Principaux portails publics  |     | 

Parlement européen
Le débat avec l’eurodéputé Frank Engel lors de la conférence internationale sur les élections européennes
11-12-2009


A l'occasion de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009 qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, un débat prévu entre l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel (CSV, PPE) et l’eurodéputée belge Isabelle Durant (Verts) n’eut pas lieu suite à la défection d’Isabelle Durant. L’assistance eut droit à un long exposé du jeune eurodéputé luxembourgeois sur la condition du député européen.

La différence majeure entre Parlement national et européen est ainsi pour Frank Engel le fait que le Parlement européen n’ait à répondre à personne et qu’il ne soutient aucun gouvernement. Les députés de groupes politiques différents travaillent ensemble. Il y a peu de responsabilité politique, peu de limites aussi. Pour Frank Engel, les auditions des futurs nouveaux commissaires "sont considérées par certains comme une véritable chasse". Le Parlement européen, avec ses 774 membres, est autrement plus grand que la Chambre luxembourgeoise avec ses 60 députés. Dans un tel cadre, il faut lutter pour sa place, mais "ce n’est pas donné". Pour Frank Engel, un député d’un petit pays reçoit de petits rapports à faire, et un député d’un grand pays de grands rapports. Bref, il faut de l’endurance. D’un autre côté, la coopération entre parlementaires nationaux et européens d’un même pays laisse à désirer pour Frank Engel, et elle devrait être intensifiée.

Se considérant comme un "constitutionnaliste radical", Frank Engel s’en est pris "à des idées reçues". Il a d’abord expliqué que la politique n’avait pas besoin de communiquer, mais qu’il appartenait au citoyen de s’informer sur ses institutions, un citoyen "qui a le privilège d’avoir des institutions démocratiques".

"De France est venu le débile débat sur la libéralisation à outrance", a-t-il enchaîné. "Or c’est l’ordre économique de l’UE depuis ses débuts." La campagne référendaire en Irlande a également montré selon lui que l’on peut, sur l’Europe, "lancer n’importe quoi". La France surtout, souffre selon Frank Engel de la "maladie politicienne de prôner à tout va le changement. Et pourquoi faut-il changer les choses ? Tout doit changer, mais rien ne change en fait. De toute façon, en France comme au Luxembourg, personne ne peut gagner les élections sans les fonctionnaires."

A l’européanisation du débat politique, Frank Engel dirait: "Pas de refus". Mais il lui semble impossible qu’Angela Merkel par exemple puisse intervenir dans un débat en France sans parler le français.

Jamais on n’a autant communiqué sur la politique, pense Frank Engel. Mais avec les nouveaux instruments d’information, le risque de sur-communication existe. D’autre part, "la société actuelle conteste tout". Or ce ne fut pas toujours ainsi. Preuve en est, selon le député, né en 1975, que "quand Pierre Werner (Premier ministre entre 1959 et 1974, et entre 1979 et 1984,  n.d.l.r.) disait quelque chose, tout le monde le croyait." Et d’ajouter : "J’ai un problème avec le fait que l’on puisse contester tout." Pour Frank Engel, après un scrutin, le résultat du vote doit être accepté et il faut laisser travailler les élus, notamment la "soi-disant société civile". A force de tout contester et d’agresser jusqu’à la personne des élus, l’on finira "par trouver de moins en moins de personnes dévouées et qualifiées pour entrer en politique."