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Traités et Affaires institutionnelles
Dans un discours prononcé à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, Jean-Claude Juncker a constaté "que nous n’avons fait aucune erreur en ce qui concerne les grandes décisions" en Europe au cours des dernières décennies
18-03-2010


Jean-Claude Juncker (c) SIPLe 18 mars 2010, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a prononcé un discours sur invitation de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP) à Francfort. En collaboration avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la DGAP vient de lancer un forum de discussions sur la politique étrangère et de sécurité, intitulé "DGAP im Dialog". La conférence du 18 mars 2010, placée sous le thème "L'Union européenne après le traité de Lisbonne - Quelle suite?", était la première manifestation de la série.

Le Premier ministre a commencé son discours par un rappel historique de la construction européenne. Il a salué le courage de la génération qui a vécu la Seconde guerre mondiale, et qui dès la fin de la guerre, s’est attelée à la construction d’une Europe unifiée.

De même, le Premier ministre a rappelé les accomplissements des années 1990, à savoir la création de la monnaie unique et l’élargissement de l’Union européenne vers l’Europe centrale et orientale. "C’était alors une génération d’hommes politiques qui étaient prêts à prendre des risques, y compris en matière de politique nationale", a-t-il souligné.

"Je suis très critique envers la chose européenne, mais quand je regarde aujourd’hui ce qui a été fait en Europe au cours des dernières décennies, je me dois de constater que nous n’avons fait aucune erreur en ce qui concerne les grandes décisions", a expliqué Jean-Claude Juncker. Dans ce contexte, il a estimé que sans le bouclier protecteur de l’euro, les économies européennes auraient sombré dans un chaos indescriptible au cours de la crise financière et économique des derniers mois.

Par ailleurs, le Premier ministre a rappelé qu’après la chute du Mur de Berlin, 27 nouveaux États sont apparus à la périphérie de l’Union européenne, c’est-à-dire 27 nouveaux acteurs de la politique continentale. Sans la perspective d’une adhésion à l’Union européenne, cette région aurait risqué de potentiels conflits. Ainsi, Jean-Claude Juncker a salué que l’intégration européenne a proposé une possibilité "non seulement de coexistence civilisée, mais de cohabitation harmonieuse" à toute la région d’Europe centrale. "Nous avons réussi à concilier l’Histoire et la géographie européennes", a-t-il déclaré.

Concernant l’historique du traité de Lisbonne, le Premier ministre a rappelé que le projet du traité établissant une Constitution européenne avait été rejeté par les électeurs français et néerlandais lors de leurs référendums respectifs en 2005, parce que les citoyens avaient eu l’impression qu’il s’agissait d’établir un État européen fédéral unique. Or, les citoyens restent attachés à leurs pays et leurs régions, et il ne s’agit pas de les en dissuader.

En revanche, le traité de Lisbonne constitue le meilleur dénominateur commun qu’il était possible d’atteindre à 27 États membres. Le Premier ministre a tenu à saluer – malgré toutes les imperfections du traité de Lisbonne – l’extraordinaire capacité des 27 États à se mettre d’accord sur le texte d’un traité.

Selon Jean-Claude Juncker, le traité de Lisbonne constitue un progrès en soi. Ainsi, le traité établit une charte des droits fondamentaux pour les citoyens européens; il fixe l’économie sociale de marché comme modèle économique de l’Union européenne; et partant, une croissance économique importante, une faible inflation, des taux de chômage bas, des finances publiques saines et un service public performant ont été fixés dans le traité comme des objectifs à atteindre. Jean-Claude Juncker a souligné que c’était la première fois que ces principes avaient été arrêtés par un traité.

D’un autre côté, le Premier ministre a expliqué que le traité de Lisbonne établit des procédures décisionnelles plus efficaces : "Il a pu être remédié à un état des faits qui fût décrié pendant des décennies comme déficit démocratique." Et de souligner les nouvelles possibilités de participation des parlements nationaux, et les droits de codécision du Parlement européen.

Le Premier ministre a poursuivi en expliquant que les nouveaux postes créés par le traité de Lisbonne, à savoir le président du Conseil européen et le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, contribueront à "donner un visage" à l’Union européenne et à mieux la représenter dans le monde.

Pour conclure, le Premier ministre a rappelé que tout traité n’est qu’un outil de réglementation juridique. Et d'ajouter: "Un traité ne résout pas de problèmes, il propose seulement des outils. La mise en œuvre d’un traité est une question exclusive de volonté politique. Il existe des traités imparfaits qui peuvent mener à des résultats parfaits parce que les personnes en charge sont animées par une volonté politique ferme. Et il y a des traités parfaits qui restent imparfaits dans leurs résultats parce que les personnes en charge ne sont pas à la hauteur."