En sa qualité de président de l’Eurogroupe, et à quelques heures du Conseil européen informel qui a pour objectif de coordonner les positions européennes en vue du sommet du G20 à Pittsburgh les 24 et 25 septembre prochains, Jean-Claude Juncker a affirmé le 17 septembre 2009 au Deutschlandfunk que les Européens pourraient décider seuls de limiter les rémunérations dans la banque, même en cas de réticence américaine.
Le président de l'Eurogroupe, qui plaide pour une limitation des bonus des banquiers, a déclaré qu’il "s'agira à Pittsburgh de convaincre nos amis américains qu'un nouveau code de conduite doit faire son entrée dans les affaires financières. Si cela devait échouer (...), je soutiens fermement l'idée selon laquelle nous devons faire en Europe ce que nous pensons être nécessaire, que les Américains coopèrent ou non." Et il a ajouté : "Il faudra un cavalier seul des Européens, qui prendra tellement d'ampleur avec le temps que les Américains ne pourront rester à l'écart."
Jean-Claude Juncker est convaincu que le sommet du G20 de Pittsburgh, qui aura pour tâche de tenter de réformer la régulation financière internationale et de coordonner les efforts des pays les plus avancés pour sortir de la crise, et où les Européens iront avec des positions coordonnées, ne sera pas un échec, car "personne ne peut se permettre un échec".
Le code de conduite que Juncker préconise prévoit une mise sous contrôle des transactions bancaires transfrontalières, dans le sens où aucun nouveau produit financier doit pouvoir se développer où que ce soit dans le monde de manière incontrôlée. Ce à quoi les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE s’appliqueront dans un premier temps le 17 septembre 2009.
Une autre question qui sera abordée sera la taille des banques qui ne devrait plus atteindre un niveau tel que leurs difficultés puissent rendre vulnérables, voire exposer à des chantages les Etats. Des règles plus claires concernant le capital propre des banques devraient également être discutées.
Jean-Claude Juncker a admis qu’il sera difficile de convaincre les Britanniques, mais il sera selon lui inévitable de limiter les bonus des managers et de prévenir les prises de risque irrationnelles. Aussi pense-t-il que s’il y a un système de bonus, il devrait aussi y avoir un système de malus, et que ces deux faces d’un même système devraient être évaluées sur les résultats à long terme de l’entreprise.
Le président de l'Eurogroupe a regretté que "sur quelques places financières, on agit de nouveau comme si rien ne s’était passé. (..) Il n’est pas admissible que des comportements se répètent qui nous entraîneront dans un avenir proche dans un désastre financier qui ressemblerait à celui que nous vivons actuellement."