Votée avec 526 voix pour, 105 contre et 22 abstentions, cette résolution demande, selon Elisa Ferreira, que dans une Europe qui doit être compétitive, mais qui doit aussi respecter ses engagements sociaux, les marchés financiers soient soumis à une régulation. Cela est d’autant plus pressant que l’Europe est une construction centrée sur son marché intérieur et sur la libre concurrence, et que l’espace économique qu’elle constitue, basé sur les libertés économiques, a aussi ses règles. Cette régulation est par ailleurs incontournable dans la mesure où l’Union européenne est le plus grand marché financier du monde et que les enjeux de sa régulation sont donc mondiaux.
Pour la députée, il n’a pas été facile de faire passer cette résolution devant un Parlement européen qu’elle juge au fond « très libéral » et qui a eu des difficultés pour se décider s’il fallait aborder la crise avant tout par les marchés financiers, ou s’il fallait également aborder de manière proactive la crise de l’économie réelle. Malgré "ces deux perceptions du monde très différentes », un « recentrage des objectifs a été possible".
Elisa Ferreira a exprimé son accord avec la propositions du Rapport Larosière qui préconisent une supervision supranationale des risques sur le marchés financier au niveau européen et demandé a ce que l’Union européenne arrive le plus rapidement possible à s’accorder sur un calendrier pour mettre en œuvre cette règlementation des marchés financiers.
En ce qui concerne le plan de relance de la Commission, elle l’a jugé positif, bien que "insuffisant, car formulé à la hâte". Avant que la crise financière ait eu un impact sur l’économie réelle, les projections de la Commission européenne ont été selon elle trop optimistes. Maintenant, ses projections, surtout celles concernant le marché du travail, sont "très, très pessimistes".
Pour Ferreira, le fait que 95 % des mesures de relance soient financées par les budgets nationaux des Etats membres illustre que "la dimension européenne de la lutte contre la crise n’est pas encore assez forte". Alors que la crise frappe les pays de manière asymétrique, avec des pays qui peuvent réagir parce qu’ils ont des finances publiques saines, et des pays qui sont paralysés, parce que leurs caisses sont vides, "le moment est critique pour la poursuite du projet européen", a mis en garde la députée. Elle a fortement critiqué le fait que "la cohésion territoriale et sociale de l’Europe ont été oubliées" ce dernier temps.
C’est pourquoi Elisa Ferreira prône une coordination économique active et véritables synergies entre les Etats membres et plaide pour renforcer le niveau communautaire, notamment vis-à-vis des nouveaux Etats membres, dont certains ont été touchés par "une crise extraordinaire". Cela implique que certaines règles communautaires, comme celles sur les attributions d’aides venant des Fonds structurels (FSE, FEDER, Fonds pour l’Emploi, etc.), qui constituent pour Ferreira des obstacles "bureaucratiques" à l’action de l’Union européenne et de la Commission, soient assouplies.
Un des changements majeurs dans la résolution est qu’elle "invite les Etats membres, et notamment ceux qui font partie de la zone euro, à étudier la possibilité d’un grand emprunt européen bénéficiant de la garantie commune des Etats membres". Pour la députée, le lancement d’euro-obligations aiderait à la fois à attirer l’épargne mondiale vers l’Union européenne et permettrait des investissements dans des secteurs clés pour le futur comme l’énergie, l’environnement, la stratégie de Lisbonne et les réseaux informatiques et de communication.
A la question si les plans de relance en Europe ne vont pas creuser les déficits budgétaires, le député européen Robert Goebbels a répliqué que oui, ces plans allaient sûrement augmenter les déficits, et qu’il y avait des Etats qui avaient suivi les règles de la politique de stabilité et qui pourraient donc se le permettre, le Luxembourg un de ces Etats.
Goebbels a exprimé son soutien au plan de relance du gouvernement luxembourgeois, mais a trouvé qu’en général, les plans de relance en Europe étaient « bien timides », et qu’il ne s’étonnait pas que le président des USA, Barack Obama, demandait plus d’efforts à l’Europe. Faisant allusion à Jean-Claude Juncker qui avait déclaré le jour même à Prague que "le programme de relance européen représente un niveau de dépense 3,4 à 4% de notre PIB" et que "nos finances publiques commencent à en souffrir", pour conclure, qu’il "faut maintenant mesurer les effets que ces programmes produiront en 2009 et 2010 avant de nous lancer dans une programmation supplémentaire", il a déclaré que le Premier ministre luxembourgeois était « prisonnier de sa fonction de président de l'Eurogroupe », groupe qui pour l’instant ne veut pas faire davantage. "Mais", a continué Goebbels, "l’Europe doit faire plus, dans l’habitait, dans l’aluminium, etc. D’accord, les déficits vont se creuser. Mais ne rien faire, cela veut dire plus de chômage. Il faut aller dans la direction d’Obama."
Elisa Ferreira a soutenu Robert Goebbels. "Il faut relancer l’économie européenne, même si cela creuse nos déficits, car s’il n’y a pas de relance, nos déficits seront encore plus grands. Il n’y a pas d’alternative. Le mieux serait de miser sur la solidarité européenne et de lancer un grand emprunt européen", a déclaré la députée européenne qui voudrait qu’à terme, les compétences de la BCE soient révisées de manière telle qu’elle puisse aider les pays européens en crise.