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Énergie - Environnement
Lucien Lux à propos de l’accord du Conseil européen sur le paquet climat/énergie : "Nous avons pu trouver le meilleur compromis possible"
15-12-2008


Le 11 et le 12 décembre 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont trouvé un accord sur le paquet climat/énergie qui veut faire de l’Union un des précurseurs en matière de lutte contre le changement climatique. Le consensus trouvé à Bruxelles est un bon consensus qui donne à espérer, a jugé Lucien Lux, le ministre luxembourgeois de l’Environnement luxembourgeois.

Le 15 décembre 2008, le ministre a commenté devant la presse l’accord obtenu au Conseil européen, ainsi que ses implications pour le Luxembourg. Le ministre a également saisi l’occasion pour faire le point sur la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a eu lieu entre le 1er et le 12 décembre 2008 à Poznań en Pologne.

Lucien Lux a considéré que "la semaine dernière fut une bonne semaine pour le changement climatique". Selon lui, l’on a enfin pu avancer "après maints moments de recul". "Au niveau de l’Union européenne, nous avons obtenu le meilleur compromis possible. Au niveau de l’ONU nous avons fait l’essentiel en vue de préparer le chemin pour un accord multilatéral à Copenhague", a souligné le ministre. Il s’est surtout montré heureux du fait que pour la première fois dans l’histoire de la lutte contre le changement climatique, "il y a un consensus sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre".

Le paquet climat/énergie et les efforts à fournir par le Luxembourg

Que prévoit le paquet climat/énergie ? L’objectif principal est de réduire d’ici à 2020 les émissions de CO2 de 20 % dans l’ensemble de l’Union européenne. Cet objectif doit être atteint moyennant des économies d’énergie, la promotion des énergies renouvelables – dont la part devra augmenter à 20 % jusqu’en 2020, et l’amélioration de l’efficacité énergétique de 20 %. 

Quelles sont les conséquences concrètes pour le Luxembourg qui découlent de cet accord ? Avec le Danemark et l’Irlande, le Luxembourg figure parmi les Etats membres qui devront faire le plus grand effort de réduction de CO2 : il devra réduire ses émissions de CO2 de 20 % jusqu’en 2020. En 2005, année de référence pour les efforts à accomplir, le Luxembourg avait émis 13,3 millions de tonnes de CO2, dont 10,7 millions dus aux secteurs non-ETS (le secteur ETS sont les industries soumises au système d’achat de quotas de pollution, n.d.l.r.), comme le transport ou le secteur de la construction. Entre 2013 et 2020, le Grand-Duché devra réduire ces émissions de 2,15 millions de tonnes pour atteindre un plafond maximal de 8,5 millions de tonnes.

Lucien Lux a surtout attiré l’attention sur les mécanismes de flexibilité qui sont prévus dans le paquet. Chaque Etat membre pourra par exemple accomplir 3 % de son objectif national par l’investissement dans des projets d’énergies renouvelables dans des pays en voie de développement. De même, un Etat membre qui n’a pas utilisé tous ces droits d’émission (c’est-à-dire qui a fait plus d’efforts que nécessaires), pourra revendre les droits à d’autres pays. Un autre mécanisme de flexibilité, qui a été, selon Lucien Lux, fortement soutenu par le Luxembourg, permet aux Etats membres d’investir 1 % supplémentaire dans des pays les moins avancés du monde. Pour pouvoir bénéficier de ce mécanisme supplémentaire, un Etat membre doit remplir certaines conditions, comme par exemple que le coût direct du paquet soit supérieur à 0,75 % de son PIB, ou que les émissions du secteur des transports constituent plus de 50 % des émissions totales (du secteur non-ETS). Le Luxembourg tombe dans la catégorie de ces pays.

Le paquet présente une grande opportunité pour le Luxembourg

Aux yeux de Lucien Lux, le paquet climat/énergie présente une grande opportunité pour le Luxembourg, "pour mener une politique d’efficacité énergétique, pour créer de nouveaux emplois et pour mettre en place une politique des transports rigide". Il a reconnu que le Luxembourg se trouvait "dans une situation très spécifique", étant donné que le tourisme à la pompe représente 50 % des émissions de CO2 du secteur non-ETS au Luxembourg. D’après lui, cette spécificité ne devra cependant pas servir d’excuse pour ne pas réaliser des efforts au niveau national. Le ministre s’est même fortement engagé pour que le Luxembourg réalise "la moitié de ses réductions sur le plan national". "C’est pour le Luxembourg une responsabilité politique, morale et éthique. Un remake de 1997 (moment de la signature du protocole de Kyoto, n.d.l.r.) est indiscutable", a-t-il insisté. Le protocole de Kyoto n’avait en effet pas contraint les pays à investir dans des mesures au plan national.

Dans l’analyse du ministre, le gouvernement luxembourgeois n’a pourtant pas chômé ces dernières années. Sur dix mesures lancées entre 2006 et fin 2008 par exemple, 9 ont été réalisées au Luxembourg même. Campagnes pour une économie d’énergie, promotion de l’électricité verte, aides financières pour les voitures économes en carburant, réforme de la taxe sur les véhicules, sont autant de mesures lancées pour favoriser une meilleure efficacité énergétique au Luxembourg. Autre argument avancé par le ministre : entre 2004 et novembre 2008, le Luxembourg a investi 138 millions d’euros dans des initiatives sur le plan national, contre 10 millions d’euros investis dans des projets à l’étranger. "Pour l’année 2009, nous avons par exemple prévu un investissement de 450 millions d’euros dans les transports en commun. C’est un chiffre record pour le Luxembourg", a martelé Lucien Lux.

Et les initiatives commencent à porter ses fruits, puisque, selon les dernières analyses, le Luxembourg a enregistré en 2007, pour la première fois depuis 1998, une stagnation, voire même une légère baisse de ses émissions en CO2. 

Les conclusions de Poznań : sur la bonne route pour un accord multilatéral à Copenhague

Lucien Lux s’est également penché sur les résultats de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a eu lieu entre le 1er et le 12 décembre 2008 à Poznań en Pologne. Cette conférence avait pour objectif de préparer la prochaine conférence qui se tiendra à Copenhague fin 2009 et où la suite au protocole de Kyoto devra être négociée. Aux yeux du ministre luxembourgeois, les chances pour parvenir à un accord sont bonnes. Il a estimé qu’avec l’accord trouvé au dernier Conseil européen, l’Union européenne est bien préparée pour mener les débats à Copenhague. "Pour moi, la réunion à Bali en 2007 fut un des points culminants. Puisque l’on avait déjà décidé que le nouvel accord devrait être négocié à Copenhague en 2009, je pense que Poznań était un peu superflu", a-t-il avancé sur une note d’humour.

Le ministre a aussi fait appel fait appel aux Etats-Unis et au nouveau Président américain Barack Obam de prendre leurs responsabilités. "Les pays industrialisés doivent aller du devant dans la lutte contre le changement climatique, puisque ce sont eux qui furent largement responsables pour les émissions en CO2", a conclu Lucien Lux.