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Parlement européen
Hans Vollaard - Pays-Bas : un nouvel euroscepticisme prend-il forme au fil de l’intégration européenne et des changements de l’UE ?
11-12-2009


Hans VollaardA l'occasion de la conférence internationale sur les élections européennes de 2009 qui s'est tenue à Luxembourg les 11 et 12 décembre 2009, Hans Vollaard, de l’Université de Leiden, s’est demandé quant à lui dans quelle mesure on pouvait parler aux Pays-Bas du développement d’un nouvel euroscepticisme.

En effet, si les Pays-Bas ont pour réputation d’être plutôt pro-européens, la victoire du "non" au référendum de 2005 ainsi que les 5 sièges obtenus aux élections européennes de 2009 par le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders donnent à réfléchir sur la montée en puissance d’une nouvelle forme d’euroscepticisme basée sur la réticence à l’idée d’une UE dominée par les grands pays.

Pour répondre à ses interrogations, Hans Vollaard a tenu à faire deux remarques préliminaires. Dans un  premier temps, il a évoqué l’émancipation des citoyens néerlandais qui se manifeste par une baisse de la loyauté à l’égard des partis ainsi que par une confiance en soi grandissante en matière de politique qui va de pair avec un accroissement de l’intérêt porté à ces questions.

Par ailleurs, le politiste a fait le constat de l’émergence de la question de l’identité nationale dans les débats politiques, un phénomène lié selon ses dires à l’affaiblissement de la position des Pays Bas dans un monde globalisé et dans une UE élargie. Ce sujet nouveau apparaît dans les discussions sur le regroupement familial ou les demandeurs d’asile et nourrit un débat de fond basé sur le choix entre un modèle national multiculturel ou, au contraire, monoculturel.

Si Hans Vollaard parle d’un nouvel euroscepticisme c’est que, selon lui, l’objet de l’euroscepticisme est en train de changer, tout simplement parce que l’UE elle-même change au fur et à mesure qu’avance, depuis la fin des années 80, le processus d’intégration européenne. L’UE interfère de plus en plus dans les affaires intérieures du royaume tandis que l’élargissement a eu, avec l’arrivée de pays méconnus et paraissant lointains par rapport à l’orientation traditionnellement atlantique des Pays-Bas, une influence aussi sur la perception de l’UE. Sa puissance grandissante suscite par ailleurs de la réticence par rapport à l’enthousiasme témoigné quand il s’agissait de construire une union économique.

Pourtant, pour Hans Vollaard, si elle peut paraître "prise au piège" de la décision conjointe, l'UE est en phase de consolidation après un élargissement "perturbant". Après une phase de construction européenne, Hans Vollaard voit désormais une opportunité pour les citoyens et les partis de s’engager eux aussi, aux côtés des gouvernements, des groupes d’intérêts et des partis européens, dans l’arène européenne.

Revenant à la situation aux Pays-Bas, le politologue a expliqué que, jusqu’au début des années 2000, il n’y avait, à l’exception des questions soulevées par l’introduction de l’euro, eu quasiment aucun débat public sur l’intégration européenne. Qui plus est, les rares débats qui pouvaient avoir lieu dans le cadre des élections européennes étaient largement dominés par des sujets nationaux. Le référendum de 2005 a ainsi donné pour la première fois à voir qu’il pouvait y avoir des divergences d’opinions chez les citoyens sur la question européenne, et ce à un moment où nombre d’électeurs faisaient preuve de réticence à l’idée de l’impact de l‘UE sur la puissance et l’identité néerlandaises. Ainsi, si l’objet du scepticisme est nouveau, les objections formulées elles, ne sont pas nouvelles, mais elles apparaissent plutôt comme des réminiscences de questions plus anciennes liées à l’influence politique du processus d’intégration sur les Pays-Bas.

Désormais, les partis politiques donnent leur opinion sur les questions européennes. Les partis pro-européens se positionnent ainsi sur des questions de répartition des compétences, d’orientation politique, voire idéologique, à prendre par l’UE, ou encore d’efficacité de l’UE. Les clivages les plus nets coïncident avec les questions d’identité nationale, puisqu’il s’agit par exemple des choix à faire en matière d’ouverture des frontières. Si un nouveau clivage apparaît, il opposerait plutôt les gagnants et les perdants de la mondialisation et de l’intégration européenne.

Mais en fin de compte, les partis politiques se sont emparés des questions européennes et on investi le champ de questions offert par une UE dans laquelle on vit et dont il s’agit de décider que faire. Et une démocratie viable a besoin que les citoyens aient le choix et que les partis s’engagent. La légitimité européenne nécessite que des opinions variées soient exprimées et il est, selon Hans Vollaard, sans doute préférable que les résistances à l’égard de l’intégration européenne puissent s’exprimer au sein des institutions de l’UE.