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Migration et asile
La plate-forme Migration & Intégration se demande si le 25e anniversaire des Accords de Schengen sera pour tous un moment de fête
11-06-2010


astiDans le cadre du 25e anniversaire des Accords de Schengen fêté le 14 juin 2010, la plate-forme Migration & Intégration (APL, ASTI, CCPL, FAAL, FACVL, FAEL, FNCTTFEL, Fondation Caritas, LCGB, OGBL,SESOPI-CI et Syprolux) a publié un communiqué dans lequel elle a déclaré que la libre circulation dans l’espace Schengen et le renforcement de la protection des ressortissants communautaires "se sont doublés des phénomènes inverses de restriction des possibilités d'accès à l'espace européen pour les étrangers non-communautaires". D’après elle, on est loin d’un traitement égal. "Le touriste européen voulant se rendre en Egypte par exemple, n'aura aucun problème pour obtenir son visa. Malheur à l'Egyptien qui voudrait passer quelques jours ou semaines en Europe: l'obtention d'un visa Schengen sera une course d'obstacle pour laquelle il faudra une longue haleine!", a-t-elle déclaré.

Pour la plate-forme Migration & Intégration, "un système informatique puissant a été mis en place et gonflé de millions d'empruntes digitales et une armada d'avions et de bateaux sécurisant les frontières maritimes, et on assiste à un discours ferme à l'égard de l'immigration". Au lieu de légitimer des voies légales d'immigration pour un continent européen vieillissant, la lutte contre l'immigration illégale favorise à l'inverse la diffusion d'une image insécurisante des migrants, ainsi que l’a tenu à souligner la plate-forme. Et d’ajouter que de cette façon, "elle alimente davantage qu'elle ne combat les thèses populistes et les courants xénophobes".

"L’UE dépense des millions d’euros pour renforcer les mesures de contrôles aux frontières extérieures de l’UE notamment par la mise en place de systèmes informatiques puissants intégrant des donnés biométriques et les empreintes digitales, pour la surveillance maritime et aérienne pour lutter contre la migration irrégulière", peut-on également lire dans le communiqué. Tout en reconnaissant que la migration irrégulière est un phénomène complexe qui représente des opportunités et des défis majeurs pour les sociétés européennes, la plate-forme a déclaré que les expériences des dernières années montrent que si les migrants se trouvent dans l'impossibilité d'entrer légalement dans un pays, ils ont souvent recours à des passeurs, et ils s'engagent alors dans des voyages périlleux, "des voyages au cours desquels plus d’un d'entre eux trouve la mort".

Pour la plate-forme Migration & Intégration, le renforcement du contrôle et de la surveillance des frontières extérieures à lui seul ne représente pas une solution à long terme. Selon elle, les moyens répressifs de grande ampleur n'agissent nullement sur les raisons qui poussent les femmes et les hommes à partir de chez eux pour chercher une vie meilleure.

La plate-forme a par ailleurs déclaré : "La communauté internationale a fait des choix importants pour faciliter le développement de l’économie mondiale en libéralisant la circulation des capitaux, des biens et des services. Ces choix ont eu pour conséquence inévitable de déclencher une mobilité humaine. Les migrants font partie intégrante des solutions qui s’offrent au pays d’origine et de destination. Le montant des transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine dépasse largement celui de l’aide officielle au développement. Ils jouent ainsi un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté à l’échelle internationale. Quant aux pays d’accueil ils sont confrontés à un problème de démographie vieillissante et au besoin de main d’œuvre, d’où l’intérêt d’ajuster l’offre et la demande de main d’œuvre dans des conditions sûres, légales et humaines".

Selon la plate-forme, la crispation sur les aspects sécuritaires est contraire aux valeurs emblématiques de l’Union européenne : démocratie, respect des droits de l’Homme et libre-circulation. "Sauvegarder la dignité humaine des migrants est une priorité", a-t-elle déclaré en soulignant qu’il faudra veiller

  • à  l’application de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme selon laquelle toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat, et toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays

  • à la mise en œuvre du droit au développement tel qu’il est défini par la déclaration sur le droit au développement adoptée par les Nations Unies en 1986

  • à la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille

  • au respect effectif de la Convention relative aux droits de l’enfant dans les pays de départ, de transit et d’accueil

  • à veiller à ce que les réfugiés aient accès à la protection au sein de l’UE

  • de permettre à tous les migrants d’avoir accès à une complète citoyenneté et de fonder toutes les réglementations concernant les migrants sur l’égalité des droits entre tous les citoyens

  • à l’annulation de la dette des pays du Sud, d’autant qu’elle rend les Objectifs du Millénaire pour le Développement inatteignables, à savoir la réduction de moitié de la pauvreté dans le monde à l’horizon 2015

  • à la protection sans conditions des migrants mineurs et notamment l’interdiction de leur enfermement et de leur expulsion, le respect effectif de leur droit à la formation et à l’éducation.