Le 10 septembre 2009, la Commission a présenté un projet de position de négociation sur le soutien financier que l'Europe pourrait apporter aux pays en développement dans le cadre des négociations climatiques.
Cette proposition très attendue doit servir de base aux 27 Etats membres pour trouver une position commune de l’UE en vue des négociations qui seront menées en décembre prochain lors du sommet de Copenhague. L’aide que les pays riches devront verser aux pays pauvres afin qu'ils développent des économies faibles en émissions de carbone et qu’ils s’adaptent aux conséquences du changement climatique est en effet un des enjeux de ce sommet.
Dans ce document, la Commission européenne chiffre à 100 milliards d'euros par an les besoins des pays pauvres pour lutter contre le changement climatique d'ici 2020.
Une enveloppe annuelle qui se composerait d'un financement public international venant "des nations industrialisées et des pays en développement les plus avancés économiquement" dans une fourchette allant de 22 à 50 milliards d'euros par an d'ici 2020. La contribution de ces pays devrait être calculée en fonction de "leurs capacités à payer", mais aussi de "leurs émissions polluantes".
La contribution publique de l’Union européenne atteindrait dans ce contexte entre 2 et 15 milliards d’euros par an d’ici à 2020, "à supposer qu'un accord ambitieux soit trouvé à Copenhague".
Pour 2013, la Commission estime que les pays en voie de développement pourraient avoir besoin, en termes de financements publics internationaux, de 9 à 13 milliards d’euros par an en 2013 et la contribution publique européenne devrait donc atteindre entre 900 millions et 3,9 milliards d’euros en 2013.
Selon les chiffres donnés pas la Commission européenne, les pays en voie de développement auraient à couvrir eux-mêmes, par des financements publics et privés, entre 20 et 40 % de ces 100 milliards d’euros annuels.
Les 40 % restants pourraient provenir d’un marché international du carbone, un chiffre auquel arrive la Commission européenne en supposant que les pays développés s’en tiennent à l’objectif d’une réduction collective des émissions de 30 % et qu’un mécanisme de crédit sectoriel soit introduit dans les pays en voie de développement les plus avancés à la place du "Mécanisme de Développement propre" (CDM) qui fonctionne sur la base de projets.
Claude Turmes, eurodéputé luxembourgeois, a réagi le jour même par voie de communiqué en dénonçant, au nom du groupe Verts du Parlement européen, "le flou et l'insuffisance de la proposition européenne".
Aux yeux des Verts, - qui semblent se plaire à contredire les déclarations du président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui déclarait le matin même à Bruxelles en présentant ce projet "Je suis déterminé à ce que l'Europe continue à avoir un rôle de leader", - "les chiffres annoncés comme la stratégie de négociation de la Commission confirment malheureusement la fin du leadership européen sur le climat".
Claude Turmes tient tout d’abord à rappeler que la proposition de la Commission au sujet du montant financier que l’Europe sera prête à apporter aux pays en développement pour qu'ils puissent faire face aux bouleversements climatiques était attendue de longue date. Ce soutien, et surtout le chiffre qui sera fixé, devrait être un des enjeux majeurs du Sommet de Copenhague de décembre. Pourtant, quand Turmes commente le document livré le 10 septembre, il affirme que "en nous abreuvant de chiffres, la Commission semble vouloir nous perdre pour masquer la réalité".
Selon Claude Turmes "l'Europe est prête à consacrer au défi climatique des pays en développement entre 2 et 15 milliards d'euros par an, quand les experts de la société civile et le Parlement européen en demandent au moins 30 !". Et l’eurodéputé de poursuivre sa diatribe : "Ce n'est pas en répétant continuellement que l'Europe est le moteur de la lutte contre le changement climatique que José Manuel Barroso et les chefs d'Etat européens arriveront à convaincre le reste du monde, c'est en posant des actes à la hauteur des défis. On est aujourd'hui loin du compte!"
Pour les Verts en effet, la reconnaissance d'un besoin de soutien financier urgent, avant l'expiration officielle du Protocole de Kyoto, ne comble pas l'écart croissant entre l'objectif affiché de l'Union européenne d'éviter un réchauffement climatique de plus de 2°C et le niveau de ses engagements actuels. L’UE doit donc à leurs yeux s'engager impérativement à réduire ses propres émissions de 40% d'ici à 2020 et à apporter un soutien financier de plus de 30 milliards d’euros.