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Agriculture, Viticulture et Développement rural - Environnement - Santé
Alors que la Chambre exprime son plein soutien au gouvernement dans sa lutte contre l’autorisation des OGM, l’eurodéputé Robert Goebbels brise le consensus en plaidant pour
26-07-2010


Le 23 juillet 2010, une réunion rassemblant les députés de trois commissions parlementaires – Agriculture, Santé et Développement durable – s’est tenue à la Chambre des Députés à l’initiative du groupe parlementaire "déi gréng". L’objectif était pour les députés de faire le point sur la proposition de réforme de la Commission européenne qui vise à accorder davantage de liberté aux Etats membres pour autoriser ou non la culture d’OGM sur leur territoire.

Les Verts ont dénoncé cette proposition quelques jours avant sa présentation officielle, y voyant un "piège pour la protection de l’environnement et des consommateurs". Dès qu’elle a été présentée, les réactions ont fusé et leLes ministres Romain Schneider, Marco Schank et Mars di Bartolomeo lors de la réunion jointe du 23 juillet 2010 ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, a fait part dans un entretien accordé au Quotidien le 17 juillet 2010 de son inquiétude face "à une arme à double tranchant".

Au cours de cette réunion avec les députés, Mars Di Bartolomeo, qui était accompagné par le ministre de l'Agriculture, Romain Schneider, et le ministre délégué au Développement durable, Marco Schank, a réitéré ses craintes à l’idée que la Commission européenne ne tente d'accélérer les procédures d'autorisations à la culture des OGM au niveau européen sans en avoir évalué correctement les risques au niveau européen, au mépris de la législation européenne et du principe de précaution.

Le ministre de la Santé, qui parlait au nom des trois ministres présents, a rappelé par ailleurs l’initiative nationale en faveur d’un Luxembourg sans OGM réunissant communes, agriculteurs et organisations non gouvernementales.

Vu qu’un pays seul a des difficultés à faire entendre sa voix, le gouvernement a recherché des alliés parmi les autres pays membres ainsi que l’a rappelé le ministre. Et il semble que le gouvernement ait obtenu le plein soutien des députés dans sa lutte contre l’autorisation de nouveaux OGM à l’échelle de l’UE comme le rapporte David Marques dans son article publié dans le Quotidien du 24 juillet 2010.

"On a décidé à l'unanimité de continuer à soutenir le gouvernement dans sa lutte contre l'autorisation de la culture des OGM sur le territoire luxembourgeois et européen. On tire tous dans la même direction", a ainsi déclaré le socialiste Roger Negri, qui présidait la réunion jointe des trois commissions parlementaires.

Députés et ministres ont discuté notamment de la difficulté de retracer la présence d’OGM dans les aliments pour animaux ou encore de la situation désespérée de milliers de petits paysans dans les pays pauvres qui n’arrivent plus à rembourser les dettes contractées pour acheter des semences.

Comme le rapporte le journaliste, la Chambre compte adresser dès la fin septembre une communication à l'adresse de la Commission européenne afin d’accentuer la pression. Au vu de la complexité du dossier, les députés ont appelé les trois ministres concernés par le dossier suivre de près les différentes évolutions au niveau européen.

La réunion a aussi permis d’aborder la question de la coopération au niveau de la Grande Région sur ce sujet sensible. "On a dû constater avec regret que la position de la Rhénanie-Palatinat diffère de la nôtre. Or nous visons le développement d'une zone sans OGM au niveau de la Grande Région", a en effet expliqué Roger Negri, cité par le Quotidien. Jean-Marie Halsdorf va donc être appelé à souligner le point de vue luxembourgeois lors des réunions à venir au niveau de la Grande Région.

Robert Goebbels adresse à la classe politique luxembourgeoise un plaidoyer acerbe en faveur des OGM

L’eurodéputé socialiste Robert Goebbels dénonce pour sa part une "manipulation de l’information au sujet des biotechnologies vertes" dans une lettre ouverte à la classe politique luxembourgeoise qu’il a publiée sur son site Internet le 26 juillet 2010, presqu’au lendemain donc de cette réunion à la Chambre qui a été marquée par un net consensus en vue d’un Luxembourg sans OGM.

Dans sa lettre, l’eurodéputé critique le fait que la classe politique luxembourgeoise s’oppose "aveuglément" aux OGM. Il dénonce une certaine "suffisance" qui fait que l’on s’oppose au Luxembourg à l’énergie nucléaire tout en important de l’électricité produite par ce biais ou encore que l’on y refuse la culture d’OGM alors que des produits issus d’animaux nourris au maïs ou au soja transgénique y sont importés. Robert Goebbels explique en effet dans sa lettre que l’UE ne produit qu’un quart des matières fourragères nécessaires à l’élevage et il faut selon lui tenir compte de cette "vérité inconfortable". A ses yeux, le Luxembourg ne pourra jamais être sans OGM.

Près de 12 millions d’agriculteurs cultivent dans le monde 10 % des surfaces cultivables avec des semences OGM et l’eurodéputé interpelle donc les politiques luxembourgeois : sont-ils donc bêtes ces 12 millions d’agriculteurs qui choisissent selon lui ces plantes pour avoir de meilleures récoltes et pour utiliser moins de pesticides ?

Le dénigrement permanent des produits agricoles génétiquement modifiés n’est pas du tout justifié aux yeux de Robert Goebbels qui voit dans le développement des OGM des "progrès scientifiques évidents".

Pour lui, le cas de l’Espagne, seul pays européen où la culture d’OGM se fait sur des surfaces significatives et pays produisant par ailleurs le plus de produits bio, est par ailleurs la preuve que "la coexistence est possible".

Robert Goebbels dénonce "la farce" qui se joue selon lui en Europe à chaque fois qu’un produit OGM doit être autorisé. Les études menées par l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (EFSA) durent deux fois plus longtemps qu’aux Etats-Unis et, lorsqu’un produit obtient le feu vert, le Conseil des Ministres n’est ensuite pas en mesure de s’entendre, ce qui conduit la Commission à autoriser le nouveau produit. Greenpeace accuse ensuite les scientifiques d’êtres vendus à l’industrie tandis que certains pays, comme le Luxembourg, introduise le nouveau produit sur leur territoire…Ce processus, Robert Goebbels le décrit comme un "théâtre de l’absurde" auquel la Commission veut mettre fin en renationalisant les autorisations d’OGM.

L’eurodéputé socialiste appelle la classe politique luxembourgeoise à tenir compte des réalités de la biotechnologie plutôt que de "courir lâchement après les campagnes de Greenpeace et compagnie". L’Europe ne pourra pas, selon lui, maintenir son refus des OGM alors que le reste du monde fait de bonnes expériences avec les biotechnologies vertes. Quant à des grands pays agricoles comme l’Allemagne, l’Espagne ou les Pays-Bas, ils vont faire usage de la liberté que veut leur proposer la Commission en matière d’autorisation et le Luxembourg ne pourra, d’après Robert Goebbels, rien faire face à de tels développements

Si le Luxembourg veut se positionner sur les biotechnologies industrielles, il devra être ouvert aux nouvelles technologies, juge enfin Robert Goebbels qui pense que "la peur des OGM apparaîtra dans quelques années aussi ridicule que le refus du chemin de fer par les habitants de Diekirch il y a un siècle".