eurobaromètre Standard 69)

Dans ce contexte difficile, les élections européennes semblent encore très lointaines pour l’opinion publique préoccupée par des problèmes économiques immédiats. Les Européens se sont, en effet, montrés enclins à placer leurs préoccupations économiques au centre de la campagne électorale.

Une des questions centrales de l’enquête Eurobaromètre spécial sur les élections européennes est donc de déterminer si ces élections seront vraiment européennes ou si elles ne seront qu’une addition de vingt-sept élections nationales différentes.

Le contexte institutionnel

Entre le 4 et le 7 Juin 2009, les 492 millions de citoyens de l’Union européenne éliront pour la septième fois leurs représentants au Parlement européen, qui fêtera à cette occasion les trente ans de son élection au suffrage universel direct.

Au Luxembourg, ce sera le 7 juin 2009, et les électeurs du Luxembourg, d’une part les citoyens luxembourgeois pour qui le vote est obligatoire, et les citoyens résidents ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne et inscrits sur les listes électorales éliront 6 députés européens sur les vraisemblablement 736 élus qui composeront le prochain Parlement européen.  

En effet, suite au "non" au traité de Lisbonne par les Irlandais, les réformes institutionnelles dont celle relative à l'élection de 751 députés sont suspendues. Si la situation devait rester en l'état, le scrutin serait organisé selon le traité de Nice, selon lequel le Parlement européen est composé de 736 membres.

Le Parlement européen est la seule institution européenne directement élue. Ses pouvoirs ont évolué au fil des ans et des traités. En mars 1958, lors de la mise en place des institutions européennes, il hérita des compétences de l'Assemblée de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). Dotée de compétences essentiellement consultatives, l'Assemblée Européenne n'en disposait pas moins d'un important pouvoir politique, celui de voter une motion de censure contre l'exécutif européen.

Ses membres étaient alors désignés par les parlements nationaux. Ils prônèrent immédiatement le principe de leur élection au suffrage universel direct. Lors de la conférence de Paris des 9 et 10 décembre 1974, les chefs d’Etat et de Gouvernement adhèrent à ce principe essentiel sur la voie de la démocratie européenne. C'est le 20 décembre 1976 à Bruxelles qu'est signé l'acte portant sur l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct. Après ratification par tous les Etats membres, il entre en vigueur le 1er janvier 1978.

Les 7 et 10 juin 1979, les premières élections européennes ont lieu dans les neuf Etats membres qui composent alors la Communauté économique européenne (CEE).

Renforcé dans sa légitimité, le Parlement a mené de haute lutte ses combats budgétaires, législatifs et politiques. Il est aujourd'hui co-autorité budgétaire avec le Conseil des ministres.

C’est le président du Parlement qui arrête le budget de l’Union européenne. Dans la très grande majorité des cas, il partage le pouvoir législatif avec le Conseil. Les Présidents des deux institutions signent conjointement les actes législatifs. Enfin, sur le plan politique, il accorde, ou non, sa confiance à la Commission européenne à l'occasion de son renouvellement qui a lieu tous les 5 ans.

Les dernières élections européennes ont eu lieu en juin 2004 : 350 millions d’électeurs répartis dans vingt-cinq Etats membres étaient appelés à désigner 732 députés. Un mois auparavant l'Union européenne s'était élargie à dix nouveaux Etats membres. Lors de ce scrutin, le taux de participation s'est élevé à 47,63 % alors qu'il était de 49,51 % en 1999 et de 62 % en 1979.

En janvier 2007, la Bulgarie et la Roumanie sont à leur tour entrées dans l’UE. Dans la foulée, elles ont tenu des élections directes avec un taux de participation avoisinant les 30 %.

Les axes d’analyse des résultats de l’enquête

Le rapport sur l’enquête analyse les résultats de cette enquête en explorant quatre axes :

  1. l'évaluation de l’intérêt des citoyens européens pour les élections européennes
  2. la probabilité du vote à ces élections
  3. les critères de vote des Européens pour les élections de 2009
  4. les thèmes que les Européens souhaitent mettre au centre de la campagne électorale.

Une synthèse conclusive tente de mettre en perspective les principaux enseignements de la recherche.

