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Emploi et politique sociale
Enquête Eurobaromètre sur la pauvreté et l’exclusion sociale
28-10-2009


Sondage Eurobaromètre de septembre 2009 sur la pauvreté et l'exclusion socialeSelon la définition commune de l’Union européenne, toute personne dont les revenus sont inférieurs de 60 % au revenu moyen des ménages du même pays est considérée comme exposée à la pauvreté. Dans l’UE, près de 80 millions de citoyens, soit 16 % de la population, vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté. Nombre d’entre eux se heurtent à de sérieux obstacles en termes d’accès à l’emploi, à l’éducation, à un logement ainsi qu’aux services sociaux et financiers.

Une enquête Eurobaromètre menée en septembre 2009 a levé le voile sur les nombreuses facettes de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Elle a notamment examiné à quel point les citoyens étaient conscients de l’étendue de la pauvreté au sein de l’UE, quelles étaient, à leurs yeux, les causes personnelles et sociétales associées à la pauvreté et qui, selon eux, était le plus exposé.

L’enquête a également cherché à savoir si les citoyens se sentaient menacés, d’une manière ou d’une autre, par le spectre de la pauvreté, comment la pauvreté pouvait les empêcher de profiter pleinement des avantages qu’offre la société et s’ils percevaient l’accès aux services financiers comme aisé ou difficile, et dans quelle mesure. Enfin, l’enquête s’est penchée sur la perception des citoyens quant à l’urgence d’une action gouvernementale de lutte contre la pauvreté ainsi que sur le niveau de pouvoir perçu comme le principal responsable.

Au total, près de 27 000 citoyens, issus de tous les États membres et sélectionnés de manière aléatoire, ont été interrogés en face à face entre le 28 août et le 17 septembre 2009.

84 % des Européens jugent que la pauvreté s'est accrue dans leur pays

Les résultats de l’enquête révèlent que 84 % des Européens estiment que la pauvreté s'est "accrue" dans leur pays les trois dernières années. 73 % des personnes interrogées dans l'UE ont l'impression que la pauvreté est "répandue" dans leur pays, ce qui est le cas pour seulement 55 % des Luxembourgeois, mais 86 % des Français, 75 % des Belges et 72 % des Allemands. Plus de 90 % des Roumains, des Bulgares et des Hongrois sont également de cet avis. A l'inverse, les Suédois ou les Danois sont plus de 60 % à penser que la pauvreté "n'est pas répandue" sur leur territoire.

Il est vrai que la perception de la pauvreté, mesurée par le sondage, reste subjective et diffère fortement d’un pays à l’autre. Près d'un quart des personnes sondées jugent par exemple qu'on est pauvre lorsqu'on vit avec des aides sociales, mais pour un nombre égal d'Européens, la pauvreté consiste à ne pas pouvoir acheter des denrées de base.

Les causes principales de la pauvreté89 % des Européens pensent que leur gouvernement national doit agir de toute urgence contre la pauvreté

Un taux de chômage élevé (52 % des répondants) et une insuffisance des salaires et des traitements (pour 49 %) sont les explications "sociétales" les plus souvent avancées en matière de pauvreté, suivies d’une insuffisance des prestations sociales et des pensions (29 %) et du coût excessif des logements décents (26 %). Au Luxembourg, 86 % des personnes interrogées jugent les coûts des logements décents de trop élevés.

Quant aux causes "personnelles", le manque d’éducation, de formation ou de qualifications (37 %), la pauvreté "héritée" (25 %) ainsi que la dépendance à l’alcool ou aux drogues (23 %) sont les plus souvent cités.

56 % des Européens pensent que les chômeurs sont le plus exposés au risque de pauvreté, suivis par les personnes âgées (41 %) et les personnes peu éduquées (31 %).

La situation financière personnelle des Européens

Pour autant les Européens se montrent plutôt confiants sur leur situation personnelle. Interrogés sur leur faculté à joindre financièrement les deux bouts, ils sont 30 % à juger cela "facile", 56 % "moyennement le cas" et 12 % "difficile". Les opinions sont évidemment beaucoup plus sombres parmi les chômeurs, qui sont par exemple 16 % à imaginer qu'ils pourraient un jour dormir sous les ponts (contre 7 % chez les titulaires d'un emploi).

