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Traités et Affaires institutionnelles
La Suède prend la Présidence de l’Union européenne pour les six prochains mois
Les Suédois vont faire de leur mieux pour faire face à "une piste noire" pleine de défis
01-07-2009


Agneta Söderman et Ernst MoutschenLe 1er juillet 2009, la Suède prend la relève de la République tchèque à la Présidence de l’Union européenne. L’ambassadrice suédoise au Luxembourg, Agneta Söderman, a présenté à la Maison de l’Europe, à l’occasion d’une conférence de presse, les priorités, les ambitions et les outils des six mois pendant lesquels son pays va présider l’Union européenne.

"Relever le défi" d’une Présidence présentée comme une "piste noire"

C’est la deuxième fois que la Suède prend les rênes de l’Union européenne, et Agneta Söderman a souligné les différences qui distinguent cette présidence de celle de 2001. Entre temps, l’Union européenne est en effet passée de 15 à 27 membres, et la Suède elle-même, qui a intégré l’UE en 1995, a gagné en expérience et est désormais dotée d’une solide mémoire institutionnelle. Autre distinction, la durée de la Présidence qui, si elle dure toujours un semestre, est cependant un peu écourtée du fait qu’en principe il n’y a pas d’activités prévues au mois d’août, sauf en cas de crise, et les Suédois se tiennent de ce point de vue là prêts à tout, à en croire leur représentante au Luxembourg.

Ce qui caractérise cette présidence, c’est aussi qu’elle ne tombe pas vraiment à une période "idéale" et Agneta Söderman a avoué, non sans humour, que si les Suédois avaient pu choisir, il n’aurait sans doute pas pris ces six mois-là. Car entre la crise économique et financière, le défi climatique et les imprévus auxquels il faut bien s’attendre, le deuxième semestre 2009 fait plutôt office de "piste noire" !

Mais la Suède se dit prête à relever le défi, même si Agneta Söderman a cru bon de préciser qu’il ne fallait pas pour autant en attendre des miracles. En effet la Présidence ne peut rien faire toute seule : elle a besoin de tous les Etats membres et des institutions. Sans oublier non plus que sur certains dossiers, comme celui du changement climatique, le concours des autres pays du monde est encore nécessaire.

Concrètement, la présidence signifie près de 3000 réunions qui vont se tenir en grande majorité à Bruxelles, en se2009.euSuède, mais aussi au Luxembourg. Au Grand-Duché, la Présidence suédoise sera très présente durant tout le mois d’octobre, et l’ambassadrice à appeler à noter d’ores et déjà dans les agendas la venue du ballet de Göteborg au Grand Théâtre le 30 octobre 2009. Le film suédois sera aussi à l’honneur à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg en octobre et novembre tandis que le Luxembourg accueillera le 12 décembre 2009 le traditionnel cortège de lumières de la Sainte-Lucie.

Un des mots clefs de la Présidence, c’est la transparence, et un site Internet en trois langues (anglais, français et suédois) permet donc de suivre au plus près l’actualité européenne des six prochains mois.

En bref, la Présidence se veut ouverte, efficace et centrée sur les citoyens. Selon la tradition nordique, elle devrait être bien organisée, tout en laissant la marge de manœuvre nécessaire pour faire face à l’imprévu.

La ratification du traité de Lisbonne : la grande inconnue d’une complexe équation constitutionnelle

Une de ces inconnues qui va justement occuper la Présidence suédoise concerne la ratification du traité de Lisbonne pour une entrée en vigueur qui pourrait avoir lieu en janvier 2010. C’est en tous cas ce qu’espère Agneta Söderman qui imagine déjà la présidence suédoise comme la dernière Présidence tournante telle que définie par le traité de Nice…

L’ambassadrice suédoise s’est à ce titre déclarée satisfaite de la décision de la Cour constitutionnelle allemande au sujet du traité de Lisbonne, dans la mesure où il y a bon espoir que la loi d’accompagnement qui suspend pour le moment la ratification soit modifiée en conséquence avant les élections allemandes du 27 septembre et le référendum irlandais de début octobre. Ce que n’a pas manqué de confirmer l’ambassadeur allemand, présent dans l’assistance, tandis que l’ambassadeur irlandais s’est lui aussi montré très optimiste quant à l’issue du référendum qui va se tenir dans son pays.

En attendant, la situation institutionnelle est cependant transitoire, puisque le Parlement européen vient tout juste d’être élu et qu’une nouvelle Commission devrait entrer en fonction à l’automne. La question de la nomination du président de la Commission européenne, qui est un sujet d’une vive actualité, va ainsi occuper une grande partie des discussions prévues le 6 juillet 2009 à Stockholm à l’occasion de la visite de la Conférence des présidents du Parlement européen. Car aux yeux d’Agneta Söderman, il importe d’avoir une nouvelle Commission européenne en place.

