La Commission européenne a présenté le 7 juin 2010 une nouvelle étude sur la manière dont les pays européens abordent les inégalités entre les hommes et les femmes dans l'éducation. Il en ressort que des différences liées au sexe persistent tant dans le choix des études que dans le niveau d’instruction atteint. L'étude de la Commission s’appuie sur les travaux du réseau Eurydice, qui recueille et analyse des données concernant les systèmes éducatifs. Elle porte sur 29 pays (tous les États membres de l'Union européenne à l'exception de la Bulgarie, ainsi que l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège).
Le réseau Eurydice fournit des informations et effectue des analyses sur les politiques et systèmes d’éducation des pays européens. Composé de 35 bureaux nationaux établis dans les 31 pays participant au programme européen pour l’éducation et la formation tout au long de la vie (les États membres de l'UE, les pays de l'EEE et la Turquie), il est coordonné et géré par l'agence exécutive "Education, audiovisuel et culture" de l'UE, installée à Bruxelles, qui rédige ses publications et gère ses bases de données.
Hormis quelques exceptions, tous les pays d’Europe appliquent ou prévoient d'appliquer une politique égalitaire entre les hommes et les femmes dans le domaine de l'éducation. L'objectif premier est de battre en brèche les stéréotypes et le partage traditionnel des rôles masculins et féminins, mais il s'agit aussi de renforcer la représentation des femmes dans les instances de décision, de contrecarrer les schémas classiques concernant le niveau d’instruction atteint par les garçons et les filles, ou encore de lutter contre le harcèlement lié au sexe en milieu scolaire. Les États prennent peu d’initiatives pour informer les parents sur les questions d'égalité entre les sexes et les associer plus étroitement à la promotion de l'égalité hommes-femmes dans l'éducation.
Habituellement, les filles décrochent des diplômes d'un niveau supérieur et obtiennent des taux de réussite plus élevés que les garçons dans les examens de fin d'études. Les garçons, quant à eux, sont plus nombreux à quitter prématurément l'école ou à redoubler une classe. Selon des études internationales menées dans près d'un tiers des systèmes éducatifs européens, les garçons ont plus souvent des lacunes en lecture, alors que les filles semblent moins douées pour les mathématiques.
Parmi les élèves en quatrième année d’enseignement, les filles sont nettement meilleures en lecture que les garçons dans tous les pays à l’exception de l’Espagne et du Luxembourg, où les résultats moyens sont équivalents pour les deux sexes. L’étude rapporte d’autres différences de genre intéressantes concernant des objectifs ou des domaines liés à la lecture. Les filles ont en moyenne des résultats nettement supérieurs dans la lecture de textes à caractère littéraire dans tous les pays européens. En revanche, dans la lecture de textes à caractère informatif, certains pays européens (Communauté française de Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg et Hongrie) ne relèvent que très peu de différences entre les genres, voir aucune.
Par ailleurs, dans la plupart des pays, l’écart de genre en lecture varie nettement d’une école à l’autre. Seuls la Communauté française de Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, la Hongrie et le Royaume-Uni ne font état d’aucune variation entre les écoles.
Les faibles résultats des garçons ne constituent une priorité de l’action publique que dans quelques pays (la Communauté flamande de Belgique, l'Irlande et le Royaume-Uni). Plus rares encore sont ceux qui disposent de programmes destinés spécifiquement à relever le niveau de compétence des garçons en lecture et à améliorer les résultats des filles dans les mathématiques et les sciences (Autriche et Royaume-Uni).
En mathématiques, les filles sont plus susceptibles d’obtenir les scores correspondant aux niveaux de compétences les plus bas en République tchèque, au Danemark, en Allemagne, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Autriche, au Portugal, en Slovaquie et au Royaume-Uni. En sciences, les garçons ont également tendance, en moyenne, à surpasser les filles en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
La Commission européenne lutte contre les inégalités hommes-femmes dans l'éducation à la fois en encourageant la coopération entre les États membres de l'UE et en réalisant ses propres programmes de financement. La lutte contre l'exclusion sociale et l'inégalité entre les femmes et les hommes est l'une des grandes priorités de l'aide financière accordée par l'UE aux projets et partenariats éducatifs multinationaux au travers du programme pour l'éducation et la formation tout au long de la vie.
Beaucoup de jeunes, hommes ou femmes, qui suivent un enseignement professionnel ou un enseignement secondaire général choisissent encore des filières correspondant aux rôles masculins et féminins traditionnels. Pour remédier à cette situation, il faut que l’orientation professionnelle soit plus efficace et que les conseillers d'orientation prennent davantage conscience des différences liées au sexe, afin d’être mieux à même de faire abstraction des stéréotypes.
Une orientation professionnelle tenant compte des spécificités de chaque sexe n'est pratiquée aujourd'hui que dans la moitié des pays européens, dont le Luxembourg. Plus souvent axée sur les filles que sur les garçons, elle vise généralement à inciter les premières à s'engager dans les filières des technologies et des sciences naturelles. Des initiatives et projets intéressants sont menés à titre individuel, mais les stratégies nationales globales de lutte contre les stéréotypes liés au sexe dans le choix des filières font défaut, de même que les initiatives ciblées sur les garçons.
La Communauté flamande de Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Autriche et la Pologne organisent des journées pour les filles au cours desquelles des entreprises et des organismes de recherche invitent les filles pour les sensibiliser aux métiers et carrières techniques qu’elles n’envisagent pas habituellement. Depuis 2005, le Luxembourg organise en parallèle un Boys Day au cours duquel les garçons peuvent découvrir des métiers et professions atypiques.
Dans la quasi-totalité des pays, la population d'étudiants et de diplômés est essentiellement constituée de femmes, lesquelles sont majoritaires dans les domaines de l'éducation, de la santé et du bien-être, des sciences humaines et des arts. Les hommes, quant à eux, ont pour secteurs de prédilection l'ingénierie, l'industrie de transformation et la construction.
Deux tiers environ des pays, dont le Luxembourg, mènent des politiques en faveur de l'égalité entre les sexes dans l’enseignement supérieur. Toutefois, ces politiques et ces projets sont pratiquement tous axés uniquement sur les femmes. Par ailleurs, la proportion de femmes dans le personnel enseignant des établissements d’enseignement supérieur diminue à mesure que l’on gravit les échelons de la carrière académique. Pourtant, un tiers seulement des pays ont mis en place des politiques concrètes pour résoudre ce problème et lutter contre cette ségrégation verticale. Des politiques dans ce sens sont en place dans la Communauté flamande de Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, en Suède, au Royaume-Uni et en Norvège.