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Politique étrangère et de défense
Jacques Santer, qui préside EuroDéfense Luxembourg, appelle à utiliser toutes les potentialités offertes à l’UE par le traité de Lisbonne en matière de sécurité et de défense
05-02-2010


EuroDéfenseLe 5 février 2010, Jacques Santer, président d'EuroDéfense-Luxembourg, et Marc Martin, membre du Conseil d'administration d'EuroDéfense-Luxembourg, ont tenu une conférence de presse qui fut l’occasion de rappeler les objectifs d’EuroDéfense-Luxembourg tout en soulignant ce que l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne allait apporter à l’UE en matière de politique européenne de sécurité et de défense (PESD).

EuroDéfense Luxembourg, un think-tank et un réseau qui promeuvent la politique de sécurité et de défense commune

Marc Martin s’est donc attaché à présenter EuroDéfense-Luxembourg, asbl luxembourgeoise et sorte de "think-tank" qui a pour objectif de soutenir d’une part le concept de politique de sécurité et de défense commune et, Marc Martind’autre part, la réalisation rapide de la défense commune.

L’association luxembourgeoise fait partie du réseau EuroDéfense qui s’appuie sur un ensemble de douze associations nationales partageant ces mêmes objectifs. La coopération entre ces associations se fait au sein d’un Conseil des Présidents qui se réunit deux fois par an. Des rencontres internationales EuroDéfense (RIE) sont organisées chaque année, des Rencontres Eurodéfense des Jeunes Européens (REJE) se tiennent tous les deux ans, tandis que des Groupes de travail européens planchent, à la manière de groupes d’experts, sur des sujets comme les relations UE-Russie ou encore le changement climatique et la sécurité internationale.

PESD : Réalisations et défis pour l’UE

Jacques Santer est revenu ensuite dans les grandes lignes, et non sans émotion, sur les événements qui, au début des années 1990, ont conduit l’UE à prendre conscience de la nécessité d’une politique commune en matière de sécurité et de défense. Après avoir cité quelques unes des grandes étapes qui ont suivi l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, comme la déclaration de Saint-Malo, Helsinki ou encore Göteborg, Jacques Santer a esquissé un rapide bilan des réalisations de l’UE en matière de sécurité et de défense.

Pour l’ancien président de la Commission européenne, la stabilisation dans la région des Balkans est une grande réussite et les perspectives d’élargissement aux pays de cette zone témoignent du "moteur de stabilisation" qu’est l’UE. De même, la décision de mettre en place une politique européenne de voisinage est-elle à ses yeux une avancée. Pour Jacques Santer, qui n’a pas manqué de saluer le choix de l’UE de maintenir dans tous les cas une Jacques Santerapproche multilatérale en privilégiant les liens avec l’ONU, les missions conjointes en matière de gestion de crise sont un succès. Le fait que l’UE ait pu mettre sur pied la mission Atalanta a donné selon lui une nouvelle dimension, maritime, à la politique européenne de défense et de sécurité. Le rôle de médiateur que l’UE a joué lors du conflit qui a éclaté entre la Russie et la Géorgie à l’été 2008 est pour lui la preuve que si la volonté politique existe il est possible d’agir.

Un message important quand on voit les défis auxquels doit faire face l’UE. Lutte contre la criminalité organisée, contre le terrorisme ou contre la piraterie, ou encore changement climatique et sécurité des approvisionnements en énergie comptent parmi les nouveaux défis identifiés par Jacques Santer. L’ancien Premier ministre n’oublie pas non plus les conflits qui existent de par le monde et il salue un engagement de l’UE qui, quand il est militaire, a cependant toujours une dimension civile. L’objectif n’est-il pas en effet une UE sûre dans un monde meilleur ?

Utiliser toutes les potentialités offertes par le traité de Lisbonne

Pour ce faire, il va falloir cependant, selon Jacques Santer, "utiliser toutes les potentialités offertes" par l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en matière de sécurité et de défense.

Le traité de Lisbonne fait en effet de la PESD une politique à part entière de l'UE et il renforce ses capacités d’action en élargissant notamment, comme l’a souligné Jacques Santer, les missions de Petersberg qui incluent désormais les missions de désarmement, de conseil et d'assistance en matière militaire, de prévention des conflits et de stabilisation à la fin des conflits. Pour le Président d’EuroDéfense Luxembourg, cette actualisation des missions permettra d’en améliorer l’efficacité tout en renforçant la cohérence entre opérations civiles et militaires.

L'institutionnalisation de l'Agence européenne de défense (EDA) qui avait été créée en 2004 devrait permettre, selon Jacques Santer, d’avancer en matière d’harmonisation dans l’acquisition d’armes tout en soutenant la recherche en matière de nouvelles technologies, un aspect qui apparaît aux yeux de l’ancien Premier ministre comme particulièrement stratégique.

Par ailleurs, l’introduction du poste de haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, poste occupé par Catherine Ashton, est, aux yeux de Jacques Santer, un grand progrès. Dotée du droit d’initiative du fait qu’elle est aussi vice-président de la Commission européenne, cette sorte de "ministre des Affaires étrangères européen" disposera qui plus est de l’autorité politique que lui conférera le Conseil et elle sera dotée des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission grâce à la création du service européen pour l'action extérieure (SEAE). Ce renforcement des acteurs permettra de mieux coordonner les opérations civiles et militaires et devrait jouer en faveur d’une meilleure cohérence.

L'assouplissement des conditions relatives à la minorité de blocage et au "système d'abstention constructive" permettra, quand l’unanimité est requise, la prise de décision à l’unanimité qui n'engagera qu'une partie des Etats membres. Par ailleurs, la création des coopérations renforcées, qui pourront permettre à un petit groupe d'Etats d'approfondir leur coopération sur un projet donné, est désormais possible dans tous les domaines de défense.

Enfin, la solidarité entre les Etats membres est renforcée par la création d’une clause de solidarité en cas d'attaque terroriste ou de catastrophe naturelle ou d'origine humaine et d'une clause d'aide et d'assistance en cas d'agression armée.