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Traités et Affaires institutionnelles
Herman Van Rompuy en visite à Luxembourg pour discuter d’une nouvelle stratégie de croissance pour l’UE en vue du sommet informel du 11 février
27-01-2010


Jean-Claude Juncker et Herman Van RompuyLuxembourg a été le 27 janvier 2010 une des dernières étapes de la tournée des capitales du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. L’ancien Premier ministre belge, qui est le premier à occuper les fonctions de président du Conseil européen, poste créé par le traité de Lisbonne, est venu rencontrer le Premier ministre Jean-Claude Juncker pour évoquer avec lui les grands défis de l’UE et préparer le Conseil européen informel qui se tiendra le 11 février 2010 à Bruxelles.

Sur Herman Van Rompuy, Jean-Claude Juncker avait déclaré le même jour au journal "Les Echos", qu’il le connaît "depuis vingt ans", qu’il "est un vrai européen, un homme très intelligent" et qu’il "connaît bien l'Union, ses mécanismes et les réactions des Etats membres." Et il a ajouté : "Il a une grande faculté d'écoute, mais ceux qui pensaient qu'il serait facile à mettre au pas vont être surpris par sa capacité de résistance et sa force de proposition. Il va être un président fort, on va le découvrir très rapidement." Cela pour faire taire ceux qui pensent que Jean-Claude Juncker, qui s’était aussi positionné pour le poste de président du Conseil européen, éprouverait de l’amertume à l’égard de celui qu’il considère comme son ami.  

Trois sujets seront à l’ordre du jour du Conseil européen informel du 11 février qui a été évoqué par Herman Van Rompuy et Jean-Claude Juncker : la sortie de crise et l’élaboration d’une stratégie économique structurelle et durable pour les 10 ans à venir, la problématique du changement climatique et l’aide à Haïti après le tremblement de terre qui a frappé ce pays.

Gouvernance économique, sortie de crise, croissance durable

L’OCDE prévoit une croissance en UE de 0,6 % pour les années à venir, ce qui est aux yeux de Herman Van Rompuy insuffisant pour que les Européens arrivent à financer leur modèle social, leur mode de vie et à se maintenir au niveau mondial. D’où la nécessité de se concerter sur la manière d’assurer à l’Europe une croissance structurelle durable. Une telle stratégie doit partir des acquis et des leçons de l’agenda de Lisbonne. Après une première concertation le 11 février, la Commission fera des propositions pour le Conseil européen des 25 et 26 mars 2010, propositions qui seront finalisées au Conseil européen des 17 et 19 juin 2010.

Herman Van Rompuy, qui a félicité Jean-Claude Juncker de sa confirmation à la tête de l’Eurogroupe, "institutionnalisé et doté de plus de compétences par le traité de Lisbonne", a exprimé son souhait que le groupe assure, de concert avec les gouverneurs des banques centrales et la BCE, le suivi et le pilotage de l’opération de sortie de crise et d’inauguration d’une croissance durable en Europe.

Pour Jean-Claude Juncker, qui a plaidé ces derniers temps pour un renforcement du pilotage des politiques économiques, en encourageant notamment la Commission européenne à adresser des "mises en garde" aux mauvais élèves, l’Europe doit passer à une croissance non inflationniste dans un contexte où son potentiel de croissance reste trop faible. D’où la nécessité de réviser la stratégie de Lisbonne.

Herman Van Rompuy a de son côté dû reconnaître qu’il y a des divergences au sein de l’UE sur le degré de contrainte à imposer pour renforcer la coordination des politiques économiques. Il a souligné qu’il faudrait "trouver un consensus" sur ce sujet. Le traité de Lisbonne "prévoit déjà un processus de mise en défaut et d'avertissement, ce qui peut être assez contraignant", a-t-il ajouté pour conclure : "Il y a des dispositifs qui ont été prévus dans le traité, et au moment voulu, on doit pouvoir les mettre en place." Le traité de Lisbonne prévoit que, si les politiques économiques menées par un pays "ne sont pas conformes aux grandes orientations" communes, la Commission "peut adresser un avertissement à l'Etat membre concerné".

Copenhague et la suite

Après la conférence de Copenhague, qui constitue, malgré ses résultats limités, "un pas en avant" pour HermanVan Rompuy, l’Europe doit donner une suite au processus et une nouvelle dynamique aux négociations. Elle devra pour cela repenser ses relations avec les grands acteurs globaux. A noter que ce 27 janvier, les Etats membres de l’UE se sont mis d’accord pour communiquer à l’ONU qu’ils sont prêts à accepter une réduction des émissions de CO2 de 20 à 30 %, et qu’ils accepteront les 30 % à condition que les autres grands Etats industriels affichent des objectifs semblables.

Haïti

Finalement, Herman Van Rompuy a évoqué l’engagement européen "significatif" à Haïti, un engagement qui se chiffre à plus de 400 millions d’euros et qui verra encore l’envoi de 300 policiers pour des opérations de maintien de l’ordre. Le président du Conseil européen pense par ailleurs que l’UE devrait réfléchir à la manière dont elle pourrait intervenir de manière plus structurelle à Haïti, notamment au cours de l’effort de reconstruction.                

La crise grecque

Répondant à des questions de journalistes sur la crise des finances publiques grecques, Jean-Claude Juncker a déclaré que la Commission était en en train d’analyser le plan de stabilité présenté par les autorités grecques. Le plan tel qu’il a été présenté au Conseil "Ecofin" lui semble "un pas important", mais son appréciation finale dépendra du rapport de la Commission.

Jean-Claude Juncker a refusé de se prononcer, "avant d’en savoir plus", sur un éventuel rapprochement entre la Grèce et la Chine, dont le Financial Times avait fait état en affirmant dans son édition du 27 janvier 2010 qu'Athènes souhaitait que la Chine achète des obligations de l'Etat grec pour une somme pouvant aller jusqu'à 25 milliards d'euros. La Grèce a d’ailleurs démenti pendant la matinée les informations du quotidien financier britannique en disant que "nous n'avons contracté aucun accord et n'avons donné aucun ordre pour contacter la Chine." Jean-Claude Juncker a de son côté exclu tout risque de faillite d’Etat en Grèce, ce risque étant le fruit "d’une imagination absurde".

La mise en œuvre du traité de Lisbonne

La veille de la visite de Herman Van Rompuy, Jean-Claude Juncker avait évoqué au cours de son interview aux "Echos" "les difficultés de cohabitation créées par le traité de Lisbonne", en réponse à la question qui va préparer les sommets comme le Conseil informel de février qui sera consacré entre autres à des questions économiques. "Je crois que la préparation de ce conseil relève du droit d'initiative exclusif de la Commission et d'un travail de préparation du président du Conseil européen qui va effectuer un tour des capitales de l'Union", avait-t-il précisé. Et d’ajouter qu’il faudra ensuite trouver une bonne chorégraphie, notamment avec la présidence espagnole.

Confronté à la même question, Herman Van Rompuy a répondu que chacun a son rôle, président du Conseil européen et présidence tournante, que celle-ci peut apporter la sensibilité de son pays dans le jeu, que le Président du Conseil européen, qui représente l’UE à l’étranger, prépare le Conseil européen, mais que celui de février sera présidé par la présidence tournante.