La ministre de la Culture, Octavie Modert, a participé les 7 et 8 octobre 2010 à la réunion informelle des ministres européens de la Culture et de l’Audiovisuel qui s’est tenue au Palais d’Egmont à Bruxelles sous présidence belge.

Les ministres de la Culture se sont dans un premier temps penchés sur les défis auxquels font face les industries culturelles et créatives (ICC). Ces dernières constituent l’un des secteurs émergents les plus dynamiques, composé d’entreprises hautement innovantes dont le potentiel de créativité et d’innovation joue un rôle essentiel pour renforcer la compétitivité de l’Union européenne.

 Les ministres ont convenu qu’il faut consolider la place des ICC au sein de la politique d’innovation de l’UE, compte tenu de leur contribution au développement économique, technologique et social de l’Europe et, au-delà, aux objectifs de la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, inclusive et durable.

Si l’on veut une Europe plus compétitive, il faudra tenir compte de l’apport du secteur culturel et tout particulièrement de celui des industries culturelles et créatives

Comme elle l’avait déjà souligné lors de la réunion ministérielle de Barcelone de mars dernier, Octavie Modert a insisté sur le fait que culture et créativité ne doivent pas seulement être considérées en tant que vecteurs de croissance et de compétitivité, mais en premier lieu pour leur valeur intrinsèque ; l’exception culturelle et la spécificité du secteur de la culture et des arts ne doivent par ailleurs jamais être perdues de vue.

Si elle a souligné que des progrès importants ont été réalisés et que les ICC sont désormais mieux prises en compte par d’autres domaines politiques, la ministre luxembourgeoise a cependant regretté que ces avancées ne restent encore trop limitées. Elle a donc appelé à continuer à mettre en évidence la spécificité et la nature transversale du secteur culturel et créatif. Aux yeux d’Octavie Modert, ces efforts impliquent qu’il faut promouvoir l’utilisation de définitions plus larges. Le patrimoine européen n’inclut par exemple pas seulement le bâti, mais aussi le patrimoine écrit sous toutes ses formes, le patrimoine sonore, audiovisuel et iconographique.

De concert avec ses collègues, la ministre luxembourgeoise s’est en outre prononcée en faveur du développement de nouveaux indicateurs statistiques spécifiques, respectivement de l’inclusion de la culture en tant que indicateur pour la croissance, la compétitivité et le bien-être.

Octavie Modert a aussi appelé à chercher des voies à débouchés plus concrets, notamment dans le domaine de la numérisation des contenus culturels, secteur éminemment innovant et à enjeux déterminants aussi bien au niveau européen que national. D’autres points auxquels il faudra s’attacher, selon la ministre, sont les droits d’auteur, l’amélioration des conditions pour la mobilité des artistes et personnes travaillant dans le secteur des ICC, un accès plus facile aux moyens de financement de l’UE (fonds structurels, programmes de subvention etc) pour les artistes individuels et des petits porteurs de projets.

 Octavie Modert a conclu en soulignant que si l’on veut une Europe plus compétitive, il faudra tenir compte de l’apport du secteur culturel et tout particulièrement de celui des ICC.

 "Le monde a droit à des films de qualité transgressant les considérations purement commerciales et économiques"

La réunion informelle s’est poursuivie par le volet audiovisuel où les ministres ont échangé leurs vues au sujet du soutien au cinéma européen.

Octavie Modert a souligné que le régime mis en place par la communication "cinéma" de 2001 a fait ses preuves et qu’il faut continuer sur ces bases. Il ne faut pas oublier que la diversité culturelle est une composante importante du cinéma européen, qui doit être pris en compte. Octavie Modert, remplaçant le ministre des Communications et des Médias, François Biltgen, a signalé qu’une œuvre audiovisuelle est à considérer comme un produit éminemment culturel. "Le monde a droit à des films de qualité transgressant les considérations purement commerciales et économiques", a-t-elle lancé. Toute approche de soutien au cinéma doit tenir compte des nouvelles formes de distribution et viser une diffusion intracommunautaire.

La ministre, comme nombre de ses collègues, a également souligné l’importance d’une prise en considération globale d’une œuvre audiovisuelle lorsqu’on parle de soutien au cinéma. "On ne peut pas limiter le soutien public à la seule phase de la production", a-t-elle plaidé, mentionnant en outre la numérisation du patrimoine cinématographique et la numérisation des salles de cinéma.