Le 28 janvier 2010, Charles Margue, de TNS ILRES, est venu présenter à la presse les résultats du dernier sondage Eurobaromètre 72.4 effectué au Luxembourg du 23 octobre au 18 novembre 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 502 résidents.
Le sondage Eurobaromètre 72.4 a été réalisé par la Commission européenne à l’automne 2009 dans, au total, 31 pays ou territoires : les 27 Etats membres, les trois pays candidats (Croatie, Turquie et Ancienne République yougoslave de Macédoine) et le territoire de la Communauté chypriote turque. Il fait le point sur la vie des citoyens et la perception que ceux-ci en ont. Sont analysées également l’image de l’Union européenne et la confiance dans les institutions politiques nationales et européennes.
Ainsi que les premiers résultats de cette enquête d’opinion le laissaient entrevoir en décembre 2009, Charles Margue note, au Luxembourg, un "léger regain d'optimisme" à l’égard de la situation économique. Si un journaliste présent à la conférence de presse s’est demandé s’il ne valait pas mieux parler d’un "léger recul du pessimisme", les chiffres sont nets.
Ainsi, les habitants du Luxembourg restent à 96 % satisfaits de la vie qu’ils mènent (sans variation par rapport au printemps 2009) alors que ce taux de satisfaction est, en moyenne, de 78 % dans l’UE. La situation actuelle de l’économie luxembourgeoise est jugée par 77 % des sondés comme étant bonne (soit 7 points de plus qu’au printemps 2009), la situation de l’économie européenne est elle considérée comme "bonne" par 47 % des répondants au Luxembourg ( + 13 par rapport au printemps) et ce alors que dans l’UE, 29 % des sondés l’ont jugé bonne ( + 6). De même, la situation financière du ménage, est jugée bonne par 91 % des personnes interrogées, (plus 10 points par rapport à l’automne 2008 et plus 2 points par rapport au printemps 2009).
Au Luxembourg, la majorité des habitants (59 %) ne s’attend pas à ce que leur vie, en général, change au cours de l’année à venir et 29 % des résidents du Luxembourg s'attendent à une amélioration de leur situation personnelle. Les 9 % qui craignent une dégradation de leur vie dans les 12 prochains mois représentent ainsi, selon les termes de Charles Margue, une "minorité de désespérés".
Au sujet des attentes concernant la situation économique dans l’UE, l'optimisme gagne encore du terrain par rapport au printemps 2009 : au Luxembourg, 39 % des sondés (52 % au printemps 2009, 60 % à l’automne 2008) sont encore pessimistes à l’égard du futur de la situation économique dans l’Union européenne. Même constat au regard de l’emploi : 46 % des sondés sont pessimistes (contre 51 % au printemps 2009 et 57 % à l’automne 2008) et 9 % (recul d’un point par rapport au printemps 2009) estiment que la situation financière de leur ménage se dégradera.
Enfin, 4 % d’entre eux, pensent que leur situation professionnelle sera moins bonne dans les 12 prochains mois (une perte ici encore de 3 points par rapport au printemps 2009, qui était de 7%). Enfin, si 32 % des sondés étaient d’avis, au printemps 2009, que les choses allaient dans la bonne direction dans l’UE, le taux grimpe à 46 % à l’automne de l’année 2009.
Le suivi des problèmes inquiétant le plus les citoyens montre que le chômage constitue le problème national le plus important dans l'opinion des personnes interrogées (52 % au Luxembourg, 51 % dans l’UE), une stabilisation depuis le sondage Eurobaromètre du printemps 2009. Pour Charles Margue, le fait que beaucoup au Luxembourg n’aient pas de personne proche ayant connu une période de chômage explique une certaine "crispation" par rapport à cette question.
La situation économique, par contre, recule de 4 points (29 %) mais reste en deuxième position des inquiétudes actuelles liées au pays. Viennent ensuite la hausse des prix (24 %), qui connaît une augmentation de 6 points par rapport au printemps 2009, le logement qui perd 4 points (21 %), suivis par le système éducatif (14 %), l’insécurité (12 %) et les retraites et pensions (8 %). Comme pour chaque Eurobaromètre, le Luxembourg se distingue par la préoccupation constante, et bien plus élevée que la moyenne européenne, pour les questions de logement (UE : 5 %) et de d’éducation (UE : 7 %).
