C’est à l’issue de deux journées d’échanges de bonnes pratiques organisées les 13 et 14 avril 2010 par l’Anefore et le Ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle que quatre lauréats se sont vus décerner, des mains de la ministre Mady Delvaux-Stehres, le Label européen des langues.
Le Label européen des Langues, organisé cette année pour sa troisième édition au Luxembourg, est un prix qui encourage les nouvelles initiatives en matière d’enseignement et d’apprentissage des langues. Il récompense, dans les 31 pays participant, les nouvelles méthodes dans le domaine de l’enseignement des langues, participe à leur notoriété et favorise ainsi les bonnes pratiques. Le Label est ouvert à tous les aspects de l’enseignement et de l’apprentissage, indépendamment de l’âge ou des méthodes employées, avec pour principal objectif la promotion de l’innovation dans l’enseignement des langues.
Ce concours est ouvert aux établissements scolaires et d’enseignement supérieur, ainsi qu’aux organismes publics et privés d’éducation et de formation proposant des apprentissages en langues, quel que soit l’âge des personnes à qui les formations sont dispensées.
Cette année, seize institutions provenant de tous les secteurs de l’éducation ont répondu au Luxembourg à l’appel à candidatures. Pour 2010, la Commission européenne avait fixé pour priorités l’apprentissage des langues dans la société et le développement des compétences linguistiques pour se préparer à la vie active. Mais les projets soumis à l’analyse du jury ont été aussi évalués en fonction du caractère innovant des méthodes utilisées, de leur créativité, de leur transférabilité, de leur capacité à renforcer la motivation des apprenants ou encore à évaluer le processus même d’apprentissage et son impact.
Le jury, présidé par Karin Pundel, directrice de l’Anefore, était composé de Jeanne Letsch, inspectrice de l’enseignement fondamental, Suzy Vercammen, de l’Agence belge francophone pour l’Education et la Formation tout au long de la vie (AEF-Europe), Carlo Frising, de la Chambre des salariés, Charles Meder, professeur, et Jo Troian, directeur du Lycée du Nord Wiltz.
Pour les organisateurs de ce prix, parler plusieurs langues est un atout dans une carrière professionnelle ce qui se vérifie tout particulièrement au quotidien à Luxembourg. L’apprentissage des langues étrangères doit donc être encouragé et facilité, ce que concourt à faire le Label européen des langues.
L’école fondamentale de Dudelange Boudersberg, le Lycée classique de Diekirch, le Lycée Aline Mayrisch de Luxembourg et la Maison Relais de Mamer ont ainsi été récompensés pour leurs initiatives qui permettent d’améliorer la qualité de l’enseignement des langues, de diversifier l’offre des formations linguistiques et d’accroître la motivation des apprenants.
Les quatre projets seront intégrés à la base de données européenne qui offre depuis plusieurs années un répertoire exhaustif des bonnes pratiques en matière d’enseignement et d’apprentissage des langues à l’échelle européenne.
Le projet "Dire-lire-écrire" de l’école fondamentale de Dudelange Boudersberg, mis en œuvre par Antoinette Terzer dans le cadre du programme Comenius pendant deux années scolaires, porte sur six langues européennes, à savoir l’allemand, l’anglais, l’estonien, le français, l’italien, et le luxembourgeois.
L’objectif de ce projet qui réunissait des écoles partenaires en Allemagne, en Estonie, en Italie et en France était de favoriser l’expression orale et écrite dans ces langues en misant sur les rencontres interculturelles, au cours desquelles les écoliers luxembourgeois ont pu jouer les interprètes entre les enfants des différents pays, et sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Le thème choisi, les animaux dans les contes, a permis aux enfants de s’investir dans la production de CD et de DVD mais aussi dans l’organisation d’un spectacle en 5 langues. Le site Internet du projet propose même, innovation notable rendue possible par les nouvelles technologies, un petit dictionnaire "parlé" réalisé par les enfants avec le vocabulaire rencontré dans les contes choisis.
Si l’on peut imaginer le défi qu’a été pour les écoliers du Grand-Duché d’apprendre à prononcer correctement un poème en estonien, il n’en reste pas moins qu’ils ont tous bénéficié d’un bain de langues qui n’a pu que renforcer leur plaisir à apprendre les langues.
