Fabienne Greffet, de l’Université de Nancy 2 a évoqué, lors de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009, qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, la manière dont l’Europe est perçue au quotidien dans la Grande Région et elle s'est demandée si cette perception de l’Europe passe aussi par le thème des élections européennes.  

Les frontaliers ne perçoivent pas l’Europe à travers les élections européennes, mais à travers la Grande Région qui est "une zone transfrontalière à échanges importants", telle est la thèse de Fabienne Greffet après ses recherches. La construction européenne se passe à travers les institutions européennes, bien loin des citoyens, et à travers les relations entre citoyens de part et d’autre de la frontière, donc à travers des relations plus proches.

Les frontaliers développent plutôt un sentiment d’appartenance à un territoire, la Grande Région, qui est plus petite que l’Europe. Ces personnes, en moyenne âgées de moins de 35 ans, travaillant au Luxembourg dans les banques, le commerce et l’enseignement, développent un "sentiment d’appartenance multi-territorial" et à "une communauté transfrontalière". Ils ont l’impression de partager dans cet espace une culture et des connaissances communes. C’est comme s’ils fréquentaient "une Europe en miniature", un "territoire pas complètement national avec Luxembourg au centre". En même temps, la proximité avec les autres grands pays de l’Europe de l’Ouest est sensible, de sorte que cette entité territoriale transfrontalière est perçue comme participant à la construction de l’Europe communautaire. Il n’en reste pas moins que les différences nationales persistent.

La Grande Région apparaît donc comme une sorte de structure intermédiaire de la construction européenne. La perception de l’Europe chez les frontaliers est plus territoriale que politique, et s’il y a du discours politique, il est plus conditionné par le contexte national. Le droit de vote, les élections européennes n’ont joué aucun rôle dans la perception de l’Europe par les frontaliers. Ce qui importe est la proximité de nations proches.