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Environnement - Politique régionale
Lancement du contrat de rivière à Ouren (B) : l’Our ignore toutes les frontières
29-05-2009


Le logo du Contrat de Rivière de l'Our "Nat'our"En présence de nombreuses personnalités politiques et des représentants des parcs naturels de la Grande Région, le projet "Un contrat de rivière pour la rivière frontalière Our" a été lancé le 29 mai 2009 au Monument d’Europe à Ouren aux Trois Frontières entre le Luxembourg, la Belgique et l'Allemange. Ce contrat transfrontalier pour le bassin hydrographique de l’Our est un projet Interreg IVA subventionné par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). Il a débuté en juin 2008 pour une durée de trois ans et regroupe des partenaires de l’ensemble du bassin versant de l’Our – la Belgique, l’Allemagne et le Grand-Duché de Luxembourg. Ceux-ci travaillent ensemble pour la protection de l’eau dans le bassin versant entier de l’Our et pour permettre la libre migration de la faune dans l’Our - de sa source, en Belgique, jusqu’à sa confluence avec la Sûre à Reisdorf (L) respectivement Walldendorf (D), à travers trois pays et quatre Parcs naturels.

Qu’est-ce qu’un contrat de rivière ?

"Un partenariat de cours d’eau a pour but d’améliorer la qualité de l’eau, la biodiversité, la diversité structurelle et l’utilisation des eaux, ainsi que de créer une dynamique durable et transfrontalière dans une région. Pour ce faire, il réunit autour d’une même table tous les acteurs d’une région ayant un effet direct ou indirect sur la qualité de l’eau et sur celle du biotope : administrations, acteurs de la gestion des eaux, de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, du tourisme, de la culture, des parcs naturels, des associations de protection de l’environnement, mais aussi les citoyens", a expliqué Emile Eicher, président du Parc Naturel Our. Regroupés dans différents groupes de travail, tous les participants du projet essayent d’identifier les problèmes et établissent, avec le comité de rivière, un plan d’action pour la protection des cours d’eau et de son bassin versant. Ainsi, les habitants du bassin versant de l’Our peuvent, conformément à la directive cadre européenne sur l’eau, devenir actifs dans la gestion durable et participative des cours d’eau qui les entourent.

Après l’adoption d’un plan d’action, des mesures concrètes seront mises en œuvre. Ainsi, l’information et la sensibilisation relatives à l’eau, comme par exemple des excursions, des guides de bonnes pratiques, des sentiers de découverte, un site internet, ou des actions de sensibilisation sont des composantes importantes de ce projet.

Le budget du projet est de 2 619 500 €, dont la moitié est prise en charge par l’Union Européenne. Les autres co-financeurs du projet sont la Région Wallonne, les Ministères de l’Environnement  du Luxembourg et de la Rhénanie, ainsi que le Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire du Luxembourg.

Le Parc Naturel belge des Hautes Fagnes – Eifel est porteur du projet. Les autres partenaires sont le Parc Naturel Nordeifel et Südeifel pour l’Allemagne, et la Fondation Hëllef fir d’Natur et le Parc Naturel de l’Our pour le Luxembourg. Le projet couvre seize communes : Amel, Burg-Reuland, Büllingen et St. Vith en Belgique, les communes Arzfeld, Irrel, Neuerburg et Prüm en Allemagne et  les communes de Heinerscheid, Hosingen, Munshausen, Putscheid, Reisdorf, Tandel, Vianden et Weiswampach au Luxembourg.

Un exemple d’une Europe concrèteJean-Marie Halsdorf

Selon le ministre de l’Intérieur luxembourgeois, Jean-Marie Haldorf, le contrat de rivière de l’Our est un exemple "d’une Europe concrète". Il a abordé le long chemin que l’Europe a parcouru pour devenir un continent pacifique sur lequel les rivières ne divisent pas, mais unifient les gens. Il est d’ailleurs montré favorable à une Europe plus proche du citoyen dans laquelle plus d’impulsions viennent d’en bas, selon le principe du "Bottom Up", et moins de choses sont décidées d’en-haut. Le ministre de l’Intérieur, responsable de l’eau, des parcs naturels et d’Interreg, a avoué qu’il "se sent très à l’aise dans la région pittoresque de l’Our". En guise de conclusion, il a souligné que le contrat de rivière de l’Our peut contribuer à renforcer la cohésion territoriale, sociale et économique, ainsi qu’à la mise en place d’une politique durable dans la région.

