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Opinion
Eurobaromètre 71.3 du printemps 2009 - Un timide regain d’optimisme semble se dessiner au Luxembourg
Le chômage, préoccupation majeure des résidents du Luxembourg
24-09-2009


EB 71.3 Rapport national sur le LuxembourgLe 24 septembre 2009, Charles Margue, directeur de recherches chez TNS ILReS, présentait à la Maison de l’Europe les résultats pour le Luxembourg de l’Eurobaromètre 71.3 du printemps 2009. Cette enquête, réalisée chaque automne et chaque printemps, fait le point sur la vie des citoyens de l’Union européenne et la perception qu’ils en ont. L’image de l’UE et la confiance dans les institutions, tant nationales qu’européennes, ainsi que les priorités futures des actions de l’UE y sont aussi analysées.

Au Luxembourg, l’enquête a été réalisée entre le 12 mai et le 6 juillet 2009, soit avant et après les élections législatives et européennes du 7 juin 2009, auprès d’un échantillon de 530 personnes, dont 65 % sont de nationalité luxembourgeoise et 35 % des ressortissants d’autres Etats membres de l’UE. Dans son commentaire, le rapport spécial, élaboré pour le compte de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, se réfère donc aux habitants du Luxembourg, entité plus large que les seuls citoyens de nationalité luxembourgeoise.Ernst Moutschen et Charles Margues

Ce rapport traduit une tendance à une baisse du pessimisme qui s’était fait vivement sentir dans le dernier Eurobaromètre de l’automne 2008, et Ernst Moutschen, chef de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg a ainsi évoqué une "ambiance plus positive". Pour Charles Margue, l’opinion s’est "stabilisée" et ce au bénéfice des décideurs et des instances politiques qui ont eu à agir face à la crise financière et économique.

Le Luxembourg affiche un des taux de satisfaction quant à la vie menée les plus élevés

Avec un taux de satisfaction de 96 %, le Grand-Duché de Luxembourg se classe en deuxième position, ex aequo aux côtés des Pays-Bas, de la Finlande et de la Suède, des pays possédant les taux de satisfaction les plus élevés quant à la vie menée par les habitants. Le Danemark, avec 98 %, se place en première position. Le Luxembourg gagne 6 points dans le taux de satisfaction des sondés par rapport à l’automne 2008 (90 %). Pour Charles Margue, ce fort taux de satisfaction va de pair avec la confiance accordée à l’exécutif.

Charles Margue s’est attaché aussi à comparer les taux de satisfaction générale du Luxembourg et de ses voisins, et il s’avère que dans les quatre pays voisins du Grand-duché, Belgique en tête, le taux de satisfaction dépasse la moyenne européenne (77 %). Le statisticien n’a pas manqué de relever cependant le taux de satisfaction particulièrement bas exprimé au Portugal, d’où proviennent de nombreux résidents du Grand-duché, où seulement 51 % des sondés ont exprimé leur satisfaction, ce qui constitue pourtant un chiffre en hausse par rapport à l’automne 2008.

Le Luxembourg affiche un certain regain d’optimisme quant à la situation économique

Quant à la situation économique dans le monde, il ne paraît pas surprenant aux auteurs du rapport national pour le Luxembourg, d’observer au vu de la crise économique, une diminution, au niveau européen et au niveau du Luxembourg, du taux des sondés estimant que la situation de l'économie dans le monde est bonne. Les taux passent ainsi de 20 % à 15 % au niveau européen, et de 15 % à 9 % au niveau national. Dans cette logique, il n’est également pas surprenant de voir les taux de sondés, estimant que la situation est mauvaise, augmenter : ils passent dans la moyenne européenne de 71 à 77 % et de 82 % à 88 % au niveau du Luxembourg.

Alors que la proportion de sondés estimant que la situation écomonique dans l’Union européenne est bonne a grandement chuté (23 %, - 10), au Luxembourg, ce taux reste stable (34 %, - 1) et est de ce fait désormais nettement supérieur à la moyenne européenne.

