Alors que les collections de la bibliothèque numérique européenne Europeana ont plus que doublé depuis son lancement en novembre 2008, la Commission européenne a publié le 28 août 2009 un document d'orientation dans lequel elle fixe l'objectif d'un total de 10 millions de documents numérisés d'ici à 2010.
De 2009 à 2011, le programme communautaire eContent plus contribuera au budget d’Europeana à hauteur de 80 % environ, soit 2,5 millions d’euros par an. Les États membres et les institutions culturelles financeront les 20 % restants. Jusqu'en 2013, la Commission européenne pourra continuer à apporter à Europeana un soutien à hauteur de 9 millions d'euros par l'intermédiaire de son programme-cadre pour la compétitivité et l'innovation . Europeana, dont les bureaux se trouvent à la bibliothèque nationale néerlandaise à La Haye, est gérée par l'European Digital Library Foundation (EDL).
A ce jour, Europeana compte 4,6 millions de documents numérisés alors qu'ils n'étaient que 2 millions il y a neuf mois. Parmi les œuvres qui ont complété les collections, on peut mentionner une série de 70 incunables (livres imprimés avec les premières techniques d'impression) de la bibliothèque de Catalogne, une édition de 1572 de "Os Lusíadas" par Luís de Camoẽs, le poème national du Portugal, et une séquence filmée de 1913 montrant la Friedrichstraße à Berlin provenant de l'Association des cinémathèques européennes.
Quand on regarde plus attentivement quels sont les pays qui ont jusqu’ici contribué le plus à enrichir la bibliothèque numérique européenne, on constate des divergences très grandes, la France ayant apporté près de la moitié (47 %) des contenus d’Europeana. Le Luxembourg, qui a apporté 0,4 % de ces 4,6 millions de documents numérisés, fait cependant bonne figure devant les nombreux pays qui n’ont apporté une contribution n’atteignant pas 0,1 % de l’ensemble.
Toutefois, les progrès considérables réalisés par Europeana ont aussi mis en lumière les défis et les problèmes liés au processus de numérisation. Pour le moment, Europeana comporte essentiellement des livres numérisés faisant partie du domaine public, autrement dit qui ne sont plus protégés par le droit d'auteur (lequel s'applique pendant 70 ans après la mort de l'auteur).
À l'heure actuelle, Europeana, pour des raisons juridiques, ne compte pas d'œuvres épuisées (soit 90 % des ouvrages des bibliothèques nationales européennes) ni d'œuvres orphelines (qui représenteraient 10 à 20 % des collections soumises au droit d'auteur), qui sont des documents soumis au droit d'auteur mais dont l'auteur ne peut être identifié.
Par ailleurs, Europeana a révélé à quel point le cadre juridique pour l'utilisation d'œuvres protégées était fragmenté en Europe. Ainsi, un agrégateur français a-t-il dû retirer des photographies d'Europeana car il n'avait le droit de diffuser ces œuvres qu'en France.
Afin de trouver des solutions à ces problèmes, la Commission a lancé le 28 août 2009 une consultation publique sur l'avenir d'Europeana et sur la numérisation des livres, qui va se poursuivre jusqu'au 15 novembre 2009.
Les questions posées par la Commission sont notamment les suivantes : Comment faire en sorte que les œuvres numérisées soient accessibles à tous les Européens ? Faut-il renforcer la coopération avec les éditeurs en ce qui concerne les œuvres soumises au droit d'auteur ? Serait-il souhaitable de créer des registres européens des œuvres orphelines et épuisées? Comment Europeana devrait-elle être financée à long terme?