Le 26 septembre 2008, la Fête des frontaliers s'est déroulée pour la première fois dans la ville de Luxembourg. La f'ête, qui a été placée sous le slogan "Travailler ensemble, faire la fête ensemble, vivre ensemble" a été organisée par le Ministère de la Culture, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche conjointement avec le Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster et la Ville de Luxembourg dans le cadre de l'Anné européenne du dialogue interculturel. Helminger, Sabine Reichrath, Octavie Modert ont tous tenu à se féliciter de cette première édition de la Fête des frontaliers et ont insisté sur l'importance de renforcer les liens entre les 140 000 frontaliers et le Luxembourg.

Dans son allocution d'ouverture, Claude Frisoni s'est réjoui de la fête des frontaliers, tout en exprimant l'espoir que cette première édition de la f'ête des frontaliers sera suivie par d'autres. Le directeur de l'Abbaye de Neumünster était conscient qu'il ne serait pas aisé de rassembler les frontaliers dans un seul lieu. Mais malgré l'improvisation, il a expliqué que la fête des frontaliers a eu des échos très positifs. Il a également souligné l'importance d'une telle fête pour le Luxembourg où cette tranche de la population contribue à la richesse du pays. "C'est un socle sur lequel on peut continuer à construire", a-t-il ajouté.

Le bourgmestre de la ville du Luxembourg Paul Helminger a souligné la nécessité pour Luxembourg, ville où 60 % de la population ne dispose pas d'un passeport luxembourgeois et où 30 % de la population présente au cours de la journée vient des pays limitrophes, d'impliquer davantage "ceux qui viennent chez nous". Il a espéré que cette fête implique davantage les frontaliers dans la vie sociale du Luxembourg et contribue à ce que les relations entre Luxembourgeois et frontaliers ne se limitent plus uniquement à "une relation de travail".

Dr. Susanne Reichrath, la Secrétaire d'Etat au Ministère de l'Education, de la Famille, des Femmes et de la Culture de la Sarre, a estimé que la Grande Région, un territoire qui englobe quatre nationalités différentes, 11,2 millions d'habitants et où les populations parlent trois langues différentes, pose un énorme défi à tous. Cet espace reflète selon elle certes des caractéristiques culturelles communes. Mais des efforts supplémentaires doivent encore être consentis pour développer davantage les relations entre les différentes régions. D'après Reichrath, des projets comme par exemple plurio.net, le lycée germano-luxembourgeois Schengen, ou encore l'Année européenne de la Culture Luxembourg et Grande Région sont des iniatives importantes qui permettent de promouvoir la coopération transfrontalière entre les régions.

Pour Octavie Modert, il importait surtout de créer une plate-forme de rencontre et de dialogue pour les frontaliers et les citoyens du Luxembourg, un espace de dialogue hors du milieu professionel. "Nous sommes tous des frontaliers les uns vis-à-vis des autres", a souligné la secrétaire d'Etat à la Culture. Pour elle, l'Année européenne du dialogue interculturel était l'occasion exemplaire pour organiser la première fête des frontaliers.

Le programme de la fête combinait un côté "informatif" avec un côté culturel. Dans l'agora de Neumünster, nombre d'associations et syndicats luxembourgeois et transfrontaliers avaient monté leurs stands et ne comptaient pas leurs peines pour renseigner les intéressés. Les frontaliers et les autres visiteurs s'arrêtaient ici ou là pour récolter des information sur les associations représentées. Au programme culturel figuraient des présentations d'Mergenthaler & Le Chapelier Fou  de Euregio Jazz Band, de Sharko, et de Klee. Comme d'habitude, André Mergenthaler a su captiver les spectateurs par son jeu de violon inhabituel et impressionnant.

L'atmosphère qui régnait dans l'agora de l'Abbaye de Neumünster était très détendue et chaleureuse. Sur le parvis de l'abbaye, diverses spécialités culinaires attendaient les visiteurs qui avaient été préparées par des associations, comme par exemple "Go For Lunch", un service de l'Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés (ASTI).

La fête des frontaliers fut moins bien visitée que les organisateurs l'avaient escompté.  Si cela était dû à une campagne publicitaire qui laissait à désirer ou à un manque d'intérêt de la part des frontaliers, Europaforum.lu n'a pas réussi à le savoir. Il faut pourtant noter que de plus en plus de jeunes sont arrivés en grand nombre à une heure avancée, lorsque les concerts commençaient. Les opinions sur la réussite divergeaient fortement. Fabienne par exemple, frontalière de Hettange-Grande, n'était pas vraiment convaincue de l'initiative. Elle s'est montrée déçue et a surtout critiqué "le côté un peu trop improvisé et factice de la soirée", qui selon elle avait pourtant le mérite d'avoir montré la bonne volonté des responsables politiques pour rapprocher les cultures qui se côtoient sur le territoire luxembourgeois.

Tout autre son de cloche de la part de Nadja, une jeune frontalière d'origine allemande, qui vit à Trèves et travaille dans une étude d'avocats. "C'est par hasard que j'ai entendu de la Fête des frontaliers, et avec une collègue de travail, on a décidé de venir faire un tour", nous a-t-elle expliqué. Aux yeux de Nadja, la fête des frontaliers est une très bonne idée, car elle permet de mettre en contact luxembourgeois et frontaliers. "Dans mon étude, nous sommes beaucoup de frontaliers, donc le contact avec les Luxembourgeois est assez limité. En plus, pendant les heures de bureau, nous sommes très occupés et nous n'avons pas beaucoup de temps pour développer des relations humaines", a-t-elle confié.