La situation économique du Luxembourg est jugée par 70 % des sondés comme étant bonne (60 % à l'automne 2008). L’évaluation positive de la situation de l’emploi au Luxembourg (45 %, - 1) ou encore de la situation professionnelle des sondés (69 %, - 1) reste stable par rapport à l’automne 2008, cette dernière n’étant jugé "bonne" que par 52 % des sondés dans l’UE. En revanche la proportion de sondés jugeant "bonne" la situation de leur ménage (89 %, + 10) s’est nettement accrue au Luxembourg. La situation de l’environnement connaît elle aussi, une hausse de l’optimisme, puisqu’elle passe, au Luxembourg, de 65 % de sondés estimant qu’elle est bonne à l’automne 2008, à 70 % au printemps 2009.

La plupart des sondés ne s’attendent pas à ce que leur situation personnelle change dans l’année à venir

La plupart des habitants du Grand-duché et de l’UE (58 %, UE : 56 %) ne s’attendent pas à ce que leur situation personnelle change au cours de l’année à venir mais, d'une façon générale, 28 % des résidents au Luxembourg (UE : 27 %) s'attendent à une amélioration de leur situation personnelle. Pour Charles Margue, le "pic" d’appréhension quant à l’avenir qui s’est fait sentir à l’automne 2008 est maintenant passé, ce qui est aussi le cas à l’échelle de l’UE où la majorité des répondants ne s’attend pas, comme au Luxembourg, à ce que leur situation personnelle change dans les douze mois à venir.

Quant aux attentes concernant la situation économique future, le pessimisme, toujours présent, est cependant moins marqué qu'en 2008. En effet, 40 % des sondés (54 % à l'automne 2008, 49 % au printemps 2008) sont pessimistes quant à la situation économique future du Luxembourg et 10 % sont pessimistes quant à la situation financière de leur ménage (21 % à l'automne 2008, 16 % au printemps 2008).

On peut relever cependant qu’au Luxembourg, 52 % des sondés sont pessimistes quant à l'évolution de la situation économique dans l'UE (60 % à l'automne 2008, 47 % au printemps 2008), ce qui reste un chiffre très élevé par rapport à la moyenne européenne (28 %), un écart que l’on pouvait déjà observer dans les résultats du dernier Eurobaromètre et qui peut s’expliquer, selon Charles Margue, par le fait que, satisfaits de leur vie, les résidents du Luxembourg perçoivent la situation générale de façon plus mauvaise sans doute car ils ont plus à perdre que d’autres dans l’UE.

Le chômage constitue le principal problème national

Au Luxembourg, le taux de chômage constitue le problème national cité comme le plus important dans l'opinion des personnes interrogées (52 %), soit une augmentation de 32 points depuis l'automne 2008, et un résultat supérieur à la moyenne européenne (49 %). Vient ensuite, dans une moindre mesure, la situation économique (33 %, + 3) qui est citée pourtant par 42 % des sondés de l’UE. Suivent le problème du logement, qui est spécifique au Luxembourg (25 %, - 2), ainsi que l'inflation (18 %, - 31), qui était encore considérée comme le problème n°1 à l’automne 2008. Le système éducatif (15 %, - 4) est ensuite cité, ce qui traduit selon Charles Margue l’écho trouvé par la réforme dont il a été beaucoup question ces derniers mois au Luxembourg. Viennent ensuite l'insécurité (11 %, - 6) et les retraites (9 %).

La tendance à la baisse dans la confiance dans l’UE semble se stabiliser au Luxembourg

La confiance des habitants du Luxembourg dans les institutions nationales reste élevée. Le degré de confiance le plus important revient au Gouvernement (77 %, 60 % à l'automne 2008, 55 % au printemps 2008). La Chambre des députés obtient un degré de confiance de 67 % (56 % à l'automne 2008, 55 % au printemps 2008). Des chiffres dans lesquels Charles Margue lit la légitimité dont bénéficient tant le Gouvernement que la Chambre des députés.