Quant à la question de savoir qui sera l’éventuel futur président de l’Union européenne, qui commence à échauffer les esprits au sein des rédactions des médias européens, l’ambassadrice a rappelé qu’il convenait dans un premier temps de ratifier le traité. Viendront ensuite les discussions, en principe au cours de l’automne. Un sujet passionnant en tous les cas pour Agneta Söderman qui semble presque regretter qu’il n’intéresse pas plus le grand public.

Deux grands défis : sortir de la crise et trouver un accord en matière de lutte contre le changement climatique

Les priorités de la Présidence suédoise, ce seront donc la crise économique et la lutte contre le changement climatique. L’objectif est de faire le maximum pour préparer une sortie de crise en continuant le travail lancé pour lutter contre la récession et pour rétablir la confiance, mais aussi en veillant à trouver à long terme une solution pour faire face aux difficultés qui résultent de trop grands déficits publics.

La question de l’emploi, bien que relevant de la compétence nationale, ne sera pas occultée par une Présidence suédoise qui veillera à la pratique de l’échange d’expérience et de l’entraide en la matière.

Enfin, pour ce qui est de la surveillance des marchés financiers, l’accord trouvé pendant le Conseil européen de juin 2009 va être traduit en termes législatifs, et un document devrait être présenté dès septembre 2009. Le travail se poursuivra ensuite, l’objectif étant de mettre en place un nouveau système de surveillance des marchés financiers d’ici fin 2009 ou début 2010.

Le dossier "Climat" est un autre défi de taille pour Stockholm, car si le travail est en route, il s’agit d’ici à la Conférence de Copenhague de décembre 2009 "d’unir l’Union sur une position ferme" tout en s’efforçant d’obtenir une participation de pays comme la Chine ou les Etats-Unis, afin d’arriver à fixer comme objectif pour 2020 une baisse des émissions de gaz carbonique de 30 %. Et la question du financement des mesures de lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement reste épineuse, comme c’est toujours le cas quand il s’agit de partager les frais.

Programme de Stockholm et Stratégie pour la Mer Baltique comptent parmi les dossiers que veut faire avancer la Présidence suédoise

Une autre ambition de la Suède pour les six mois à venir concerne la Justice et les Affaires intérieures. L’objectif que s’est fixé la nouvelle Présidence est en effet d’adopter un nouveau programme de travail stratégique qui prendrait le relai du Programme de la Haye pour la période 2010-2014. Ce Programme de Stockholm inclurait ainsi les questions policières, frontalières et douanières, la justice, ainsi que la politique d’asile, de migration et de visa. La Suède veut faciliter la circulation des citoyens, œuvrer pour plus de transparence sur les possibilités qui leur sont offertes, mais aussi mieux garantir le droit des personnes. La création d’un système commun d’asile est aussi au menu tandis qu’en matière de migration, il s’agira d’élaborer une politique commune pour faire face au besoin grandissant en main d’œuvre d’une Union européenne qui vieillit.

La Présidence suédoise a fixé aussi en tête de son agenda la Stratégie de l’Union européenne pour la Mer Baltique. Il s’agit dans un premier temps de regrouper les efforts et les instruments qui existent déjà pour ensuite attaquer de front les importants problèmes environnementaux auxquels est confronté cet espace fragile qu’est la Mer Baltique et que l’Union européenne partage avec son voisin russe. Il devrait en être question dès le mois de septembre et Agneta Söderman a bon espoir que l’Union européenne puisse arriver à un accord sur la question au Conseil européen des 29 et 30 octobre 2009.

Les relations extérieures

En ce qui concerne plus généralement les relations extérieures, il est prévu de poursuivre les relations avec les voisins de l’Union européenne, et l’ambassadrice suédoise a rappelé que la Présidence se tenait prête à faire face à toute sorte d’imprévu pouvant survenir, notamment au mois d’août, car c’est souvent au beau milieu des vacances estivales que les crises se plaisent à éclater.

Le processus d’élargissement en cours va se poursuivre, et ce notamment avec la Croatie qui est tout près du but, la Turquie et les autres pays des Balkans qui ont fait leur demande d’adhésion. Et puis peut-être aussi l’Islande, si elle en vient à introduire sa demande pendant la Présidence suédoise.

Une des plus grandes réunions qui se tiendra à Stockholm réunira 3500 délégués du 22 au 24 octobre 2009 à l’occasion des Journées européennes du Développement, un thème qui tient autant à cœur à la Suède qu’au Luxembourg ainsi que l’a souligné Agneta Söderman.

Et c'est là sans compter les sept sommets que l'UE va tenir avec l'Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, les Etats-Unis,  l'Inde, la Russie et  l'Ukraine au cours des six prochains mois.