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Parlement européen
Anna Pacześniak - Pologne : vers une clarification du système politique
12-12-2009


Anna PaczesniakA l'occasion de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009 qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, Anna Pacześniak, de l’Université de Wrocław, a montré comment les élections européennes avaient contribué au processus de clarification du système politique en Pologne.

En effet, comme l’a relaté la politologue, les années 90 furent une période de fragmentation et d’instabilité sur la scène politique polonaise. En 2009, un seul parti existe encore sous le même nom qu’alors, à savoir le parti paysan polonais. Depuis 2000, on observe un processus de stabilisation. Les partis anti-système sont désormais marginaux, plus aucun parti n’est isolé sur la scène politique et Anna Pacześniak fait le constat d’une certaine stabilité dans l’offre électorale. Ainsi, depuis 2004, aucun nouveau parti n’est entré au Parlement et le système de partis semble bel et bien institutionnalisé. La création de partis politiques a été freinée par les changements de règles de financement des campagnes électorales introduits en 2002. Pour se voir financer sa campagne, un parti doit désormais obtenir 3 % des scrutins. Un phénomène renforcé encore par l’importance grandissante du marketing politique qui rend impossible une campagne sans financement.

Aux européennes de 2004, 80 % des électeurs ne s’étaient pas rendus aux urnes, et les spécialistes avaient alors parlé "d’euro-fatigue" dans la mesure où les Polonais avaient déjà dû s’exprimer sur l’adhésion à l’UE par voie référendaire en 2003. Le Parlement européen était qui plus est méconnu des électeurs et la campagne fut jugée "ennuyeuse" par beaucoup. En 2009, le taux d’abstention a certes reculé mais la Pologne atteint, avec un taux d’abstention de 75 %, le 25e rang dans l’UE en la matière. Anna Pacześniak note que le gouvernement s’est efforcé de plus mobiliser les électeurs en 2009, en plaçant un ancien Premier ministre sur sa liste pour convaincre les citoyens de participer. Et pourtant, aux yeux de la politologue, le résultat fut "médiocre". A en croire les sondages qu’elle cite, un tiers des gens croyaient encore que le Parlement européen était élu par le Parlement national et deux tiers d’entre eux se disaient désintéressés par la question. Résultat, le taux d’abstention aux européennes dépasse de 25 % celui des élections nationales.

Pour Anna Pacześniak, l’enjeu national des élections européennes n’est pas caractéristique de la Pologne et il s’agit d’un constat qui est fait après chaque élection européenne. L’engagement des partis dans la campagne a été assez faible, un phénomène que la politologue explique par le fait que la campagne n’était pas remboursée par l’Etat. Les partis ont eu par conséquent tendance à vouloir faire des économies en attendant des scrutins nationaux.

Les résultats montrent par ailleurs que l’hypothèse d’un vote de sanction ne se vérifie pas en Pologne. La Plateforme civique (PO) qui est au gouvernement a en effet obtenu la moitié des sièges polonais, et il s’agit d’ailleurs du meilleur score d’un parti au pouvoir dans toute l’UE. Par ailleurs, la liste populiste Samooborona et la liste de Libertas ont échoué. Les espérances de petits comités de répéter les performances du parti de Geremek en 2004 n’ont pas été comblées non plus.

En bref, il n’y a pas eu de changement majeur comme le résume Anna Pacześniak, mais bien une clarification du système bipartisan dans lequel dominent 2 partis de droite, la Plateforme civique (PO) du Premier ministre Donald Tusk et le parti Droit et Justice (PiS) des frères Kaczinsky, face à 2 partis moins importants, l’Alliance de la gauche démocratique (SLD) et le Parti paysan polonais (PSL). Cette consolidation et cette clarification sont cependant à nuancer par le fait que l’attachement et l’identification des électeurs aux partis restent faibles.