Le 15 décembre 2010, s’est tenu dans les locaux du ministère du Développement durable et des Infrastructures une conférence de presse "lutte contre le changement climatique" qui avait pour objectif de présenter un "bilan intermédiaire" des efforts internationaux, européens et nationaux dans ce domaine ainsi que d’offrir des informations concernant les résultats concrets "de la 16e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques" qui s’est tenue à Cancun (Mexique) entre le 29 novembre et 10 décembre 2010.
Au cours de ce point presse, le ministre luxembourgeois du Développement durable et des Infrastructures, Claude Wiseler, a offert un "exposé critique" des différents textes et décisions adoptés à l’issue de la conférence à laquelle il a lui-même assisté, et ce à partir d’un double point de vue national et européen. Marco Schank, ministre délégué au Développement durable et aux Infrastructures, s’est pour sa part intéressé plus amplement aux différentes mesures et initiatives lancées à ce jour au niveau du Luxembourg.
Lors de son intervention, Claude Wiseler a commencé par indiquer qu’il était "très content" qu’un accord ait pu être trouvé à Cancún. En effet, après l’échec fortement médiatisé des négociations qui s’étaient déroulées à Copenhague en décembre 2009, le ministre a indiqué "avoir eu peur d’un échec jusqu’au bout". Son inquiétude s’est toutefois révélée être infondée car les délégations ont réussi à élaborer un texte de compromis qui "est acceptable" pour tous les pays (sauf la Bolivie), a souligné le ministre avec un plaisir non dissimulé.
Dans ce contexte, Claude Wiseler a tenu à mettre en exergue le "rôle constructif" de l’UE tout au long du processus de négociation de Cancún. "L’UE avait une attitude coordonnée et a parlé d’une seule voix à Cancún", a déclaré le ministre, et elle a ainsi réussi à peser de tout son poids et à contribuer positivement à un accord de compromis.
Le ministre a toutefois rapidement nuancé son propos en répétant que les termes de l’accord adopté à Cancún étaient inférieurs aux attentes initiales de l'UE. "Les Européens auraient aimé aller plus loin" a-t-il rappelé à de multiples reprises lors de son intervention. Pour illustrer son propos, le ministre a notamment indiqué regretter que les délégations n’aient pas réussi à se mettre d’accord sur la fixation concrète de la date à partir de laquelle les émissions de gaz à effet de serres devront cesser d’augmenter.
Le ministre est ensuite brièvement revenu sur la position défendue par l’UE lors de la conférence. Cette position, qui était "très claire" selon les mots du ministre, visait prioritairement l’instauration d’une convention juridiquement contraignante pour tous les pays pour la période de l’après Kyoto. Les pays de l’UE ont défendu à Cancún l’élaboration d’une "convention-cadre" internationale dans laquelle seraient fixés concrètement les objectifs à atteindre par chaque Etat après 2012.
Le ministre a continué en expliquant que l’UE n’était toutefois pas dogmatique dans son approche. Les Européens sont pleinement conscients des difficultés que la poursuite de cet objectif implique, notamment au vu des positions défendues par certains pays tels que la Russie, le Japon ou le Canada. Ainsi, précise Claude Wiseler, l’UE aurait été prête à accepter une "prolongation de l’accord de Kyoto", à condition que qu’elle obtienne des "garanties suffisantes" pour que cette décision permette "d’aboutir en fin de compte à une telle convention". Le choix des Européens d’insister sur un tel texte global et juridiquement contraignant se justifie principalement par le fait que le régime du protocole de Kyoto ne couvre peu ou prou que 25 % (13 à 14 % pour les Européens) des émissions globales de gaz à effet de serre. Les efforts européens ont donc pour ambition principale l’inclusion dans le régime futur de tous les autres pays qui ne sont actuellement pas partie prenante au protocole de Kyoto.
Parmi l’ensemble des résultats atteints à l’issue de la conférence de Cancún, Claude Wiseler s’est brièvement attardé sur deux éléments au sujet desquels il a tenu à préciser la position exacte qu’avaient défendue les Européens.
Le premier de ces éléments concerne les objectifs chiffrés des pays industrialisés de réductions des gaz à effet de serre. La conférence de Copenhague avait offert la possibilité aux Etats d’annoncer volontairement leurs objectifs nationaux et de les inscrire dans "l’annexe 1" du document final adoptée à l’issue de cette rencontre. Ces "pledges" d’une centaine d’Etats ont été repris au cours de la conférence de Cancún et ont été intégrés dans le contenu de l’accord final de Cancún. Cette décision, qualifiée de "saut qualitatif manifeste" par Claude Wiseler, a été complétée par un mécanisme de révision future de ces chiffres. En effet, le texte de l’accord énonce explicitement que les 194 pays considèrent ces objectifs comme "insuffisants", et que ses signataires se sont mis d’accord pour inscrire dans le texte la nécessité de revoir les différents objectifs à une date ultérieure.
Sur ce dernier point, le ministre souligne que l’UE aurait préféré "que le texte soit plus clair [sur ce point] et qu’une date précise soit retenue pour cette révision", mais en fin de compte, les Européens, "contents que ces objectifs y figurent", se sont alors montrés prêt à faire des concessions.
Le second élément, de "grande importance" pour l’UE concerne le sujet de la transparence dans les mécanismes de mise en œuvre concrète "des dispositions relatives à la surveillance, la déclaration et la vérification des émissions". Selon Claude Wiseler, les Européens auraient préféré aller au-delà des dispositions qui ont été adoptées à Cancún. L’UE "aurait bien aimé introduire un système monitoring-reporting-verification (MRV)" en tant qu’instrument de garantie de la transparence. Mais au vu de nombreuses réticences exprimées par les délégations non-européennes, l’UE s’est également montré conciliante sur ce sujet.
Enfin, le ministre luxembourgeois a tenu à rappeler que concernant "l’engagement collectif des pays industrialisés de fournir 30 milliards de dollars américain durant la période 2010 à 2012 aux pays en voie de développement", les contributions de l’UE à hauteur de 2,4 milliards d’euros et du Luxembourg à hauteur de 9 millions d’euros ont été confirmés à Cancún. Les 3 millions luxembourgeois pour l’année 2010 "sont en route" a souligné Claude Wiseler.
De manière générale les résultats de Cancún font "pencher la balance du côté positif" aux yeux du ministre Claude Wiseler.
Au cours de la deuxième partie de la conférence de presse, le ministre délégué Marco Schank a commencé son intervention par un rappel des objectifs du Luxembourg dans le domaine de la lutte contre le changement climatique. La politique luxembourgeoise qualifiée de "très ambitieuse" par Marco Schank, poursuit un objectif d’une réduction de 28 % des émissions de gaz à effet de serre.
Pour une approche graduelle vers cet objectif, le gouvernement luxembourgeois a déjà adopté toute une série de mesures concrètes que le ministre délégué s’est appliqué à décrire dans le détail. Dans ce contexte, il a fait référence à l’impulsion émanant de l’UE et de son impact sur certaines initiatives telles que le "plan national d’adaptation au changement climatique", dont la mise en place est obligatoire pour tous les Etats membres.