Le lundi 29 novembre 2010, le ministère du Travail et de l'Emploi a organisé un séminaire du Fonds social européen (FSE) sur l’innovation à la Chambre de commerce à Luxembourg-Kirchberg. Il y avait invité l'ensemble des promoteurs de la période 2008-2010, les membres du comité de suivi du FSE et un représentant de la Commission européenne qui ont eu des échanges sur l’innovation face aux besoins sociaux, aux défis sociétaux et aux changements systémiques et les moyens de la diffuser. Il fut question de bonnes pratiques de l’innovation, des obstacles à l’innovation et de la valeur ajoutée du FSE dans l’innovation sociale.
Nicolas Schmit est venu en sa qualité de ministre du Travail et de l’Emploi faire part aux promoteurs de projets que les campagnes de popularisation du FSE avaient porté leur fruit – lors de la période budgétaire précédente, une grande partie de l’enveloppe destinée au Luxembourg n’avait pu être utilisée – puisqu’entretemps, il y a plus de projets que de budget disponible. "La parole a porté, il y a un grand intérêt pour le FSE, nous serons plus sélectifs pour mieux mettre les projets en accord avec les objectifs tels qu’ils ont été formulés dans l’appel pour les années 2011-2012".
Ces priorités sont trois : améliorer l’accès à l’emploi et l’inclusion durable dans le marché du travail ; augmenter l’adaptabilité des travailleurs et des entreprises ; renforcer le capital humain.
Cela veut d’abord dire, comme l’a rappelé Nicolas Schmit, que le Luxembourg passe de 70 à 75 % de taux d’emploi, comme le veut la stratégie Europe 2020.
Un fort accent doit être mis sur le taux d’emploi des plus de 50 ans, qui est très faible au Luxembourg, surtout pour les travailleurs qui ont dépassé la cinquantaine et qui sont moins qualifiés. Pour eux, il faudra trouver des solutions plus flexibles, un nouveau rôle aussi, a souligné le ministre.
En ce qui concerne le taux d’emploi des femmes, un grand effort a déjà été accompli au Luxembourg, de sorte que l’emploi féminin est au-dessus de la moyenne européenne. Comme les femmes quittent souvent le marché du travail pour se consacrer à l’éducation de leurs enfants – "un choix entre le travail et la famille qui ne devrait pas être un choix imposé", a dit Nicolas Schmit – il faut selon le ministre trouver de nombreuses manières de leur rouvrir les portes du marché du travail quand elles y retournent, et des projets FSE dans ce sens seront les bienvenus.
L’emploi des jeunes est un souci majeur du ministre du Travail. 27 % des jeunes entre 15 et 30 ans n’ont pas d’emploi, et 17 % de ceux qui ont entre 15 et 25 ans. Le problème des jeunes sans qualification est dramatique, car il y a ceux qui ont quitté l’école trop tôt, les autres – le ministre a cité le chiffe de 400 jeunes dans le pays – qui ne trouvent pas de place comme apprenti, de sorte que le risque pour ces jeunes de devenir des chômeurs de longue durée est réel.
Elle est devenue nécessaire à cause des changements dans les formes de travail. Les restructurations d’entreprises révèlent régulièrement, y compris dans le secteur financier, que certaines qualifications ne collent plus avec les réalités et les exigences de l’entreprise. Il y a une tendance réelle à sortir les personnes à qualification plus faible des entreprises. Ici, ceux qui sont en charge des ressources humaines, devant lesquels le ministre du travail a récemment pris la parole, sont mis au défi de devenir des agents du changement parmi leurs propres effectifs et de mettre en place des transitions dans les carrières.
Le capital humain est pour Nicolas Schmit un capital dans lequel il faut investir pour lui permettre de se renouveler. Cela vaut tant pour des formations adaptées aux jeunes que pour la formation continue qui pourrait devenir un des premiers atouts pour la sécurité de l’emploi. Le capital humain, la santé des travailleurs doivent devenir un élément plus important dans le partenariat entre employeurs et employés, un moyen important aussi pour qu’une carrière sur le marché du travail puisse durer le plus longtemps possible.
L’enveloppe budgétaire du FSE entre 2007 et 2013, 50 millions d’euros, dont la moitié venant de l’UE, doit selon Nicolas Schmit être utilisée pour que les vrais problèmes soient abordés. Le chômage en est un, avec 6,5 % de chômeurs et 40 à 50 % parmi eux qui sont peu qualifiés. S’il y a investissement dans un projet, l’UE, l’Etat, les personnes concernées surtout sont en droit d’attendre un certain retour sur cet investissement. Pour que l’argent soit engagé le mieux possible, le ministre a demandé une vraie discipline en ce qui concerne le planning : budget le plus exact possible, éviter les budgets surestimés et ne pas invoquer si possible la règle N+2, que dont un projet peut continuer à recevoir des fonds jusqu’à deux ans au-delà de la période budgétaire initialement prévue, bien planifier dans le temps.
Le comité de sélection des nouveaux projets FSE pour 2011-2012 siègera le 15 décembre 2010. Le ministre a très clairement dit que « pas tous les projets envoyés seront retenus ». Trois sujets se dégagent des candidatures : la santé, un secteur porteur d’avenir, l’environnement, où il s’agit d’identifier le potentiel des "emplois verts", et l’énergie.
La conviction intime de Nicolas Schmit qui est en même temps un avertissement est simple : "Les citoyens attendent de l’UE des emplois et la préservation du modèle social européen. Si l’UE n’est pas capable de répondre à cette attente, le citoyen s’en détournera. Le FSE est un moyen de convaincre le citoyen que le projet européen est nécessaire." Autre conviction du ministre exprimée au cours du débat : "La question de l’emploi ne se résoudra pas dans le cadre d’un discours sur l’ultra-compétitivité. Les gens plus faibles ne peuvent pas être abandonnés au bord de la route. L’emploi est d’abord lié à la production de marchandises et de services. Mais il y a aussi d’autres voies qu’il faut identifier, comme financer des emplois solidaires durables. On ne peut pas faire de l’économie classique le seul discours économique."