La confiance dans les institutions européennes est toujours élevée. Le Parlement européen et la Banque centrale européenne bénéficient encore d'une confiance très élevée, respectivement 61 % et 60 %, (resp. 64 et 60 % à l'automne 2008) des sondés, suivis par la Commission européenne (53 %, 57 % à l'automne 2008 ; 54 % au printemps 2008). Les auteurs du rapport relèvent, entre 2003 et 2009, une tendance générale à la baisse dans la confiance que les résidents du Luxembourg accordent aux institutions européennes. Charles Margue estime que cette tendance est en voie de stabilisation.

La confiance vis-à-vis de l’UE en général, exprimée par 55 % des répondants au Luxembourg, si elle connaît aussi une tendance à la baisse par rapport au printemps 2007 (- 7), est remontée de 8 points par rapport à l’automne 2008, et ce taux reste nettement supérieur à la moyenne européenne (47 %).

Par ailleurs, quand on demande aux sondés si, d'une manière générale, les choses vont dans la bonne direction ou dans la mauvaise direction dans leur pays, les répondants du Grand-duché estiment à 54 % que les choses vont dans la bonne direction, alors qu’ils ne sont, dans l’UE, que 27 % à opter pour cette réponse. Pour ce qui est de savoir comment vont les choses dans l’UE, l’optimisme des répondants luxembourgeois (33 % estiment que les choses vont dans la bonne direction) est très légèrement inférieur à celui exprimé dans l’UE (35 %).

Hausse du sentiment d’appartenance à l’Union européenne

Les sondés du Luxembourg estiment dans une large majorité que leur pays a bénéficié de son appartenance à l’UE et Charles Margue n’a pas manqué de relever que la tendance à la baisse de ces différents indicateurs, qui s’est ressentie notamment en 2005 et 2006, est en train de se résorber.

Ainsi, 79 % (+ 8) des résidents du Luxembourg estiment que le fait pour le Luxembourg d’appartenir à l’UE est une bonne chose, un chiffre très élevé par rapport à la moyenne européenne (52 %) qui fait du Luxembourg le pays le plus convaincu en la matière.

Pour 72 % des répondants (+ 4), l'UE a apporté des bénéfices au pays (UE: 56 %). Les sondés du Luxembourg estiment à 73 % que la voix du pays est prise en compte au sein de l’UE, mais ce taux baisse à 52 % pour les sondés qui pensent que les intérêts du Luxembourg sont pris en compte par l’UE.

Face à une moyenne européenne de 61 % de sondés s’étant exprimés en faveur d’une union monétaire européenne avec une seule monnaie, l'euro, le Luxembourg et la Belgique se positionnent en tête avec respectivement 86 % et 83 % de sondés de cet avis. Un point de vue favorable qui va de pair avec le fait que les sondés les plus convaincus par l'affirmation selon laquelle l'appartenance à la zone euro favorise la stabilité économique de leur pays sont ceux du Luxembourg, avec 67 % d’entre eux, suivis de la Belgique (59 %), tous deux se situant au-dessus de la moyenne européenne (49 %).

Libre circulation des personnes et monnaie unique continuent de faire l’Europe pour les résidents du Luxembourg

Au Luxembourg, l’Union européenne bénéficie d’une image positive auprès de 56 % des habitants (+ 10), 12% (- 5) en ont une image négative et 31% (- 4) ne s’expriment pas. Après la chute connue lors de l’eurobaromètre de l’automne 2008, le taux de répondants ayant une image positive de l’UE semble avoir connu un fort rebond et dépasse les chiffres de l’eurobaromètre du printemps 2008. Au niveau de l’UE en revanche, on ne note pas de changement, 45 % des répondants continuant à avoir une image positive de l’UE.

Pour les habitants du Luxembourg, l’Union européenne représente surtout la liberté de voyager, d'étudier et travailler dans l'UE (56 %; + 2), la monnaie unique (51 %; + 5) et la paix (44 %; + 7), mais également pas assez de contrôles aux frontières extérieures (20 %; - 4). La représentation que les résidents du Luxembourg se font de l’UE se distingue de façon assez nette de la moyenne européenne, les trois premières réponses citées par les répondants du Grand-duché dépassant en effet de plus de 14 points le nombre de sondés ayant opté pour elles dans l’UE. Charles Margue n’a pas manqué de relever non plus qu’au Luxembourg, les sondés sont moins enclins à associer l’UE à l'idée d'un gaspillage d’argent (17 %, UE : 20 %) ou de la bureaucratie (12 %, UE : 19 %) que la moyenne.

