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Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn a rendu visite à son homologue espagnol, dont le pays va assurer la prochaine Présidence tournante du Conseil
Miguel Angel Moratinos a exposé les grandes priorités européennes du 1er semestre de 2010
16-12-2009


Jean Asselborn et Miguel Angel MoratinosLe 16 décembre 2009, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, a été reçu à Madrid par son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos, dont le pays s’apprête à prendre la Présidence tournante du Conseil au cours du premier semestre de 2010. Cette visite s’inscrivait, selon les mots de Miguel Angel Moratinos, dans "les efforts de chaque présidence pour s’adresser à l’opinion publique et aux citoyens de l’UE pour transmettre sa vision et ses priorités, et cette fois-ci pour l’étape dans laquelle l’UE entre au début de 2010", alors que le nouveau traité de Lisbonne est entré en vigueur avec ses innovations institutionnelles et politiques.

S’adressant à une délégation de la presse luxembourgeoise, le ministre Moratinos a déclaré que le Luxembourg et l’Espagne "sont les deux pays les plus européens possibles" de l’UE, qu’ils ont toujours œuvré ensemble pour faire avancer l’intégration européenne et renforcer la méthode communautaire. Il a rappelé que les deux pays, après le vote positif chez eux en 2005 en faveur du traité constitutionnel, mais aussi après le vote négatif en France et aux Pays-Bas, ont pris l’initiative de lancer un club de pays amis du traité constitutionnel, qui a contribué à sauver le maximum d’idées de ce traité en les reprenant dans le traité de Lisbonne dont la ratification a pu enfin être achevée. Le Luxembourg et l’Espagne sont satisfaits de cette nouvelle étape.

La mise en œuvre du traité de Lisbonne

La Présidence espagnole sera "européiste", a déclaré un Miguel Angel Moratinos, décidé à faire suivre ses paroles par des actes. La mise en œuvre du traité de Lisbonne, "qui illustre le mieux la nouvelle étape dans laquelle est entrée l’UE", est une première priorité de la Présidence espagnole. La représentation de l’UE à l’étranger changera. La Présidence espagnole s’efforcera d’apporter au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et à la Haute représentante pour la politique extérieure, Catherine Ashton, tout son appui pour rehausser leurs fonctions respectives. Elle appuiera également la mise en place rapide du Service européen d’action extérieure (SEAE), qui sera composé d’agents du Conseil, de la Commission et des services diplomatiques nationaux des Etats membres. Finalement, la présidence espagnole veut faire avancer l’adhésion, prévue par le traité de Lisbonne, de l’UE à la Convention européenne des droits de l’homme dont le Conseil européen est le dépositaire.

Politique économique européenne et sortie de crise

La deuxième priorité espagnole citée par Miguel Angel Moratinos a été la sortie de la crise économique actuelle, entre autre par un recours à une politique économique européenne plus ambitieuse à laquelle l’Allemagne, très réticente, serait selon lui, enfin prête. Car selon le chef de la diplomatie espagnole, l’on ne peut pas mener des politiques financières et fiscales sans envisager également une politique économique européenne. Celle-ci ne pourra être un succès que si elle mise sur le consensus et sur une nouvelle stratégie basée sur les principes du développement durable. D’où l’idée de passer de la stratégie de Lisbonne vers une stratégie UE-2020 censée devenir un nouveau cadre stratégique pour les domaines de l’économie, avec un nouveau modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables, mais aussi de la recherche et de la formation. Cette stratégie serait dotée, comme la stratégie de Lisbonne, de mécanismes qui obligeraient les Etats membres à tenir leurs engagements.

L’Europe des citoyens et l’Europe sociale

Un autre cheval de bataille de la présidence espagnole sera l’égalité des sexes, l’accent mis sur les droits des femmes, toujours trop négligés selon les Espagnols, et en parallèle, un appui marqué à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Les Espagnols pensent d’autre part à un paquet européen de défense de l’emploi, dont ferait partie un nouveau projet de directive sur le temps de travail, un projet qui relève cependant des compétences de la Commission européenne. Un tel paquet devrait cependant tenir compte en toute clarté des acquis sociaux des Européens et constituer une avancée, et non une régression en la matière. Le ministre Moratinos a cependant exclu que, dans l’état actuel des choses, un consensus puisse être possible sur la question d’un salaire minimum européen, même si les droits des travailleurs sont au centre des préoccupations de la Présidence espagnole. 

Le rôle de l’UE dans le monde

L’UE, grand acteur global, devra, selon Miguel Angel Moratinos, orienter son action extérieure vers trois cercles : la famille européenne, les pays voisins et les acteurs globaux.

Par "famille européenne", le ministre Moratinos entend les pays visés par l’élargissement, c’est-à-dire les pays candidats – la Croatie, avec laquelle les négociations devraient être rapidement finalisées, l’Islande, avec laquelle elles devraient bientôt commencer, mais pas encore sous présidence espagnole, la Turquie, dont l’Espagne soutiendra l’adhésion au terme de négociations menées avec succès, et l’ancienne république yougoslave de  Macédoine (ARYM), dont l’affaire du nom devrait être résolue d’ici juin 2010 - et les pays des Balkans occidentaux auxquels une perspective européenne a été offerte. 

Les pays voisins, ceux du "deuxième cercle", sont visés par la politique de voisinage qui comprend deux grands volets, le Partenariat oriental centré sur l’Ukraine, le Belarus et la Moldavie, et l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui tiendra son 2e sommet à Barcelone en juin 2010.

Le "troisième cercle" concerne les acteurs globaux, Russie, Etats-Unis, Canada, Japon, les pays d’Amérique latine, etc., avec lesquels l’UE aura des sommets au cours du 1er semestre 2010.

Jean Asselborn a souligné quant à lui qu’il était "particulièrement heureux que les Espagnols, qui respirent l’UE, assurent la présidence tournante du Conseil pendant cette phase de transition de l’UE" et qu’il espérait qu’ils arrivent à démarrer l’UPM et à débloquer la situation au Proche Orient.