Marie-Josée Jacobs, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, a assisté à une réunion informelle des ministres de la Coopération de l’Union européenne à La Granja, en Espagne, les 17 et 18 février 2010. A l’ordre du jour : la préparation de la Réunion sur les Objectifs du millénaire pour le développement (ODM) qui aura lieu en septembre 2010 à New York, les critères d’efficacité de l’aide au développement et la division internationale du travail, ainsi que les mécanismes novateurs de financement pour l’administration fiscale du développement. Ensuite, les plus hauts responsables européens en matière de coopération et de développement ont abordé les prochaines initiatives de l’UE dans le domaine de la coordination de l’aide humanitaire en Haïti et des projets de reconstruction de ce pays durement touché par le tremblement de terre survenu le 12 janvier dernier.

Concernant les effets de la crise économique sur les finances publiques, Marie-Josée Jacobs a déclaré le 18 février 2010 au Luxemburger Wort que le Grand-Duché ne va pas diminuer son budget d’aide au développement, ni en termes de pourcentage, ni en chiffres absolus. Pour maintenir le cap et atteindre effectivement les OMD d’ici 2015, la communauté internationale devra redoubler d’efforts, notamment en matière d’aide publique au développement (APD). Marie-Josée Jacobs a plaidé dans ce contexte pour que les États membres de l’UE respectent l’engagement pris en 2005 sous Présidence luxembourgeoise de porter d’ici 2015 l’APD collective européenne à 0,7 % du revenu national brut (RNB). Derrière la Suède, dont l'aide publique au développement représente désormais 1,03 % du RNB, le Luxembourg se classe en deuxième position avec 1 % de son RNB.

Face aux répercussions de la crise sur la générosité de certains Etats membres de l’UE, comme la Grèce qui traverse actuellement une crise budgétaire, la ministre espère que la réduction des efforts d’aide au développement ne soit pas trop importante. Pour elle, non seulement les pays en voie de développement souffriraient d’un éventuel recul de l’aide au développement mais aussi les pays donateurs, qui devraient alors faire face à des flux migratoires de plus en plus importants.

Abordant l’intention de l’Union européenne de maintenir ses aides à l’Afrique, Marie-Josée Jacobs a déclaré le 17 février 2010 sur les ondes de DNR qu'il faut pourtant continuer à contrôler l'utilité de l'argent. Pour elle, il faut également éviter qu’un trop grand nombre d’acteurs fasse le travail identique sur place. Et d’ajouter que l’aide au développement de l’Union européenne ne devrait pas se concentrer uniquement sur certains domaines, tandis que d’autres domaines seraient oubliés. Selon la ministre, l’efficacité du soutien européen est d’autant plus importante pendant ces temps de crise, où une augmentation de l’aide au développement est difficile à expliquer à l’opinion publique.

Au sujet de Haïti, l'ONU, l'UE et les Etats-Unis, les trois principaux acteurs de la reconstruction de ce pays des Caraïbes, se sont engagés à améliorer leur coordination pour une répartition des tâches plus efficace. Marie-Josée Jacobs a expliqué dans ce contexte qu'il faut une action coordonnée et intégrée de la communauté internationale afin d'utiliser efficacement les dons. Pour la ministre, malgré toute la misère qu’il a engendrée, le séisme doit être considéré comme une "chance et une opportunité de reconstruire tout d’une meilleure façon".

Le responsable de la mission de l’ONU en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet, a indiqué aux ministres que le plus urgent en ce moment est la mise à disposition de latrines, de tentes et de bâches en plastique pour que plus d'un million d'Haïtiens sans abri ne soient pas à la merci des intempéries, alors que la saison des pluies et des ouragans approche. En vue de la conférence des donateurs pour Haïti qui se tiendra le 31 mars 2010 à New York, les ministres ont encouragé la Commission européenne à préparer un plan commun de l’Union européenne pour l’aide à la reconstruction et au développement de Haïti à moyen et à long terme. Un tel plan permettrait de bien répartir le travail en amont et d’améliorer ainsi l’efficacité de l’aide européenne. En ce qui concerne la coordination de l’aide sur le terrain, le rôle primordial des Nations unies a été souligné.

La réunion a enfin été l’occasion pour les ministres de la Coopération de l’UE d’avoir un échange de vues substantiel sur les OMD, la sécurité alimentaire, le changement climatique et l’aide à Haïti avec le nouvel administrateur de l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le Rajiv Shah, et de donner ainsi une nouvelle impulsion au partenariat transatlantique dans le domaine de la coopération au développement.