Principaux portails publics  |     | 

Politique régionale
Juncker au sujet de la Grande Région : "Nous voulons être la région modèle de l’UE"
L’ambition est que la Grande Région devienne "une région métropolitaine transfrontalière et polycentrique"
17-07-2009


11e sommet de la Grande Région : Jean-Marie Halsdorf, Jean-Claude Juncker et Peter MüllerDans une interview qu’il a donnée au Wort à la veille du 11e Sommet de la Grande Région du 17 juillet 2009 et après 18 mois de présidence luxembourgeoise,  Jean-Claude Juncker a déclaré : "nous voulons être la région modèle de l’UE". Le Premier ministre n’est pas sûr que l’on puisse parler "d’affection" que les citoyens éprouvent à l’égard de la Grande Région, qui regroupe le Luxembourg, la Sarre, la Rhénanie-Palatinat, la Lorraine et une partie de la Wallonie. Mais il est sûr que les citoyens lui accordent "leur attention". L’Euro, le marché intérieur, les accords de Schengen sont les trois grands facteurs qui ont, selon Juncker, rapproché les habitants de la Grande Région.

Les frontaliers

Lors de la conférence de presse qui a suivi le Sommet, Jean-Claude Juncker a dans un premier temps évoqué la décision des partenaires de créer à Sarrebruck une "Taskforce Frontaliers" qui aurait pour première tâche de dresser un état des lieux des problèmes dus aux différences entre les droits administratifs, sociaux et fiscaux qui freinent la mobilité de la population active de la Grande Région. L’objectif sera de trouver des moyens de lever ces obstacles.

Dans son interview au Wort, le Premier ministre avait expliqué que les citoyens de la Grande Région savent qu’en temps de crise, ils sont touchés de la même manière et qu’ils dépendent les uns des autres. Cela est d’autant plus vrai que le nombre des frontaliers tourne autour de 200 000, la plus forte densité en Europe. 140 000 de ces frontaliers viennent gagner leur pain au Luxembourg, où ils constituent, comme le souligne Juncker, 51 % de l’emploi dans le secteur privé. Et il ajoute : "Si cette tendance devait continuer sur le long terme, il se pourrait que dans quelques décennies le nombre des frontaliers dépasse celui de la population active résidente".

Le Luxembourg est devenu, souligne le Premier ministre dans son interview, "le moteur économique et de ce fait aussi le pôle d’emploi le plus important" de la Grande Région. Cela a permis aux régions frontalières de diminuer le nombre de leurs chômeurs, de relancer, comme pour la région de Longwy, leur croissance démographique qui était en berne et de créer de nouvelles activités, notamment dans le domaine de la vente au détail et des loisirs. "En fait, tout le monde profite de tout le monde. Le gouvernement luxembourgeois n’a en tout cas jamais eu l’attention de tout tirer vers soi". Preuve en est que le Luxembourg a consulté en février 2009 ses voisins avant de communiquer son avis sur le Livre vert de la Commission européenne sur la cohésion territoriale. Dans le même esprit, le Sommet a retenu que les partenaires échangent entre eux les bonnes pratiques en matière d’emploi dans la région.

Interreg IVA Grande Région

Le Premier ministre s’est félicité du succès du programme Interreg IVA Grande Région dans le cadre duquel 61 projets, d’un montant global de 51 millions d’euros, ont  déjà été agréés. L’idée est maintenant de créer d’ici la fin de l’année un Groupement européen de Coopération territoriale (GECT) qui aura une personnalité juridique propre, ce qui lui permettra de gérer et contrôler plus facilement des projets communs et d’être le destinataire direct des aides européennes. La Préfecture de la Région lorraine en assurera la présidence.  

La Grande Région opérationnelle

Pour rendre la Grande Région plus opérationnelle et en assurer un suivi plus conséquent, le Sommet prévoit de se doter d’une structure permanente qui aura aussi le statut de GECT. C’est le ministre-président de la Sarre, 17 juillet 2009 : le 11e sommet de la Grande Région à Senningenactuellement Peter Müller, dont le Land prend le relais de la présidence de la Grande Région, qui est en charge du dossier. La présidence lorraine de la Grande Région, qui commencera dans 18 mois, c’est-à-dire début 2011, devrait déjà disposer de ce nouvel outil. Autre changement organisationnel : la présidence lorraine serait la première à durer 24 mois au lieu de 18.

Tous les partenaires ont insisté sur le fait que les choses sont devenues plus concrètes qu’il y a 10 ans. En témoignent des initiatives estimées "plus proches du citoyen" dans les domaines de la culture (continuation d’activités culturelles transfrontalières dans l’esprit de l’année culturelle 2007 avec la contribution de l’a.s.b.l Espace culturel Grande Région), de la santé (avec la prochaine mise en place d’un réseau transfrontalier hospitalier) et de la recherche.    

"Une région métropolitaine transfrontalière et polycentrique"

La présidence luxembourgeoise de la Grande Région avait fait de l’aménagement du territoire son cheval de bataille. Son ministre de l’Intérieur, Jean-Marie Halsdorf, a déclaré que l’aménagement du territoire, en phase avec les politiques de l’UE dans ce domaine, contribuera à renforcer la cohésion interne de la Grande Région. Pour le Premier ministre Juncker, cette politique territoriale, comme aussi la coopération des gouvernements, des structures parlementaires et des forces vives dans le cadre du Conseil économique et social de la Grande Région sont autant d’éléments qui concourent à ce que la Grande Région devienne "la région modèle de l’UE" en matière de coopération transfrontalière.

 L’idée est d’échanger informations et données territoriales, par exemple à travers un Système d’information géographique et une bibliothèque virtuelle transfrontalière – Circalux – pour aboutir à terme à une planification commune. La Grande Région se différencie en effet selon Juncker d’autres régions par le fait qu’elle n’a pas de métropole autour de laquelle tout tourne, et qu’elle n’est pas non plus une grande zone de concentration urbaine comme la Ruhr.

L’ambition est donc plutôt que la Grande Région devienne "une région métropolitaine transfrontalière et polycentrique". Ce projet est préparé dans le cadre de METROBORDER. Cette démarche peut compter selon Juncker sur le soutien de la Commission européenne : "Elle nous permettra de renforcer nos potentiels économiques, de coordonner notre planification territoriale et des transports, et d’optimaliser nos réseaux éducatifs et en matière de recherche", a déclaré le Premier ministre au Wort.