Au Luxembourg, 47 % des personnes ont déclaré joindre les deux bouts facilement, 46 % moyennement, et seulement 5 % difficilement. Pour les pays voisins, ces chiffres sont de 45 %, 45 % et 9 % en Allemagne, de 38 %, 50 % et 11 % en Belgique, et de 25 %, 62 % et 12% en France. En Bulgarie, seulement 5 % des personnes interrogées disent joindre les deux bouts facilement, par rapport à 40 % qui ont des difficultés à le faire.

Les effets de la pauvreté

Près de neuf Européens sur dix (87 %) estiment que la pauvreté entrave l’accès à un logement décent. Pour huit répondants sur dix, la pauvreté limite l’accès à l’enseignement supérieur ou à la formation pour adultes et 74 % considèrent que la pauvreté compromet les chances de trouver un emploi. La majorité des Européens (60 %) pense que la pauvreté affecte également, de manière négative, l’accès à une éducation de base correcte. Pour 54 %, le maintien d’un réseau d’amis et de connaissances s’en trouve également contrarié.

Difficultés d’accès aux services financiers

74 % des Européens pensent que l'UE joue un rôle important dans la lutte contre la pauvretéSi la majorité des Européens ne fait pas état de difficultés d’accès aux services financiers, la situation est tout autre pour les plus vulnérables. Selon les résultats de l’enquête, sept chômeurs européens sur dix rencontrent des difficultés d’obtention d’un prêt hypothécaire, la moyenne européenne des personnes connaissant des problèmes en la matière atteignant 49 %. Pour 58 % des chômeurs, contre 34 % de moyenne européenne, il est également difficile d’obtenir un prêt et pour 47 % d’entre eux, l’obtention d’une carte de crédit est également entravée (la moyenne européenne étant de 27 %).

Près de trois quarts des Européens ayant des difficultés à joindre les deux bouts (72 %) ont du mal à obtenir un prêt hypothécaire, 64 % un prêt et 55 % une carte de crédit.

Qui doit prendre des mesures ?

Aux yeux de 89 % des Européens en moyenne, leur gouvernement national doit agir de toute urgence contre la pauvreté. Dans l’ensemble de l’Europe, 53 % des répondants estiment qu’il incombe avant tout au gouvernement national de prendre des mesures pour enrayer la pauvreté. Si les Européens ne considèrent pas l’UE comme la première instance dans la lutte contre la pauvreté, son rôle dans ce combat est néanmoins perçu comme important pour beaucoup (74 % des Européens le considèrent comme "important"). Par rapport à la moyenne européenne de 9 %, 20 % des Luxembourgeois pensent que la lutte contre la pauvreté relève principalement de la responsabilité de l’UE.

Que fait l’UE pour aider à combattre la pauvreté ?

Veiller à ce que chaque citoyen soit pleinement intégré au sein de la société est vital tant pour la prospérité de l’Europe que pour la qualité de vie au sein de l’Union. L’UE combat la pauvreté et l’exclusion sociale en aidant les États membres à travailler ensemble et à partager leurs expériences en la matière, à travers son processus de protection sociale et d’inclusion sociale. L’Union européenne coordonne et encourage les actions menées par les États membres en vue de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale et de réformer leurs systèmes de protection sociale sur la base d’un partage d’expériences. La valeur ajoutée d’une action à l’échelle européenne est de développer des objectifs et approches communs, mis en œuvre par les États membres via des plans d’action 2010 - Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion socialenationaux.

L’UE apporte également une contribution financière aux activités qui visent à prévenir et à combattre la pauvreté, par l’intermédiaire de divers instruments, tels que le Fonds social européen (qui représente 10 % du budget annuel de l’UE) et le programme PROGRESS (qui représente quant à lui un budget annuel d’environ 100 millions EUR).

La Commission européenne organise par ailleurs régulièrement des réunions paneuropéennes afin de mettre des idées en commun et de partager des approches politiques fructueuses, comme, par exemple, la table ronde annuelle sur la pauvreté ou des rencontres avec des citoyens en situation de pauvreté.

Par ailleurs, 2010 sera l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.