La rivière, un élément unifiant

Joseph Maraite, le bourgmestre de la commune de Burg-Reuland dans laquelle se situe le village de Ouren, a souligné qu’une rivière est généralement un élément séparant, comme c’était aussi le cas pour l’Our aux Trois Frontières. "Mais" a-t-il souligné, "peu à peu, les générations se sont rendues compte que l’Our réunit les gens". Et plus encore : "Depuis 1977, ses rives hébergent le monument d’Europe, un monument en l’honneur de Robert Schuman, Joseph Bech, Paul-Henri Spaak et Konrad Adenauer, qui promeut l’idée d’une Europe dans frontières". A son instar, "l’Our ignore complètement les frontières instaurées par l’Homme". Il a expliqué que le contrat de rivière de l’Our stimule créativité et dynamisme aux Trois Frontières, endroit où vivent les médiateurs d’"une nouvelle Europe visionnaire et pacifique".

Les effets positifs de l’Europe

Vincent Peremans, représentant de la Région wallonne, a souligné que ce contrat de rivière est le premier projet pour la Wallonie à réunir trois pays. Il a abordé la directive-cadre sur l’eau comme bel exemple d’"où l’Europe a eu des effets positifs" en créant des partenariats autour d’une richesse qu’est une rivière. Comme le contrat de rivière pour l’Our rassemble seize communes, il pense qu’un gros travail a été réalisé. "La rivière, riche en termes de biodiversité, est aujourd’hui menacée, et il faut coordonner les actions en vue de la protéger", a-t-il tenu à souligner. "Les contrats de rivières, réunissant riverains, utilisateurs, agriculteurs, pêcheurs, communes et industrie, sont d’excellents instruments pour parvenir à cette fin".

Dire oui à une Europe unie

Margit ConradMagrit Conrad, ministre pour l’Environnement, la Forêt et la Défense des consommateurs en Rhénanie-Palatinat, a insisté sur la valeur hautement symbolique du lieu de lancement du projet. Elle a tenu à souligner que les signataires du contrat de rivière pour l’Our portent une grande responsabilité pour la rivière, mais aussi pour la région. Pour elle, le partenariat de cours d’eau entre trois pays reste un "événement particulier et peu commun en Europe". Elle pense que "les pères fondateurs de l’Europe seraient fiers de nous" et de la façon dont "nous construisons l’Europe", une "Europe du succès social et économique" où l’environnement est protégé et conservé pour que les générations futures peuvent avoir recours aux ressources.

"L’Our sert de lien entre quatre parcs naturels, trois pays et seize communes", a expliqué Margit Conrad, "et ce contrat de rivière doit être soutenu par les citoyens". Elle a également cité le projet Interreg III A "Nat’Our", mené avec succès de 2003 à 2007 entre le Parc Naturel de l’Our et le Parc Naturel de la Südeifel, dont le but principal était l’amélioration de la qualité écologique de la rivière ainsi que le développement du tourisme sur l’Our.

Margit Conrad a également souligné qu’il s’agit de mettre en place un système de biotopes interconnectés parce que "protection de l’eau, protection de la nature et protection des espèces vont ensemble". Elle a ajouté que "l’Europe a besoin de signaux montrant qu’elle sert les gens", et elle pense que c’est dans cet ordre d’idées que "les gens doivent dire oui à une Europe unie" lors des élections européennes du 7 juin 2009.

Faire passer les idées d’un côté à l’autre de la frontière

George Faniel, président du Parc Naturel Hautes Fagnes-Eifel, Roger Graef, président du Parc Naturel Südeifel, Günter Schumacher, président du Parc Naturel Nordeifel, Frantz-Charles Muller, président de la Fondation Hëllef dir d’Natur et Emile Eicher, président du Parc Naturel Our, ont ensuite fait le point des mesures concrètes du contrat de rivière Our, comme par exemple l’impact sur les parcs naturels et la participation du public.

George Faniel a parlé dans ce contexte d’un "bel exemple à suivre", en ajoutant qu’il est "indispensable d’appuyer les politiques générales sur des structures locales afin qu’elles puissent rapidement prendre racine, être acceptées par la population locale et se pérenniser". Il a expliqué que les moyens mis en œuvre permettront dans les trois années à venir d’atteindre les objectifs principaux de sensibiliser les citoyens "à la valeur que l’eau représente en tant que ressource locale et en tant qu’élément important pour la qualité de vie" de la région, de mettre en œuvre desVallée de l'Our mesures de restauration du milieu naturel en rétablissant la libre circulation des animaux aquatiques sur l’entièreté du cours d’eau principal, et d’instrumentaliser la collaboration transfrontalière entre tous les acteurs dans le contexte d’un véritable partenariat. Et de conclure que le travail transfrontalier, c’est "aussi faire passer les idées d’un côté à l’autre de la frontière et vice versa".

La partie officielle du lancement du projet a été suivie d’une promenade dans la vallée de l’Our où a été présentée la planification de l’échelle à poissons prévue au Barrage de Ouren pour favoriser les migrations des poissons pendant les périodes de reproduction, et d’une dégustation de produits régionaux de l’Eifel, des Ardennes et de l’Oesling.