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Traités et Affaires institutionnelles
Le Conseil européen a donné son soutien à une reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne
18-06-2009


Jean-Claude Juncker, José Manuel Barroso et Jan Peter Balkenende. (c) SIP / Jock FistickLes chefs d’Etat et de gouvernement qui sont réunis en Conseil européen les 18 et 19 juin 2009 ont donné jeudi soir leur soutien à la reconduction pour cinq ans de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne.

Tout comme le Premier ministre tchèque Jan Fischer, qui préside le Conseil européen, Jean-Claude Juncker a expliqué que José Manuel Barroso a reçu le "soutien unanime" des dirigeants européens, qu’ils soient démocrates-chrétiens, libéraux ou socialistes, "pour être proposé comme candidat à la présidence de la Commission". En clair, cela veut dire que Barroso a reçu un appui de principe des 27, mais pas une désignation formelle.

En effet, le choix des chefs d’Etat et de gouvernement doit encore être entériné par le Parlement européen, ce qui ne va pas être facile, car au sein du Parlement européen, le bilan 2004-2009 de José Manuel Barroso est controversé. Alors que le PPE soutient Barroso, le chef de file du PSE, Martin Schulz, a déclaré que "Jose Manuel Barroso n'est pas le bon candidat. Le groupe socialiste ne va pas voter pour lui en juillet et on ne va pas voter pour (qu'il y ait) un vote en juillet. C'est absolument prématuré." En même temps, le chef de file des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, cherche à bâtir un front anti-Barroso, conformément à un des points essentiels défendus par les Verts au cours de la campagne électorale européenne. D’autres députés européens avancent l’argument qu’ils préfèrent être fixés d'abord sur le traité de Lisbonne, qui doit réformer la Commission et être soumis à référendum en Irlande à l'automne, avant de voter, ce qui serait juridiquement plus sûr.

D’un autre côté, le principal souci qui conduit les chefs d’Etat et de gouvernement  à pousser les eurodéputés à se prononcer rapidement, dès la mi-juillet, est d'éviter selon leurs propres dires une période d'incertitude au moment où l'Europe est en crise économique. C’est pourquoi le Conseil européen a chargé les Présidences tchèque et suédoise - celle-ci reprenant le témoin de la présidence tournante de l’UE le 1er juillet 2009 et ayant souhaité ardemment un vote rapide au PE – de prendre contact avec le Parlement européen pour savoir si celui-ci serait disposé à approuver la candidature de José Manuel Barroso au cours du mois de juillet. La réunion décisive à ce sujet sera celle du groupe des présidents des groupes politiques du PE qui se réunira le 9 juillet et fixera l’ordre du jour de la première session qui commence le 14 juillet.

Jean-Claude Juncker à déclaré qu’"au vu des résultats de ces consultations, le Conseil européen formalisera la nomination politique de M. Barroso, et les commissaires ne seront nommés qu’à partir du moment où nous saurons sous quel traité (traité de Nice ou traité de Lisbonne, n.d.l.r.) cela doit se faire".  Et il a ajouté, en réponse aux rumeurs qui circulent sur un éventuel report du vote sur le président de la Commission : "C’est le souhait du Conseil européen que tout cela se fasse en juillet. Si cela devait en être autrement, nous en prendrons acte".

Surveillance des marchés financiers

Concernant la réforme de la supervision financière, Jean-Claude Juncker a expliqué que "nous sommes intégralement d’accord avec les propositions qui sont sur la table, tandis que d’autres pays ont eu leurs difficultés avec ces propositions". Ils y auraient fait allusion, dixit le Premier ministre, mais ne les auraient pas exprimées de façon explicite. Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nicolas Schmit, a déclaré quant à lui que "nous devons veiller à ce que le Royaume-Uni ne freine pas ce processus". La réforme proposée prévoit entre autres la mise en place en 2010 de trois nouvelles autorités paneuropéennes chargées de la surveillance des banques, des assureurs et des marchés financiers dont les Britanniques refusent certains pouvoirs plus contraignants.

Crise des marchés laitiers

Si les producteurs de lait, qui ont manifesté à Bruxelles, n’ont pas encore obtenu gain de cause, leur cause a au moins été écoutée et traitée par le Conseil européen réuni les 18 et 19 juin 2009. Celui-ci demande à la Commission européenne de proposer d'ici septembre des "formules pour stabiliser" les prix du lait. Jean-Claude Juncker avait demandé que les conclusions du Conseil contiennent un passage sur les producteurs de lait stipulant que "la Commission et les ministres de l’Agriculture abordent à nouveau ce problème". Un signal attendu par les producteurs de lait qui sont, selon un de leurs représentants luxembourgeois Fredy de Martines, dans une situation encore plus mauvaise que l’année dernière. Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nicolas Schmit, avait quant à lui déclaré en marge du Conseil européen que des milliers d’exploitations agricoles risquaient de disparaître et que cela était inacceptable en temps de crise. Il s’attendait lui aussi à un signal qui permette la recherche de solutions concrètes au niveau européen mais aussi national.