L’intérêt des citoyens européens pour les élections européennes

Un critère pour définir l’intérêt des citoyens est la connaissance de la date des prochaines élections. Seulement 4 % des Européens connaissent la date précise des élections (27 % des Luxembourgeois), 16 % savent qu’elles vont avoir lieu en 2009 (43 % des Luxembourgeois, mais 75 % des citoyens européens (53 % au Luxembourg) ne peuvent pas répondre à cette question.

La date exacte des élections européennes a ensuite été donnée aux répondants auxquels on a demandé s’ils étaient intéressés par cet événement politique. 46 % des Européens, 60 % des électeurs du Luxembourg, se déclarent ainsi intéressés par ces élections contre 51 % (37 % au Luxembourg) qui se déclarent non intéressés, et 3 % qui ne savent pas.

Tout cela démontre selon les auteurs du rapport "globalement une faible sensibilisation de la population européenne à cet événement."

La probabilité du vote

Il a ensuite été demandé aux Européens de situer sur une échelle de 1 à 10 la probabilité qu’ils se rendent aux urnes en juin 2009. Près de 30 % des Européens ont répondu "10", c’est-à-dire qu’ils étaient tout à fait certains d’aller voter et 14 % ont répondu "1", c’est-à-dire qu’ils étaient certains de ne pas se rendre aux urnes.

Les auteurs du rapport mettent à ce sujet en garde : "Toutefois, il ne faut en aucun cas déduire de ces données un quelconque taux de participation : à plus d’un an du scrutin, ces résultats n’indiquent qu’une première tendance. En effet, nous sommes ici dans une logique d’opinion et non dans un contexte électoral. Cette question renforce simplement le constat que les élections européennes de 2009 ne sont pas actuellement au cœur des débats et qu’elles ne font pas, ou en tout cas pas encore, partie des préoccupations premières des Européens."

Ceci dit, les pays ne se ressemblent pas, et une majorité absolue de répondants est tout à fait certaine d’aller voter au Luxembourg (68 %), au Danemark (59 %), en Belgique (58 %) et à Chypre (51 %). "Il faut, néanmoins, rappeler que le vote est obligatoire au Luxembourg et en Belgique", ajoutent cependant les auteurs du rapport. En Allemagne, 40 % des personnes interrogées sont certaines d’aller voter, et 45 % en France, un taux élevé qui la place au 7e rang.

Dans leurs conclusions, les auteurs du rapport disent que dans le contexte actuel "il n’est pas possible de déterminer un quelconque taux de participation pour le scrutin de juin prochain."

Le rapport dégage quatre raisons principales de ne pas se déplacer :

  • le manque d’information,
  • le manque d’intérêt pour la politique,
  • le sentiment d’éloignement des citoyens à l’égard du Parlement européen et
  • le sentiment que le vote ne changera rien.

Pour les auteurs du rapport, "les trois premiers éléments seront décisifs dans l’établissement du taux de participation. S'ils sont pris en compte dès aujourd’hui par les candidats, les partis politiques et les institutions européennes, ils sont à même de modifier le futur comportement électoral des Européens."

Les critères de vote des Européens pour les élections de 2009

Le premier critère de vote cité est l’expérience du candidat en matière d’affaires européennes : 40 % des répondants donnent cette réponse (59 % au Luxembourg). Ensuite les répondants citent à 37 % (seulement 27 % au Luxembourg) les prises de position des candidats sur les enjeux nationaux et 36 % (43 % au Luxembourg) les prises de position des candidats sur les enjeux européens. Ensuite, 30 % des Européens (mais 37 % au Luxembourg) évoquent la personnalité des candidats et les prises de position des partis des candidats. Enfin, 29 % des répondants citent l’expérience des candidats au niveau national, et 17 % (21 % au Luxembourg) leur notoriété.

Le rapport met en évidence que les répondants considèrent que les enjeux nationaux et les enjeux européens auront quasiment la même importance dans leurs choix pour les prochaines élections européennes.

Les prises de position des candidats sur les enjeux nationaux et les prises de position des candidats sur les enjeux européens sont, en effet, citées dans des proportions similaires, respectivement 37 % et 36 % comme des facteurs influençant leurs choix.

