Le 7 septembre 2009, les ministres de l’Agriculture de l’UE se sont réunis à Bruxelles pour un Conseil Agriculture qui était attendu. La situation sur le marché du lait, rendue très difficile depuis de longs mois en raison du prix très bas qui est payé aux producteurs, était en effet à l’ordre du jour. C’est notamment sur la base de l’analyse du marché et des propositions faites par la Commission européenne le 22 juillet 2009 que devaient discuter les ministres. Romain Schneider, ministre de l’Agriculture du nouveau gouvernement, y représentait le Luxembourg pour la première fois.
C’est dans un premier temps à la levée des quotas, qui doit se faire progressivement en vue de leur suppression définitive d’ici à 2015, que s’en sont pris, conduits par l’Allemagne et la France, six pays européens. Ils proposaient plus précisément un gel temporaire de la levée des quotas à partir de l’année 2010-2011. Une idée rejetée fermement tant par la Commission européenne que par les autres ministres présents qui estiment que la chute des prix s’explique par une baisse de la demande et qui notent une "légère reprise" du marché.
Une analyse partagée aussi par Romain Schneider qui s’est prononcé contre le gel de la levée des quotas. Comme le rapporte le Tageblatt dans son édition du 8 septembre 2009, Romain Schneider estime en effet que "cela ne serait pas une solution, et pas non plus pour le Luxembourg" car "les producteurs de lait qui ont déjà investi pour s’adapter à la nouvelle situation seraient lésés".
C’est finalement une autre initiative lancée par le duo franco-allemand qu’a soutenu Romain Schneider. 16 des 27 pays de l’UE, à savoir l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, l'Estonie, la Finlande, la France, la Hongrie, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, se sont dits favorables à une nouvelle régulation du secteur laitier pour accompagner la suppression des quotas.
Les ministres qui se sont prononcés en faveur de ce texte jugent que les mesures existantes ont "contribué à éviter un effondrement supplémentaire des marchés, mais ne sont pas suffisantes pour améliorer la situation à laquelle les exploitations ont à faire face", et ils demandent par conséquent "des réponses de court terme pour accompagner la sortie du régime des quotas laitiers".
Parmi les mesures envisagées, le Tageblatt cite par exemple une hausse temporaire du prix d’intervention ou bien une hausse des aides à l’export pour le beurre, le lait en poudre et le fromage et ce sans provoquer de distorsion du marché dans les pays en voie de développement. Il s’agirait aussi de veiller à ce que les stocks de beurre et de lait en poudre ne soient pas vendus avant une hausse des prix. Il est aussi question de réfléchir à un programme européen de modernisation et d’adaptation du secteur laitier.
A long terme, les 16 appellent à de "nouvelles formes de régulation au niveau européen afin que le secteur du lait ne dépende pas uniquement des règles du marché". Comme l’a souligné Romain Schneider, il s’agirait là d’introduire "une base légale dans les relations entre les différents acteurs de la chaîne agroalimentaire afin de garantir aux producteurs des prix équitables".
Par ailleurs, le Luxembourg s’est prononcé, avec l’Allemagne et l’Autriche, pour plus de transparence et d’information à l’attention du consommateur. Les ministres de ces pays ont en effet appelé la Commission européenne à veiller à une claire identification des produits contenant des substituts du lait afin que les consommateurs ne soient pas induits en erreur.
Si les longues discussions des ministres de l’Agriculture n’ont abouti à aucune décision sur le marché du lait à l’issue de ce Conseil, la Commission européenne a cependant pris note de ces deux propositions et s’est engagée à les analyser, ainsi que l’a rapporté au Tageblatt Romain Schneider. Et ce même si certaines revendications, comme la hausse des aides à l’export, ont d’ores et déjà été jugées "inacceptables" par Mariann Fischer Boel, membre de la Commission européenne en charge de l’Agriculture.
En plus du rapport sur le prix des produits alimentaires que la Commission européenne entend livrer d’ici la fin de l’année – une initiative saluée par le ministre luxembourgeois -, Mariann Fischer-Boel a annoncé qu’une nouvelle analyse trimestrielle de la situation du marché du lait serait livrée à l’occasion du prochain Conseil Agriculture qui aura lieu à Luxembourg les 19 et 20 octobre 2009.