Selon 61 % des résidents du Luxembourg (54 % pour la moyenne européenne), l’impact de la crise sur l’emploi n’a pas encore atteint son apogée et le pire reste à venir. A côté de l’UE, qui est citée par 34 % des répondants du Luxembourg - contre 22 % seulement des sondés dans l’UE - , les sondés pensent qu’une solution efficace passe, à hauteur de respectivement 20 % chacun, par le G20 et par le Gouvernement national. Cette confiance dans l’UE s’explique selon Charles Margue par le fait que les habitants du Luxembourg son sans doute conscients du peu de marges dont dispose le gouvernement pour agir sur un problème qui dépasse largement les frontières du Grand-Duché.
Les mesures pour faire face à la crise sont, d’après 40 % des sondés, le soutien aux petites et moyennes entreprises, ainsi que l’investissement dans l’éducation, la formation et la recherche (37 %). Deux mesures qui viennent en tête dans toute l’UE, les PME, qui représentent une partie considérable de l’emploi dans l’UE, bénéficiant d’un important capital de sympathie selon le sociologue qui constate par ailleurs que les messages prônant l’investissement dans l’innovation sont bien passés auprès de l’opinion. Parmi les mesures citées, le sociologue observe que le soutien aux chômeurs (Luxembourg : 20 % - UE : 24 %) et aux plus pauvres (Luxembourg : 23 % - UE : 22 %) passent aux yeux des sondés avant les investissements dans les infrastructures (Luxembourg 16 % - UE 14 %).
Pour répondre aux principaux défis mondiaux, l’UE devrait, selon 52 % des sondés au Luxembourg et 45 % dans l’UE, mettre l’accent sur l’égalité sociale et la solidarité, ainsi que sur la protection de l’environnement (Luxembourg : 47 % - UE : 37 %).
Dans le cadre de la réforme du système financier dans l’UE, 27 % des sondés du Luxembourg (UE : 24 %) sont d’avis qu’il faudrait donner la priorité à la responsabilité des managers dans le secteur financier, notamment sur la question des bonus. Dans l’UE, les avis sont partagés pour savoir s’il faut donner la priorité à un système européen renforcé de supervision des marchés financiers et des institutions financières (26 % des répondants dans l’UE, 23 % au Luxembourg) ou à la transparence sur les marchés financiers en ce qui concerne les bénéfices, les coûts et les risques (26 % dans l’UE et 22 % au Luxembourg).
Quant à la perception de l’appartenance du Luxembourg à l’UE comme une bonne chose on peut observer, bien que le Luxembourg reste en tête dans l’UE, une baisse de 5 points par rapport au printemps 2009, puisque 74 % des sondés sont de cet avis (contre 79 % au printemps 2009). D'autre part, 72 % des résidents du Luxembourg continuent de penser que leur pays a bénéficié de son appartenance à l'UE. Par ailleurs, 80 % des sondés sont favorables à l’euro (recul de 6 points par rapport au printemps 2009).
L’image de l’UE se renforce encore un peu plus au Luxembourg par rapport à la moyenne des pays de l’UE : 66 % des résidents, en effet, estiment que celle-ci est bonne (56 % au printemps 2009), soit 18 points de plus que pour la moyenne européenne à l’automne 2009 (48 %).
A hauteur de 90 % (UE : 53 %), les sondés au Luxembourg sont satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans leur pays et 75 % le sont pour ce qui est du fonctionnement de la démocratie au sein de l’UE, soit 21 points de plus que la moyenne européenne.
A la question de savoir si les sondés comprennent le fonctionnement de l’UE, le Luxembourg se place en tête des taux les plus élevés de sondés étant plutôt d’accord avec cette affirmation (63 %). Face à une moyenne européenne comptant 44 % de sondés comprenant le fonctionnement de l’UE, le Luxembourg se place donc 19 points au moins au-dessus de la moyenne européenne. De la même façon, alors que la moyenne européenne compte 39 % des sondés estimant que les intérêts de leurs pays respectifs sont bien pris en compte dans l’UE, le Luxembourg s’en éloigne le plus dans le sens positif se situant, avec 65 % des sondés de cet avis, 26 points au-dessus de la moyenne européenne.