Le projet de la Maison Relais de Mamer, qui est coordonné par Alain Thoma, est né de la double volonté de la commune de proposer aux enfants des cours d’anglais et de faciliter l’intégration des nombreux habitants étrangers de la commune. Le principe est de familiariser les enfants avec les langues et les cultures étrangères. Pour le moment l’anglais est à l’honneur tandis que le français est à l’étude. Une semaine de vacances a aussi permis aux enfants de se familiariser avec le chinois.
C’est à travers des activités ludiques privilégiant une communication naturelle et spontanée que se fait la découverte de la langue, une méthode qui permet aux enfants de passer du statut d’apprenants passifs à celui d’acteurs de leur propre processus d’apprentissage. L’acquisition de vocabulaire et l’apprentissage de la grammaire sont en effet facilités par la découverte de la langue par le biais d’activités créatives, sportives, musicales et culturelles encadrées par des enseignants qui travaillent tous dans leur langue maternelle.
Plus de 100 enfants ont déjà bénéficié de cette approche et, au vu du peu d’abandons enregistrés à l’issue de la première année d’anglais, il faut croire que cette méthode qui donne à la motivation toute sa place est une réussite. Et c’est sans compter les synergies qui sont nées d’un projet dans lequel sont amenés à coopérer écoles, parents et communes. Tout semble donc appeler cette initiative à se développer en proposant de nouvelles langues et un plus grand nombre d’activités pendant les vacances scolaires.
Le Lycée classique de Diekirch travaille pour sa part à l’élaboration d’un portfolio des langues adapté au système scolaire luxembourgeois. L’idée est de faire prendre conscience aux élèves de leur propre processus d’apprentissage des langues. Le portfolio, dossier constitué à la base de fiches types mises à jour régulièrement par les élèves eux-mêmes, avec l’aide régulière de leurs enseignants, se remplit peu à peu des éléments que les élèves choisissent eux-mêmes d’y apporter.
Les élèves commencent ainsi, dès la classe de 7e à écrire leur propre "biographie linguistique", ils apprennent ainsi à évaluer leurs compétences dans les différentes langues qu’ils connaissent, en général l’allemand, l’anglais, le français et le luxembourgeois. Ils nourrissent ensuite leurs portfolios de ce qu’ils considèrent leur avoir apporté de nouvelles connaissances et compétences. Et ils peuvent prendre conscience des progrès qu’ils ont faits comme de ceux qui leur restent à faire.
Cette initiative, qui est coordonnée par Maggy Kemp, a notamment permis la constitution de fiches pédagogiques transférables et la prise de conscience chez un grand nombre d’élèves de l’importance des langues pour leur vie professionnelle future. Cette approche, qui est pluridisciplinaire, permet aux enseignants de coopérer régulièrement tandis que, de leur côté, les élèves gagnent tant en autonomie qu’en créativité.
Le projet du Lycée Aline Mayrisch de Luxembourg, qui vise à "apprendre autrement les langues", s’inscrit dans le projet pédagogique de l’établissement. Coordonné par Gaston Ternes, ce projet transversal et pluridisciplinaire, qui propose une action concertée à l’échelle de tout le lycée, a pour ambition d’amener chaque élève à son meilleur niveau tout en lui apportant du plaisir dans l’apprentissage des langues. Le tout en proposant aux enseignants des outils performants en matière d’évaluation des compétences.
Les sujets traités par les enseignants répondent ainsi aux centres d’intérêt des élèves et les méthodes mises en œuvre ne manquent pas d’ingéniosité. Un exemple de pratique permettant à chaque élève de s’approprier les langues au quotidien ? Un cours de latin où les élèves réalisent, au fil de l’année, des fiches de questions pour un Trivial Pursuit auxquels ils jouent en fin d’année afin de faire le point sur leurs acquis de l’année… Voilà de quoi mettre à bas bien des préjugés sur les langues mortes.
Il s’agit par ailleurs d’encourager les élèves à participer par exemple au concours Juvenes Translatores de la Commission européenne, ou encore à des nuits de la lecture. Des rencontres avec des auteurs sont par ailleurs organisées et les élèves vivent ainsi des moments d’échange privilégiés avec ces praticiens de la langue et de la littérature. Le projet veille ainsi à motiver les élèves et à leur faire vivre l’expérience des langues au quotidien.