Environnement, questions sociales et santé, lutte contre le changement climatique et immigration devraient faire l’objet d’actions intensifiées de l’UE à l’avenir pour les répondants du Luxembourg

Au Luxembourg, les sondés estiment que les actions futures de l'UE devraient être intensifiées dans les questions environnementales (58 %, UE : 41 %), - et on peut noter une hausse de 31 points par rapport à l’automne 2008 que Charles Margue met en corrélation avec la tenue prochaine de la Conférence de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique. Les questions sociales et de santé (55 %, UE: 52%) connaissent elles aussi un regain d’intérêt pour les répondants du Luxembourg ( + 34), et Charles Margue n’a pas manqué de souligner qu’il était d’intéressant de voir qu’il s’agissait d’un domaine ne relevant pas des compétences de l’UE et dans lequel les différences d’un pays à l’autre sont particulièrement importantes. "Les Luxembourgeois se montrent là, de même que dans l’éducation, plus européens que l’Europe elle-même", a glissé le statisticien qui a relevé en revanche que les répondants du Luxembourg étaient nettement moins intéressés à ce que l’UE mette l’accent sur les affaires économiques (36 %, UE 65 %) que la moyenne européenne.

Suivent la lutte contre le changement climatique (51 %, UE: 34 %), les questions d'immigration (48 %, UE: 49 %), la solidarité avec les régions les plus pauvres (47 %, UE: 40 %) ainsi que la politique européenne de l'éducation (44 %; UE: 29 %).

En vue d'aider les gens à surmonter les effets de la crise économique et financière, 50 % des habitants du Luxembourg estiment que l'UE devrait donner la priorité au soutien des PME (UE: 37 %) et 31 % aux investissements dans l'éducation, la formation et la recherche (UE: 26 %).

Le Luxembourg reste un champion du rejet de l’élargissement

Alors que dans la moyenne européenne affiche 43 % de sondés favorables à l’élargissement de l’UE à d’autres pays dans les années à venir, les pays les moins favorables à un éventuel élargissement sont par ordre, le Luxembourg (67 %), l’Allemagne (66 %), la France (63 %) et enfin la Belgique qui compte un peu plus de la moitié des sondés défavorables (53 %). Le Portugal quant à lui obtient un taux de seulement 24 % d’avis négatifs. La durée d’appartenance à l’Union européenne est, pour les auteurs du rapport, un facteur déterminant dans le positionnement de ces pays.

Invités à s’exprimer sur l’idée d’une vitesse de la construction européenne plus élevée dans des groupes de pays par rapport à d'autres, 39 % des sondés se sont déclarés favorables à cette idée dans l’UE. Le Luxembourg (47 % d’avis favorables) se positionne au-dessus de manière assez significative.

Les valeurs démocratiques sont au Luxembourg l’élément essentiel de l’identité européenne

Pour 50 % des résidents du Luxembourg, les valeurs démocratiques constituent l'élément le plus important de l'identité européenne (UE : 41 %) et pour 36 %, un haut niveau de protection sociale (UE : 24 %). Charles Margue a relevé que ce qui était lié au passé et qui était souvent mis en avant par les politiques comme porteur de l’identité européenne, comme la culture commune (19 %) ou encore un héritage religieux commun (7 %), était loin de venir en tête dans l’idée que se font les sondés de l’identité européenne.

Quant au sentiment d’identité nationale, il dépend, pour 58 % des sondés au Luxembourg, du sentiment d'appartenance, et pour 51% des sondés, du fait de maîtriser une des langues officielles du pays, tandis qu’être né au Luxembourg n’est cité que par 28 % des sondés au Luxembourg.