A l'occasion de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009, qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, Joachim Schild, de l’Université de Trêves s'est demandé si les élections européennes de juin 2009 avaient été un test pour les élections fédérales de fin septembre 2009.
Sur une échelle allant de 7 à 1, les grands partis allemands CDU, SPD, FDP et les Verts soutiennent la construction européenne avec 6 points. La CSU bavaroise dépasse à peine les 5 points et la Gauche tend vers les 3 points. Pourtant, la participation au scrutin européen est avec 43,3 % à peine supérieure à la moyenne de l’UE qui est de 43 %.
Les élections européennes de 2009 ont eu lieu en Allemagne 3 mois avant les élections fédérales. Les partis leur ont consacré moins de ressources et la couverture médiatique a été moindre également. Elles ont été par ailleurs liées à 9 scrutins communaux et locaux. Si elles ont été des tests politiques, c’est avant tout sur des sujets politiques bien précis, comme la question du salaire minimum. Mais elles n’ont pas provoqué une polarisation de l’opinion publique allemande sur des questions européennes. Même la Gauche, qui est plutôt eurosceptique, n’a pas exploité ce filon pour rendre l’UE responsable de problèmes qu’elle critique fortement en Allemagne.
Les gagnants des élections européennes ont été les libéraux et les Verts. La Gauche a néanmoins stagné. Mais aucun parti eurosceptique n’a fait de percée. Il n’y a pas eu non plus de vote de protestation. Le CDU a même eu 5,8 % de plus de voix qu’aux élections fédérales. Les électeurs sociaux-démocrates et de la Gauche n’avaient été que faiblement mobilisés. Les problèmes allemands ont conditionné à 57 % le vote des électeurs allemands aux élections européennes, sauf pour les électeurs des Verts, chez lesquels les problèmes européens dominent à plus de 60 %, et cela leur a valu des suffrages supplémentaires. En 2004, les problèmes allemands n’entraient que pour 51 % dans la décision de vote. Joachim Schild constate donc une tendance à la nationalisation du comportement électoral.
Ceci dit, il y a un positionnement des partis allemands sur les questions européennes qui fait ressortir les différences entre droite et gauche. L’Europe sociale est un cheval de bataille des sociaux-démocrates et de la Gauche. En même temps, le discours du SPD est pro-européen, alors que le discours de la Gauche est eurosceptique. Si la droite et les libéraux critiquent une Europe "bureaucratique et intrusive", ils soutiennent néanmoins la construction européenne. La droite et la gauche en Allemagne sont cependant très divisées sur l’adhésion de la Turquie. La réticence des électeurs allemands à l’égard de tout nouvel élargissement est intégrée dans le discours des partis pro-européens qui insistent sur les conditionnalités des élargissements futurs de l’UE. Dans un tel contexte, les partis d’extrême droite ne disposent d’aucune marge de manœuvre.
La CDU notamment défend le concept d’une UE "consolidée" au niveau géographique et fonctionnel, c’est-à-dire pas de nouvelle initiative en matière d’intégration européenne dans le futur proche. Les restrictions budgétaires entrent autant dans le calcul que le principe de subsidiarité – moins d’interférences européennes dans les affaires nationales - qui a été réaffirmé, avec la souveraineté nationale et l’identité constitutionnelle du pays, par les lois d’application du traité de Lisbonne, mettant ainsi un bémol sur le discours fédéraliste.