Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn a jugé le 6 mai 2009 que la comparaison de l'Allemand Peer Steinbrück faite entre son pays et le Burkina Faso en termes de transparence fiscale s'apparentait à des "propos de comptoir".
"Le ministre allemand des Finances semble avoir définitivement atteint le niveau de propos de comptoir", a déclaré M. Asselborn au site internet du magazine Der Spiegel. Ces déclarations sont la preuve d'"une arrogance difficile à dépasser", poursuit-il.
Pour M. Asselborn, les nouvelles déclarations du ministre allemand risquent aussi de raviver des mauvais souvenirs laissés par l'Allemagne pendant la deuxième Guerre mondiale, alors que le pays avait annexé le Luxembourg.
"Chaque Luxembourgeois se souvient avec horreur d'une époque où la peur et l'avilissement ont débordé d'Allemagne, au départ à travers des mots et des discours", fait-il valoir. "Un seul millimètre de morgue de hautes autorités allemandes provoque au Luxembourg des réactions que nous aimerions bien éviter", a poursuivi M. Asselborn.
Le ministre socialiste en appelle à son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier (social-démocrate, SPD), dont il est proche, à ramener M. Steinbrück à la raison. Pour lui, Steinmeier qui est le candidat des sociaux-démocrates (SPD) à la chancellerie allemande, doit faire "comprendre clairement" au ministre des Finances que ses propos sont malvenus.
Il est déçu que ces déclarations viennent précisément des rangs du SPD. "Il est vrai", dit-il, « que tout le monde n'est pas capable de marcher dans les pas d’un Willy Brandt ou d’un Helmut Schmidt" Nicolas Schmit ne s’étonne pas que Steinbrück ait perdu de manière si dramatique les élections dans son Land, la Rhénanie du Nord-Westphalie. "Il n’a pas le sens des nuances et ce qu’il pense être des vannes - du moins on l’espère – sont des déclarations primitives et blessantes. Non seulement il s’est toujours trompé – sur la crise bancaire et financière et la politique économique – mais il lui manque le minimum de sensibilité qui ne devrait pourtant même pas manquer à un ministre des Finances."
Schmit, qui fut il y a plus de dix ans un des promoteurs de la politique de coopération luxembourgeoise, dont le Burkina Faso est un des pays-cibles, a ajouté au sujet de ce pays : "Le Burkina Faso est un pays fier, même si c’est un pays pauvre, et que Steinbrück ne connaît vraisemblablement pas. Comment un social-démocrate peut-il parler de manière si dépréciative d’un pays africain. Des comparaisons et des formules démagogiques qui ont peut-être leur place sur les comptoirs des bistrots allemands, comme les allusions au fouet et à la cavalerie (..) ne font pas montre de finesse politique. Des hommes politiques de ce genre, qui se sont éloignés de l’idée européenne, mettent en danger la cohésion en Europe, qui était si importante pour Willy Brandt et Helmut Schmidt."