La deuxième édition du Festival européen des 4 écrans s’est déroulée à Paris du 14 au 16 novembre 2008. Il a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les enceintes de la Bibliothèque François Mitterrand. En 2008, le festival fut organisé sous la tutelle de la saison culturelle de la Présidence française de l'Union européenne. Pendant trois jours, amateurs du cinéma et du film avaient l’occasion de participer à un foisonnement de débats, de conférences, de rencontres, et bien sûr aux projections des films sélectionnés. Europaforum.lu a assisté à l’événement. Petit tour de salle.

Environ 200 films provenant de 13 pays européens concourraient dans trois compétitions différentes dans cette deuxième édition des 4 écrans : la sélection ciné-télé, la sélection net-mobile, et la sélection phone-reporters. Les longs-métrages ont été projetés dans les salles de cinéma de la bibliothèque. Les films Internet et les reportages mobiles étaient disponibles en permanence sur des bornes interactives tout au long du festival. Long métrages, vidéos Internet qui duraient une minute à peine ou deux, documentaires destinés à la diffusion par la télévision : il y en avait pour tous les goûts. Et le concept fonctionne. "Entre la première édition et la deuxième, nous avons su tripler notre audience", s’est félicité Hervé Chabalier, le délégué général du festival.

Les films sélectionnés par les organisateurs du festival témoignent d’une grande diversité. Diversité de contextes, diversité de langues, diversité de cultures, diversité de sujets. La dimension européenne du festival fut par ailleurs très importante aux yeux de ses organisateurs. Au-delà de leur diversité, les œuvres sélectionnées ont pourtant toutes une chose en commun : ce sont toutes des représentations d’histoires réelles, des retranscriptions et interprétations artistiques de problèmes sociaux qui traversent l’Europe du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. La fiction artistique se met ainsi au service du réel, qu’elle tente de recréer de manière fidèle.

Un long-métrage particulièrement émouvant et frappant fut le film "Last bus stop" de Zsuzsua Böszörményi et de Kai Salimen. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le village de Szelmenc est coupé en deux par une frontière qui sépare aujourd’hui la Slovaquie de l’Ukraine, et donc l’Union européenne du restant de l’Europe. Les familles du village, qui appartiennent à une minorité hongroise, peuvent uniquement s’entrevoir à travers des barbelés. Un jour, après de multiples démarches et à la surprise de tous, un poste de frontière est installé. Dans une région où 90 % de la population est frappée par le chômage et la pauvreté, l’ouverture de la frontière devient synonyme d’espoir, de changement, peut-être de développement économique. Mais cet espoir n’allait pas durer longtemps. Si les Slovaques, munis d’un visa, ont le droit de franchir la frontière, les Ukrainiens doivent rester de leur côté. Le village reste séparé jusqu’à aujourd’hui. Les responsables politiques n’ont pas encore su trouver une réponse au problème, ni au niveau européen, ni au niveau de l’ONU. Le film impressionne par sa simplicité d’images, son rythme lent et calme, et par sa sobriété.

"The Class", le grand gagnant du festival

Dans le cadre du festival, trois prix différents furent attribués parmi les films sélectionnés. Pour la première fois, les organisateurs ont décidé de décerner également un prix aux films d’amateurs pour la téléphonie mobile. Cette pratique devient en effet de plus en plus courante de nos jours. Et, comme l'a bien remarqué un membre du jury, "elle peut compléter le travail journalistique là où les journalistes n’ont pas pu être sur place au bon moment".

Le film "The Class" fut le grand gagnant de l’édition 2008. Ce long-métrage du réalisateur estonien Ilmar Raag a remporté 3 prix : le prix jeunes, le prix du Jury jeune, le prix "Ecran d’Argent Ciné-Télé", et le Grand Prix "Festival des 4 Ecrans". The Class, c’est l’histoire du jeune élève estonien Kaspa, qui prend un jour la défense de Joosep, un de ses copains de classe, un garçon réservé qui brutalisé par les autres élèves. La révolution soudaine de Kaspar déclenche la colère de ses amis, il est mis au ban de la classe. "Ce n’est pas moi qui a gagné ce prix, ce sont ces jeunes qui m’ont raconté leurs histoires, leur vie de tous les jours qui ont mérité le prix", a avancé un réalisateur visiblement ému.