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Emploi et politique sociale
Dans le volet européen de son discours du 1er mai, Robert Weber, président du LCGB, s’en est violemment pris aux politiques de libéralisation dans l’UE
Pour le syndicaliste chrétien, les droits sociaux dont bénéficient les salariés au Luxembourg peuvent être menacés à terme
01-05-2009


Le LCGB, la centrale syndicale chrétienne, avait appelé à un rassemblement pour le 1er mai à Mersch. Son président, Robert Weber, après avoir salué l’assistance, dont les ministres et députés CSV présents, s’adressa nommément aux deux syndicalistes qui sont candidats sur la listes européenne du CSV, Tania Matias et Georges Bach.

Pour Weber, la crise est due aux excès d’une économie libéralisée qu’aucune idée de justice sociale ne freine

Le sujet central du discours de Robert Weber fut la crise qui est pour lui le fruit du capitalisme et qui doit être combattue avec des moyens qui visent à préserver la justice sociale qui est pour Weber intrinsèquement étrangère aux managers, aux "fanatiques du marché" et aux "libéralistes".

Weber évoqua l’échec des systèmes de l’économie planifiée, mais "la vague de libéralisations qui a suivi la chute du Mur de Berlin a causé beaucoup de misère. Des emplois sûr et bons ont été libéralisés dans l’UE et ont été remplacés par des emplois précaires et moins bons". Depuis le début de la crise, le chômage s’est étendu en Europe, et "même le Luxembourg, qui n’a pas cédé à la manie, et je dirais même plus, à la folie de la libéralisation et de la flexibilisation, est touché par un chômage élevé."

Weber consacra la plus grande partie de son discours à un récit historique de la crise, un récit qui a embrassé la période du déclenchement de la guerre en Irak jusqu’à aujourd’hui. Weber a décrit la crise comme un mouvement de contagion qui a gagné l’Europe après avoir miné les USA  et ce à cause de l’inconscience et la cupidité des experts financiers et des clients des banques, mais aussi à cause et de l’absence de contrôle de la part des banques centrales et des autres instances de contrôle financier. Robert Weber salua néanmoins l’action "efficace" du gouvernement luxembourgeois qui n’a cependant pu empêcher la crise de sévir et de causer des dommages à l’économie.

Une réplique carabinée aux attaques françaises et allemandes contre le Luxembourg

"Avant d’approfondir la question des effets de la crise économique", Robert Weber déclara vouloir livrer "quelques brèves réflexions", en fait une charge des plus dures contre les politiques allemands et français dont les déclarations avaient suscité des remous dans l’opinion publique luxembourgeoise.

"Dans la peine, l’on reconnaît ses amis, comme l’on sait. Eh bien, Monsieur Sarkozy et Madame Merkel sont-ils vraiment nos amis ? Nous n’avons sûrement pas besoin de tolérer le comportement de goujat du ministre allemand des Finances Steinbrück. Et en tant que Luxembourgeois, nous aurions préféré entendre de la part de Monsieur Steinmeier (le ministre allemand des Affaires étrangères, n.d.l.r.) des excuses claires et nettes, lorsqu’il est venu au Luxembourg pour le lancement de la campagne électorale du LSAP.  Dieu merci il n’a pas ramené son collègue de parti Franz Müntefering. Car c’est ce gars-là qui a voulu envoyer des soldats au Luxembourg pour résoudre des problèmes comme le secret bancaire. En tant que Luxembourgeois et Européen, l’on doit exiger d’un politique prussien plus de retenue et de respect. Même 60 ans plus tard, les sombres chapitres dans l’histoire luxembourgeoise et aussi européenne n’ont pas été oubliés. La crise financière et économique a montré clairement que même l’UE avec ses institutions est en crise."

Plaidoyer pour l’entrée au Parlement européen d’hommes et de femmes politiques qui s’engagent sur la question sociale

Pour Weber, qui constata amèrement "qu’il n’y a pas de politique commune" et qu’une "défense commune de règles européennes n’existe pas, (...) c’est peut-être une bonne chose que l’UE se trouve dans une crise profonde à la veille des élections européennes." Explication dialectique: "Peut-être des sujets comme la libéralisation des services, comme la directive Bolkestein, comme la directive sur le temps de travail, comme les arrêts de la CJCE contre le Luxembourg et d’autres pays, comme la directive détachement, nous rappellerons que le Parlement européen a lui aussi besoin d’hommes et de femmes politiques qui s’engagent sur la question sociale."

Weber aborda ensuite la question de l’impact des développements actuels sur les droits sociaux au Luxembourg sous l’angle des élections imminentes : "Si la politique de libéralisation de l’UE devait continuer, si les droits sociaux ne priment pas l’économie, si des standards sociaux minimaux ne sont pas définis dans l’UE, alors le jour et l’heure viendront où nos standards sociaux plus ou moins élevés seront en péril, ici au Luxembourg. La pression est très forte, mais le citoyen a son mot à dire le 7 juin."

A noter que Robert Weber est lui-même, comme d'autres dirigeants du LCGB, candidat aux législatives sur les listes du CSV, mais que son syndicat est selon ses propres dires "neutre en ce qui concerne les partis politiques au cours de ces élections" et "uniquement préoccupé par les intérêts de ses membres."