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Parlement européen
Steven Van Hecke - Démocratie, pouvoir et partis politiques européens
12-12-2009


Steven Van HeckeA l'occasion de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009 qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, Steven Van Hecke, de l’Université d’Anvers, s’est penché sur la place et le rôle des partis politiques européens.

Il a tenu à comparer leur rôle dans la démocratie européenne avec les trois fonctions des partis politiques traditionnels, à savoir une fonction d’agrégation et d’articulation des intérêts, une fonction de compétition électorale et enfin un rôle en termes d’influence sur le pouvoir législatif et exécutif.

Pour Steven Van Hecke, s’ils essaient d’avoir une fonction d’agrégation et d’articulation des intérêts, les partis politiques européens n’y arrivent pas pour le moment.

Pour ce qui est de la compétition électorale, le politologue reconnaît certes que, sur le plan légal, il y a des règles électorales communes pour les européennes, mais les différences sont grandes d’un pays à l’autre. En termes de résultats, les européennes offrent selon lui une combinaison des résultats de 27 élections. Et, en 2009, il note la claire victoire du PPE malgré la perte de certains de ses membres partis rejoindre les rangs des Conservateurs et réformistes européens (CRE) et des résultats qui, pour le PSE, sont les plus mauvais depuis 1979, même si cette défaite est compensée par le ralliement du Partito Democratico italien. L’ALDE libérale a eu des résultats moindres que ceux escomptés, tandis que les Verts ont remporté une nette victoire même si le politologue fait remarquer que pas un seul des eurodéputés élus chez les Verts ne vient d’un des nouveaux Etats membres. Quant au nouveau groupe CRE, s’il a attiré beaucoup l’attention des médias, le chercheur ne trouve pas ses résultats impressionnants en termes de nombre.

Ce que Steven Van Hecke relève de son analyse des sièges obtenus, c’est cependant qu’aucune majorité claire ne se dégage. En effet, le PPE et l’ALDE ont besoin des voix des conservateurs tandis qu’à gauche, une majorité de centre gauche n’est pas possible. De 1979 à 2009, les deux grands partis PPE et PSE ont perdu tous deux des voix, tandis que le rapport de force s’est inversé. Face à cela, les petits groupes ont pris plus de poids et le Parlement européen s’est ainsi fragmenté. Il faudra donc désormais une "méga coalition" PPE – S&D et ALDE lorsque la majorité absolue sera requise au Parlement européen. A ses yeux, les Verts sont dans ce contexte les premiers perdants du déclin des socialistes, puisqu’ils ne peuvent rallier une majorité de centre gauche. Quant aux eurosceptiques, ils n’auront selon le politologue sans doute pas grand-chose à dire s’ils veulent changer les règles et il leur faudra être forts au niveau national.

Pour ce qui est de l’influence sur le pouvoir législatif et exécutif des partis européens, Steven Van Hecke a analysé dans un premier temps la répartition des postes de Président, de Vices-Présidents et de Présidents des Commissions parlementaires au sein du Parlement européen, relevant que les grands partis en ressortaient nettement favorisés. Pour ce qui est du Conseil européen, les nominations de Herman Van Rompuy et de Catherine Aston se sont faites sur le mode du consensus et le chercheur note que l’équilibre a dû être trouvé entre grands et petits Etats et entre PPE (dont les gouvernements sont issus dans 13 Etats membres) et PSE (qui ont le pouvoir dans 7 Etats membres). Quant à la répartition des sièges à la Commission européenne, 13 reviennent au PPE, 6 aux socialistes – et ils ne doivent pas être sous-estimés selon le politologue dans la mesure où Catherine Ashton et Joaquín Almunia, qui aura la charge de la Concurrence, ont des portefeuilles importants -, tandis que les libéraux obtiennent 8 postes, un chiffre élevé qui, selon l’analyse de Steven Van Hecke, est lié au soutien que les libéraux ont accordé au président de la Commission Barroso au Parlement européen.