Les prises de position des candidats sur les enjeux européens arrivent, cependant, devant les enjeux nationaux dans cinq des six Etats fondateurs de l’Europe : aux Pays-Bas (54 % citent les enjeux européens, devant les enjeux nationaux 42 %), en Belgique (46 % contre 39 %), en France (45 % contre 41 %), au Luxembourg (43 % contre 27 %) et en Allemagne (43 % contre 35 %). En Italie, les répondants sont partagés sur ce sujet citant à 32 % ces deux items. "Il est intéressant de noter que dans les pays ayant une longue tradition de la vie politique européenne la logique européenne prévaut sur la logique nationale", commentent les auteurs du rapport.

A scrutin européen, expérience européenne : c’est le raisonnement d’une majorité d’interviewés, qui privilégient l’expérience des candidats au niveau européen par rapport à l’expérience au niveau national au moment de décider pour quel candidat ils vont voter.

Ainsi, l’expérience des candidats en matière d’affaires européennes est citée par une majorité absolue de répondants dans huit Etats membres : en Suède (60 %), au Luxembourg (59 %), en Slovénie (59 %), en Finlande (57 %), en Grèce (55 %), à Chypre (54 %), au Danemark (54 %) et en Estonie (52 %).

Dans ces huit pays, l’expérience du candidat en matière d’affaires européennes prévaut largement sur l’expérience des candidats au niveau national : l’écart entre ces deux items est carrément de +30 points au Luxembourg, et va pour les autres de +22 points en Suède (60 % pour 38 % qui citent l’expérience des candidats au niveau national) à +11 points à Chypre (54% pour 43%).

Une des conclusions des auteurs reste néanmoins : "Si nous observons, de manière assez nette, l’existence d’une sphère politique européenne, les enjeux européens restent aussi importants que les enjeux nationaux dans l’esprit des citoyens."

Les thèmes que les Européens souhaitent mettre au centre de la campagne électorale

Les Européens souhaitent globalement voir les questions économiques dominer la campagne. Dans un contexte économique difficile, ils souhaitent voir le chômage (47 % en UE, 57 % au Luxembourg), la croissance économique (45 % en UE, mais seulement 37 % au Luxembourg) et l’inflation (41 % en UE, 55 % au Luxembourg) occuper une place centrale dans les débats.

Ensuite viennent les thèmes liés à des phénomènes mondiaux et relevant de la sécurité qui apparaissent en deuxième position dans les réponses des Européens dans une fourchette allant de 30 % à 37 %. Ainsi plus de 30% des répondants citent l’insécurité (37 % en UE, mais seulement 24 % au Luxembourg), le terrorisme (35 % en UE et 31 % au Luxembourg), la lutte contre le changement climatique (33 % en UE, mais 52 % au Luxembourg, où elle est le 3e sujet de préoccupation) et l’immigration (32 % en UE et 26 % au Luxembourg)

Il est frappant d'observer que les Européens citent seulement en troisième position des thèmes directement liés à l’Union européenne et ce, dans une fourchette qui ne dépasse pas les 20%.

17 % citent la monnaie unique (10 % au Luxembourg habitué aux unions monétaires), 17 % l’agriculture (13 % au Luxembourg) et 15 % (22 % au Luxembourg qui est très présent dans la politique européenne) le rôle de l’Union européenne sur la scène internationale.

Enfin, le maintien du modèle social européen (20 % au Luxembourg, où les modèle social est un élément-clé du débat politique), les pouvoirs et compétences des institutions européennes et l’identité et les valeurs européennes arrivent en fin de tableau, cités chacun par 12% des Européens.

Conclusions

Les auteurs du rapport en viennent donc à émettre l’hypothèse suivante : "Si l’opinion publique européenne reconnaît l’existence d’un espace politique européen, les logiques politiques nationales semblent toujours le concurrencer. Les différences des thèmes de campagne par pays et l’importance des enjeux nationaux dans les critères de vote donnent l’image d’un espace politique commun mais morcelé."

Et ils affirment : "Les Européens souhaitent voir des problèmes économiques concrets être mis au centre de la campagne électorale européenne de 2009. Seule une amélioration très nette de la situation économique pourrait modifier la hiérarchie des thèmes que les Européens souhaitent voir mis en avant dans la campagne."

Conclusion : "Les deux enjeux principaux des élections européennes de 2009 seront l’information des citoyens européens sur le rôle du Parlement européen et la capacité des candidats à proposer des solutions concrètes au niveau européen à la crise économique."