Le 26 mars 2009, les représentants de la plate-forme syndicale de la Grande Région ont organisé leur premier Sommet syndical de la Grande Région. En amont de cette soirée de débats et d’échanges, ils ont tenu à se présenter et à expliquer leurs objectifs.
La Plate-forme syndicale de la Grande Région (PSGR) rassemble dix confédérations syndicales de Lorraine (CFDT, CFTC, CGT, FO ), du Luxembourg (CGT-L et LCGB), de Sarre et de Rhénanie Palatinat (DGB) et de Wallonie (CSC et FGTB). Cette formation, qui est en quelque sorte une tribune pour les syndicats de la Grande Région, s’est attribué trois missions, ainsi que l’a expliqué Nico Clement, membre du Bureau exécutif de l’OGB-L et Secrétaire général de la CGT-L.
Dans un premier temps, la PSGR apporte sa contribution au travail des institutions de la Grande Région en veillant à ce que des sujets d’importance syndicale soient pris en compte par les différentes institutions, comme par exemple au sein du Comité économique et social de la Grande Région (CESGR) ou encore du réseau EURES.
La PSGR s’est ainsi particulièrement engagée auprès du Comité économique et social de la Grande Région au sujet de la rédaction du prochain Rapport sur la situation économique et sociale dans la Grande Région.
Pour Nico Clement, il ne s’agit pas seulement de fournir, à travers ce rapport, des éléments comparatifs, mais il faudrait aussi que ce précieux document puisse servir de base de travail pour envisager un développement commun des différentes entités de la Grande Région. Car ce n’est pas tout de constater des inégalités entre les régions, il faut aussi trouver des solutions, ce qui ne peut être fait qu’ensemble, afin d’atteindre une certaine "masse critique".
Et pour ce faire, il s’agit, selon Eugen Roth (DGB Sarre), de définir avec précision les indicateurs utilisés. Pour le représentant sarrois, il importe de ne pas négliger les questions de qualité de vie, mais aussi de démographie, – il faut pouvoir comprendre et anticiper le vieillissement de la population par exemple – de taux d’emploi des femmes, – et il convient là de se demander pourquoi il est si bas dans l’ensemble de la Grande Région – ou encore de mobilité, non pas forcée, mais désirée.
Dans un deuxième temps, la PSGR s’efforce de formuler et de faire entendre ses revendications à un niveau politique. Ainsi, comme l’a expliqué Nico Clement, la Présidence de la plate-forme s’est-elle calée sur celle du Sommet de la Grande Région et elle dure elle aussi 18 mois.
Cela permet d’entretenir le dialogue avec les différentes présidences, et Nico Clement de citer par exemple les échanges réguliers avec le ministre luxembourgeois de l’Intérieur, Jean-Marie Halsdorf, avec lequel il sera par exemple prévu de discuter des résultats de la présidence luxembourgeoise du Sommet de la Grande Région, qui aura lieu en juin 2009, ou encore avec le Ministre-Président de Rhénanie Palatinat, Kurt Beck.
La plate-forme a enfin pour objectif d’offrir un espace de concertation sur des thèmes européens et des actions à mener de façon conjointe. Dans ce contexte il incombe ainsi à la plate-forme, dont tous les membres adhèrent aussi à la Confédération européenne des syndicats (CES), de relayer et d’expliquer les conséquences des décisions prises au niveau européen.
Au cours des dernières années, la PSGR s’est ainsi mobilisée autour des directives "Services" et Temps de travail, innovant même pour ce second texte en s’entretenant à Strasbourg avec les eurodéputés de la Grande Région. Tant et si bien qu’ils ont d’une certaine façon apporté leur contribution au rejet, par le Parlement européen, d’un texte qui avait été proposé en juin 2008 par le Conseil.
Pour pallier à un des plus grands problèmes de la Grande Région, à savoir son manque de visibilité, mais aussi pour attirer l’attention sur le travail des syndicats dans la Grande Région, la plate-forme syndicale de la Grande Région a organisé, le 26 mars 2009, un sommet syndical de la Grande Région. Deux tables rondes ont porté, d’un côté, sur l’Europe sociale et, de l’autre, sur le développement de la Grande Région.
La première table ronde était composée des députés européens de la Grande Région issus de différents groupements parlementaires, à savoir Robert Goebbels (PSE), Jo Leinen (PSE) et Claude Turmes (Verts), ainsi que le représentant de l’eurodéputée Nathalie Griesbeck, (ALDE) et le président de l’OGBL, Jean-Claude Reding. Ils sont intervenus sur le thème "Créer l’Europe sociale !"
La seconde table ronde a réuni Dieter Burgard, Helma Kuhn-Theis, Marcel Oberweis, Dominique Ronga et Roland Schreiner du Conseil Parlementaire Interrégional (CPI), le Gouverneur de la Province belge du Luxembourg, Bernard Caprasse, et la secrétaire générale adjointe du LCGB, Viviane Goergen. La discussion doit porter sur le sujet "Quel avenir pour la Grande Région ?"
"Le Sommet syndical de la Grande Région, organisé en amont du sommet politique de la Grande Région de juin 2009, entend formuler des revendications et des propositions, mais surtout émettre des signaux en ces temps difficiles", a expliqué Nico Clement en abordant la récente nouvelle de la suppression d’environ 900 emplois chez Villeroy&Boch. Le syndicaliste a souligné que les salariés ne doivent pas être divisés et que la Grande Région doit travailler ensemble pour trouver des solutions communes.
Pour son collègue sarrois, Eugen Roth, l’annonce de Villeroy&Boch fut "un coup dans le ventre", et il est à ses yeux inacceptable que ni le gouvernement luxembourgeois, ni le gouvernement sarrois n’aient été au courant de ce dossier. Selon lui, c’est aussi douloureux de perdre un emploi à Luxembourg qu’à Sarrebruck. Abordant le bilan de l’actuelle présidence luxembourgeoise du Sommet de la Grande Région, Eugen Roth a déclaré que le gouvernement luxembourgeois a, comme toujours, fait preuve d’un immense engagement pour poser des jalons. Et de conclure : "Les Luxembourgeois sont des gens de la Grande Région !"
Karl-Hanz Päulgen, représentant du DGB de Trêves, a tenu, pour conclure, à ajouter que le sommet des syndicats de la Grande Région s’inscrivait aussi dans la perspective des élections européennes de juin 2009. Avec un demi-million de membres, les syndicats de la Grande Région ont en effet leur part de responsabilité et il s’agit, par les discussions prévues le 26 mars au soir, d’inviter les citoyens à aller voter pour une Union européenne avec un fort accent social et, par ailleurs, pour une Europe des régions.