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Economie, finances et monnaie
Gouvernance économique européenne : au cours d’un débat avec le PE, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE déclare qu’avec l’aide du PE, l’on pourra aller plus loin que les propositions du Conseil européen
Robert Goebbels critique le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy
22-11-2010


Le Président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a déclaré aux députés européens le 22 novembre 2010 que le Parlement européen serait décisif pour améliorer le modèle de gouvernance économique avancé par le Conseil européen. Le plan proposé se situe "en deçà de ce que la BCE considère comme nécessaire", a-t-il regretté.

Au cours du débat, organisé autour des activités de la BCE en 2009, Jean-Claude Trichet a expliqué en détail comment la BCE a radicalement baissé ses taux de prêt en 2009 à 1 % et a élaboré des mesures de soutien au crédit afin de consolider les banques. Il a également expliqué comment la BCE est intervenue sur les marchés des titres de créance de la zone euro afin de régler les problèmes sur les marchés obligataires.

Prenant la parole après le président Trichet, Olli Rehn, commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, a déclaré que l'assistance dont devrait bénéficier bientôt l'Irlande assurera la stabilité de toute la zone euro, concluant que les négociations sur le mécanisme avec les autorités irlandaises devraient être bouclées d'ici la fin novembre.

Le débat au PE

Au cours du débat, l'importance de se concentrer sur la coordination économique entre membres de la zone euro a été soulignée, comme la nécessité de doter l'UE d'une capacité de réaction adéquate aux problèmes, plutôt que de traiter uniquement les questions monétaires. Pour apaiser les inquiétudes à la base, certains députés ont prôné la transparence, estimant qu'il faut mieux communiquer sur tous les changements nécessaires. Mais il a aussi été dit que les actions de la BCE ne pouvaient répondre aux préoccupations des Européens, mais plutôt des mesures plus ambitieuses au niveau des décideurs politiques. Il y a eu des plaidoyers pour un mécanisme permanent de défense de la zone euro contre les attaques spéculatives, géré par la BCE et pour une agence de notation européenne. La BCE a été critiquée pour ne pas avoir émis des euro-obligations afin de financer les États membres en difficulté.

Robert Goebbels : Charge contre Herman Van Rompuy et éloge d el l’Europe et de ses potentialités

Le député européen luxembourgeois Robert Goebbels est intervenu dans le débat. Pour lui, les problèmes que connaît actuellement l’Euro relèvent de la normalité : "Quelle devise convertible n’en connaît pas après la crise systémique engendrée par la finance folle ?", s’est-il demandé. Il a critiqué le fait que "l’accroissement des déficits publics résulte du sauvetage public de banques privées", que "le monde de la finance folle n’a apparemment pas tiré de leçons de la crise" et que les spéculations "font monter les taux des emprunts des Etats suspectés d'une éventuelle défaillance". Pour lui, les politiques d’austérité qui en résultent "rendront leur redressement encore plus difficile."

Dans son intervention, Robert Goebbels a émis la thèse suivante : "Le sauvetage de la Grèce signifie d’abord le sauvetage de banques françaises, allemandes détenant un important portefeuille de créances grecques. Le soutien à l’Irlande est avant tout un sauvetage de banques britanniques et allemandes, qui pâtiraient profondément d’une défaillance des banques irlandaises." Et le taux de change volatil de l’Euro "n’est pas un indice de faiblesse de la monnaie commune », mais « le reflet de la nervosité des marchés face à une guerre monétaire entre Américains et Chinois."

Robert Goebbels a marqué son désaccord avec Herman Van Rompuy  qui a parlé d’une lutte de survie de l’Euro : "Il a tort. L’Euro, ce 'phare de stabilité' dont vient de parler M. Trichet, survivra à M. Van Rompuy, parce que l’Union, et sa structure porteuse, l’Eurogroupe, sont l’entité économique la plus importante au monde." Les 27 sont le "plus grand exportateur de biens, le plus grand importateur de biens, le plus grand exportateur de services du monde", a souligné l’eurodéputé socialiste, avec "le marché intérieur le plus solvable" et des entreprises qui "exportent deux fois plus dans le marché intérieur que vers les marchés mondiaux".

L’UE est aussi "la première destination pour les investissements directs des pays tiers" et ses entreprises "détiennent le plus grand stock des investissements mondiaux." Autres chiffres déclinés par Robert Goebbels : "Avec 500 millions de citoyens, soit 7 % de la population mondiale, l’Union génère 30 % du produit mondial brut. Les Etats-Unis réalisent 25 %, le Japon 8 % et la Chine 7 % du produit mondial." S’y ajoutent les 55 % de l’aide mondiale au développement. L’UE pourrait, selon Robert Goebbels, "peser bien davantage, si nos dirigeants avaient un peu plus de courage politique, s’ils utilisaient la force de l’Europe, pour imposer à la finance internationale un cadre strict et transparent, et s'ils travaillaient solidairement à surmonter les problèmes actuels."

La réponse de Jean-Claude Trichet et de'Olli Rehn aux députés

Le président de la BCE a répliqué que sa banque avait "de la sympathie pour l'Union économique, mais nous sommes responsables uniquement de l'aspect monétaire". Il a dénoncé "la tendance à utiliser l'UE comme un bouc émissaire" et à blâmer l'euro, "une monnaie forte et solide", en raison des difficultés économiques. "Ce n'est pas l'euro qui est en jeu", a dit aussi Jean-Claude Trichet, "mais l'instabilité financière entraînée par le mauvais comportement des politiques fiscales" et la "mauvaise gouvernance de l'économie" de certains États membres. Enfin, il a demandé aux députés de travailler dur pour assurer "une surveillance et une gouvernance très fortes" de l'économie de l'UE.

"Nous avons besoin d'agir comme une brigade de pompiers pour éteindre le feu en Europe", a déclaré le commissaire Rehn en réponse aux députés européens. Se référant à la situation de l'Irlande, il a dit: "Quand quelqu'un est en difficulté, vous avez besoin de l'aider,(...) c'est aussi dans l'intérêt de la stabilité de l'Europe élargie ». « Tous les États membres auraient été davantage en difficulté sans le bouclier de l'UE", a-t-il ajouté.