Si 74 % des habitants du Luxembourg estiment que l’UE a grandi trop vite (UE : 61 %), 81 % sont tout de même d’avis que ce qui rapproche les citoyens des différents pays est plus important que ce qui les sépare (UE : 75 %). Mais bien que 85 % des résidents du Luxembourg pensent que l’UE est indispensable pour répondre aux défis mondiaux (UE : 75 %), 45 % d’entre eux sont d’accord sur l’idée qu’aujourd’hui l’UE manque d’idées et de projets (UE : 46 %). Enfin, 54 % des sondés se positionnent contre l’idée d’un élargissement à d’autres pays dans les années à venir (UE : 43 %) et 43 % d’entre eux sont pour une vitesse de construction européenne plus élevée dans un groupe de pays que dans les autres (UE : 43 %).
Vis-à-vis de l’UE, la confiance des habitants du Grand-Duché gagne du terrain : le taux s’élevait à 47 % à l’automne 2008, à 55 % au printemps 2009 et à 62 % à l’automne 2009 (UE : 48 %). Les institutions européennes ont une notoriété élevée qui est supérieure au Luxembourg qu’au niveau communautaire. Le Parlement européen connaît une hausse de 5 points entre le printemps 2009 et l’automne 2009 (61 % à 66 %), les taux pour la Banque centrale européenne restent stables à 60 %, la Commission européenne passe d’un taux de 53 % de confiants au printemps 2009 à 59 % à l’automne 2009. Le Conseil de l’UE rassemble quant à lui la confiance de 56 % des sondés, soit 15 points de plus que la moyenne européenne (41 %).
Pour ce qui est de la confiance des habitants du Luxembourg dans les institutions nationales, Charles Margue note un recul général de celle-ci : le degré de confiance est de 68 % - un record dans l’UE où la moyenne est de 29 % - en ce qui concerne le Gouvernement (77 % au printemps 2009, soit pendant la période d'élections législatives) et de 59 % pour la Chambre des Députés (67 % au printemps 2009, UE : 30 %). Pour le sociologue, si les citoyens estiment, comme ils le montrent par leur satisfaction à l’égard du fonctionnement de la démocratie, que le système fonctionne bien, leur confiance à l’égard des partis et des institutions nationales fait elle preuve d’une volatilité qui reste cependant toute relative.
Les trois valeurs qui représentent le mieux l’UE aux yeux des sondés sont, au Luxembourg : la paix, à hauteur de 48 % (38 % dans l’UE), suivie de la démocratie et des Droits de l’Homme avec 43 % chacun (et respectivement 39 et 37 % dans l’UE). Ainsi, l’UE apparaît-elle comme garante du maintien de la paix et du cadre démocratique dans l’esprit des sondés.
Si 50 % des résidents du Luxembourg pensent que la croissance économique devrait être une priorité pour leur pays, même si cela a un impact sur l’environnement, ils sont 72 % à penser que protéger l’environnement devrait être une priorité pour le pays, même si cela a un impact sur la croissance économique.
Dans le contexte de la crise financière et économique, le rétablissement économique devrait être, selon 63 % des sondés au Luxembourg - et 69 % dans l’UE - , une priorité pour l’UE, suivi de la lutte contre le changement climatique (50 % pour le Luxembourg et 44 % pour l’UE). Ainsi, rétablissement économique devrait aller de pair avec lutte contre le changement climatique ainsi que l’a souligné Charles Margue. L’aide à l’instauration de la stabilité dans le monde (Luxembourg 46 % - UE : 40 %) et le développement de la croissance de manière durable (Luxembourg : 39 %, UE : 45 %) suivent. L’amélioration des droits des citoyens vient en dernier lieu (Luxembourg : 36 %, UE, 28 %) , et il est clair aux yeux de Charles Margue que ces droits ne sont pas une priorité pour les sondés.
Enfin, 44 % des sondés au Luxembourg (UE : 33 %) pensent que l’UE devrait focaliser son attention dans ses relations avec le reste du monde sur la pauvreté, le maintien de la paix (Luxembourg : 37 %, UE : 31 %) et le changement climatique (Luxembourg : 33 %, UE : 25 %).