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Traités et Affaires institutionnelles
José Manuel Barroso devant la Chambre des députés luxembourgeoise
De la crise financière à la relance, José Manuel Barroso retrace les mesures lancées par la Commission européenne
04-12-2008


José Manuel BarrosoLe 4 décembre 2008, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est intervenu devant la Chambre des Députés réunie en séance plénière.

L’Europe peut être aussi bien un choix de la raison que du cœur

Dans son intervention, José Manuel Barroso a d’emblée mis en exergue l’ancrage européen du Luxembourg, un pays "qui se situe au cœur de l’Europe" et qui a posé "avec la Belgique et les Pays-Bas le premier embryon d’Europe : l’Union douanière du Benelux ". En se référant à une citation empruntée à son prédécesseur à la Commission européenne, Gaston Thorn, José Manuel Barroso a montré que l’adhésion du Luxembourg à l’Europe relevait avant tout d’un choix vital. Au Portugal, par contre, un pays soumis à la dictature de Salazar, l’Europe était synonyme "d 'idéalisme, de liberté et de démocratie". Ces deux exemples de pays européens sont la preuve pour le Président de la Commission européenne que "l’Europe peut être aussi bien un choix de la raison que du cœur".

José Manuel Barroso a souligné l’importance du prochain Conseil européen qui "constitue une échéance décisive pour l’Europe parce qu’il dressera l’état des lieux du processus de ratification du traité de Lisbonne, lequel constituera une avancée pour la subsidiarité et la démocratie européenne". Dans ce contexte, il a salué que le Cours suprême tchèque ait déclaré le traité conforme à la Constitution du pays. D’autres décisions importantes qui seront pris au Conseil portent sur le plan de relance de la Commission et le paquet énergie/climat.

Au niveau mondial, l’UE a selon Barroso joué "un rôle de locomotive". Il a notamment fait référence à l'initiative de l’UE au G 20 "qui a fait émerger le consensus entre les Etats sur la nécessité d'apporter une réponse mondiale à une crise mondiale". Selon Barroso, c’était également la Commission européenne qui a présenté la première ébauche de plan pour gérer la crise des marchés financiers et pour s'atteler aux défis économiques. Le président de la Commission européenne a insisté sur la capacité de l’Europe "de se mettre d’accord sur une réponse coordonnée". Il a rendu hommage au Président français Nicolas Sarkozy et au Président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker " qui ont été un formidable soutien dans cette situation".

José Manuell Barroso a livré ses réflexions sur l’architecture institutionnelle de l’UE et l’équilibre de pouvoirs qui existent entre les institutions en soulignant "qu’une présidence forte du Conseil européen ne réduit en aucun cas le rôle d’une Commission forte ». Le rôle de la Commission "est d’assurer la continuité et la cohérence stratégique de l’UE", de " garantir l’équité entre les Etats membres " et de défendre l'intérêt général européen.

Ensuite il a  expliqué les mesures du plan de relance que la Commission a présenté le 26 novembre 2008 et qui prévoit des mesures à la fois économiques et sociales.

"A une crise exceptionnelle il fallait apporter des moyens exceptionnels", a résumé Barroso avant de passer en revue les différentes initiatives européennes face à la crise financière et économique. Le plan de relance prévoit des mesures budgétaires coordonnées d’un montant d’environ 200 milliards d’euros et agit selon lui à tous les niveaux : le budgétaire, le réglementaire, le structurel. Il prévoit des réformes structurelles ambitieuses adaptées aux besoins de chaque Etat membre et représente selon Barroso un bon "équilibre" pour des Etats membres qui présentent des situations économiques parfois très disparates.

Transformer la crise en tremplin pour l'avenir à plus long terme

José Manuel BarrosoLa Commission suggère aux Etats membres d’investir dans les infrastructures et les nouvelles technologies. "Investir intelligemment ne signifie pas arroser", a détaillé Barroso. L’objectif est "que le plan de relance européen soit assez ambitieux et audacieux pour avoir un effet à court terme, mais en même temps assez stratégique et durable pour transformer la crise en tremplin pour l'avenir à plus long terme",a-t-il expliqué. Barroso a toutefois insisté que la Commission reste la gardienne des traités et veille à ce que les Etats membres respectent le Pacte de stabilité et de croissance. Parallèlement, il a estimé que les Etats membres doivent accélérer les réformes structurelles de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi

L’ensemble de ces événements montrent selon Barroso "que notre chance de réussite, c’est l’Europe.  Plus nous serons solidaires dans la crise, plus nous le serons dans la sortie de crise." La crise économique est un test pour l’Europe dont elle peut sortir renforcée.

Le débat

L’intervention du président de la Commission était suivie d’une séance de questions et réponses avec les députés. Michel Wolter du CSV voulait savoir si les mesures prévues par le plan de relance étaient suffisantes pour contrer la crise financière et si la Commission avait prévu des mesures d’encadrement supplémentaires. José Manuel Barroso s’est abstenu de faire des pronostics de la situation vu que "la situation financière actuelle est très volatile". Il a cependant expliqué que la Commission ferait un suivi régulier et allait opérer des ajustements si cela s’avérait nécessaire. 

Le traité de Lisbonne prévoit la création d’un président stable du Conseil européen et d’un poste de haut représentant pour les Affaires étrangères. Ben Fayot, du LSAP a estimé que ces postes pourraient concurrencer les autres institutions européennes et pourraient diminuer le pouvoir de la Commission européenne. Les préoccupations de Fayot furent partagées par José Manuel Barroso. Comme Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission s’était exprimé contre la création d’un tel poste parce qu’il y voyait un moyen de réduire " le rôle communautaire". C’est pourquoi des négociations ont eu lieu pour équilibrer les pouvoirs des différentes instances communautaires. Le président de la Commission européenne a salué l’idée "d’une présidence stable du Conseil européen" en estimant "qu’il n’est pas normal qu’une institution change son président tous les six mois". Quant à la personnalité de ce président, Barroso "a estimé qu’il doit faire preuve d’un engagement européen et ne pas être souverainiste".

Colette Flesch du DP a interrogé Barroso sur les mesures fiscales que la Commission européenne entend prendre pour favoriser l’économie tandis que François Bausch des Verts a pointé la politique de libéralisation qui a été pratiquée par la Commission dans de nombreux domaines. Barrosoa estimé que c’était là une analyse caricaturale. "La Commission a pour objectif la défense du marché et pour cela on ne peut pratiquer de protectionnisme", a-t-il conclu.