Le 27 octobre 2008, les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis à Luxembourg à l’occasion de la session "Relations extérieures" du CAGRE dont la première partie, consacrée aux Affaires générales, s’était tenue la veille, toujours à Luxembourg. Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, a fait le point sur cette réunion à l’occasion d’une conférence de presse.
Parmi les nombreux sujets abordés par les ministres au cours de cette session du Conseil Affaires générales et Relations extérieures, Jean Asselborn a tenu dans un premier temps à revenir sur l’Afghanistan. Redisant une fois de plus "chapeau" à ceux qui sont allés voter en Afghanistan, malgré le danger encouru par nombre d’entre eux, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a rappelé, que selon les résultats publiés par la commission électorale, Hamid Karzaï avait obtenu au 1er tour des élections 49,67 % des suffrages. Saluant le courage qu’il avait fallu pour compter les bulletins invalidés, Jean Asselborn a rappelé le rôle important joué par la mission d’observation de l’UE dans le processus. L’UE est ainsi prête à mettre en place une nouvelle mission d’observation en vue du second tour des élections qui se tiendra le 7 novembre 2009.
Ainsi que l’a rappelé le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, l’UE dépense chaque année 140 millions d’euros pour l’Afghanistan, un montant que les ministres des 27 veulent désormais s’engager à augmenter. C’est en termes de formation de policiers, de juges, - c’est-à-dire de ceux qui permettent le fonctionnement d’un Etat de droit – que l’UE tient à s’engager encore plus. Des efforts vont donc être faits pour arriver aux 400 policiers que devraient compter la mission EUPOL en Afghanistan.
Un sujet sur lequel le ministre reviendra très bientôt plus en détail devant la Chambre des Députés pour ce qui concerne l’implication du Luxembourg. Pour conclure sur cette question, Jean Asselborn a cependant tenu à rappeler que les objectifs restent de protéger la population civile et de contribuer à la reconstruction d’un pays qui reste parmi les plus pauvres au monde.
Les ministres des Affaires étrangères ont aussi abordé la question, qui compte parmi les plus complexes aux yeux de Jean Asselborn, du processus de paix au Proche-Orient. Pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, la situation est pour le moment arrivée à un point de quasi-blocage. Regrettant que rien n’ait pu avancer depuis la rencontre à New York entre Barack Obama, Benyamin Netanyahu et Mahmoud Abbas à la fin du mois de septembre 2009, Jean Asselborn a cependant salué les quelques signaux positifs parvenus de Cisjordanie en termes de possibilités de circulation et de vitalité économique.
Le chef de la diplomatie a cependant souligné que les colonies continuent peu à peu à s’installer, ce qui, à ses yeux, pourrait conduire à un morcellement du territoire de la Cisjordanie. Ce qui est loin des objectifs visés tant par l'UE que par les Etats-Unis qui veulent qu'un futur Etat palestinien dispose d'un territoire unifié. Quant à la situation à Gaza, Jean Asselborn a regretté que, côté israélien, "rien ne se passe" alors que, pour la population, il est très difficile d’avoir de l’eau potable, de l’électricité, ou même des vivres. En bref, la bande de Gaza est à ses yeux un des lieux où la situation pourrait, à tous moments, exploser.
Après avoir fait référence à l’article d’Avi Primor paru dans la Süddeutsche Zeitung du 22 octobre 2009, dans lequel l’ancien ambassadeur d’Israël estime qu’Israël ne pourra pas se permettre de nouvelle guerre avant longtemps et critique tant le rapport Goldstone que l’attitude israélienne à son égard, Jean Asselborn a expliqué que le parti du Premier ministre israélien, le Likoud, avait désormais le champ libre au vu de l’affaiblissement du parti Kadima ainsi que du parti d’Ehoud Barak. Ce qui manque, selon Jean Asselborn, c’est une certaine résistance de la population vis-à-vis de la politique menée.
Par ailleurs, le rapport Goldstone a selon Jean Asselborn affaibli le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui a décrété la tenue d’élections en janvier 2010. Si la direction palestinienne fait preuve de bonne volonté et de compétences, Jean Asselborn constate cependant qu’elle n’avance pas d’un millimètre.
Les ministres des 27 n’ont pas pu se mettre d’accord en détail, mais, pour Jean Asselborn, il est essentiel que l’UE et les Etats-Unis arrivent à faire pression sur quatre points qui lui semblent essentiels, à savoir le statut de Jérusalem – et le ministre a insisté sur la situation explosive qui règne dans la ville - , les réfugiés, les frontières et la sécurité. "On ne peut qu’espérer que les choses se débloquent, et cela ne pourrait venir que d’une initiative commune des Etats-Unis et de l’UE" a conclu le ministre luxembourgeois.
Les ministres des Affaires étrangères ont abordé bon nombre d’autres sujets et sont arrivés à des conclusions sur des questions comme la situation au Sahel, en Guinée, dans la Région des Grands Lacs, en Ouzbékistan, qui, en guise d’encouragement, a vu lever les sanctions prises à la suite des violences de 2005, au Yémen, ou encore en Indonésie. Ils ont aussi fait le point sur les Balkans occidentaux, s’attardant notamment sur la situation en Bosnie-Herzégovine, pays qui, comme l’a expliqué Jean Asselborn, ne se voit pas et ne se comporte pas comme un Etat, ainsi qu’en témoignent les groupes de population vivant chacun de leur côté.