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Politique régionale
Ce que l'étude Metroborder recommande à la Grande Région
01-02-2011


Le projet de recherche appliquée Metroborder a été mené dans le cadre de la seconde période de programmation 2007-2013 du programme ESPON, European Spatial Planning Observation Network. 

Son objectif : développer les grandes lignes d’un processus visant le développement à long terme d’une région métropolitaine polycentrique transfrontalière (RMPT) au sein de la Grande Région.

Le but affiché du projet a été de renforcer le positionnement de la Grande Région au sein de l’Europe.  Comment la Grande Région peut-elle devenir plus compétitive et plus attractive ? De quels éléments a-t-elle besoin pour mieux se préparer aux évolutions au niveau européen dans un contexte où la Commission européenne cherchera à renforcer les métropoles existantes et à soutenir les projets en vue de la réalisation de métropoles pour des raisons de compétitivité mondiale conformément à la stratégie Europe 2020.

Le rapport final est disponible depuis le début du mois de janvier 2010. Que dit-il, que recommande-t-il au sujet de la Grande Région dans l’Europe ? 

D’abord : Qu’est-ce une métropole ?

Metroborder définit les métropoles comme des nœuds centraux dans un monde globalisé. Elles sont avant tout des carrefours des flux économiques, des pouvoirs politiques et de l’implantation d'infrastructure.

Il fait ensuite le constat que  dans le passé, les régions transfrontalières semblaient être l’opposé des régions métropolitaines, dans la mesure où elles étaient caractérisées par les barrières spatiales les plus importantes du monde moderne: les frontières des États.

Mais "avec la libéralisation des frontières en Europe, toutes les régions frontalières, et tout particulièrement celles qui sont métropolitaines, ont connu un développement dynamique."

Qu’est-ce une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT) ?

Le projet Metroborder montre ensuite que les Régions Métropolitaines Polycentriques Transfrontalières (RMPT) représentent un important phénomène émergent de l'organisation spatiale européenne, car elles disposent d’un potentiel de développement élevé.

La Grande Région relève de ce cas de figure. Metroborder a tenté

  1. de le cartographier et ensuite
  2. de mieux comprendre son fonctionnement ainsi que son positionnement et enfin,
  3. d’analyser les moyens permettant de mieux exploiter ses potentiels.

La notion de RMPT regroupe plusieurs dimensions complexes :

  • la polycentricité
  • la 'qualité métropolitaine'
  • une série de questions liées à l'intégration fonctionnelle et institutionnelle, ainsi qu’à la gouvernance.

Pour Metroborder, une RMPT est une construction politique fondée sur des accords transfrontaliers, qui considèrent l'existence des frontières nationales comme une ressource pour accroître les interactions au niveau local et pour accroître le positionnement du centre métropolitain dans les réseaux mondiaux.

Les RMPT sont composées de plusieurs centres urbains, situés de part et d’autre des frontières, avec leurs complémentarités et atouts, qui doivent être mobilisées à diverses échelles géographiques. Qu’une telle région réussisse à exploiter son potentiel métropolitain, dépend largement de la volonté et des stratégies des acteurs pour coopérer dans un contexte multi-niveau complexe.

Aires Urbaines Fonctionnelles

Afin d'explorer et de comparer une RMPT sur un plan européen, Metroborder s’est basé dans une large mesure sur le concept d'unité des Aires Urbaines Fonctionnelles (FUA pour Functional urban area) développé par ESPON.

En tenant compte du caractère polycentrique, un système de FUA avoisinantes et environnantes a été développé. Les cartes montrent que le long des frontières situées entre l’aire Benelux-France-Allemagne-Suisse, se dessine une concentration frappante de régions métropolitaines transfrontalières.

La Grande Région comprend deux Aires Urbaines Fonctionnelles (FUA) de dimension transfrontalière – le FUA Luxembourg comprenant Arlon du côté belge, et le FUA Sarrebruck comprenant Sarreguemines du côté français.

Qualité métropolitaine polycentrique

Généralement, les régions métropolitaines polycentriques transfrontalières restent 'dans l'ombre' des régions de renommée mondiale, telles que le Randstad, le Rhin-Ruhr, le Rhin-Main, Zurich, Milan ou Paris ("Pentagone").‘CBPMR Greater Region’:schematic synthesis map of Metroborder results. Carte n°37 extraite du rapport Metroborder

Néanmoins, la Grande Région fait partie des régions étudiées qui montrent très clairement l'importance d'une organisation polycentrique: au niveau de leur poids économique et démographique, ce n'est qu'ensemble, qu'elles sont comparables aux régions nationales 'classiques'. En prenant en compte une perspective polycentrique, les RMPT deviennent beaucoup plus comparables aux métropoles classiques.

Autrement dit, le but de développer davantage la région métropolitaine polycentrique transfrontalière constitue une stratégie qui permet d'atteindre la 'masse critique'. En effet, le faible poids démographique et économique, ainsi que l’accessibilité limitée, induisent une certaine vulnérabilité de différentes parties des RMPT, ce qui n’est notamment pas le cas pour les métropoles nationales. La coopération transfrontalière est donc une stratégie indispensable pour assurer et promouvoir leur position.

Les sièges de l'économie tout comme les institutions politiques les plus importantes ne sont pas dispersés sur de vastes territoires métropolitains, bien au contraire, ils se concentrent dans certaines parties des aires métropolitaines.

Ceci vaut aussi bien pour les régions nationales/régionales, que pour les régions transfrontalières. Les différents centres des systèmes RMPT ne sont donc pas des partenaires 'semblables' quant à leur qualité métropolitaine, mais ils constituent plutôt des parties complémentaires au sein d'un système complexe.

Ce fait s'applique d’autant plus lorsque la qualité métropolitaine est évaluée à travers la présence d'une capacité décisionnelle économique et politique.

Les complémentarités fondamentales comprennent les spécialisations économiques de différents secteurs (les services à haute intensité de connaissances ou d'innovation et la production industrielle). Les différentiels dans les marchés de l’immobilier et les commerces de détail jouent un rôle considérable. Par ailleurs, la diversité culturelle ainsi que paysagère contribuent à la qualité de vie. L'unité spatiale de l'Aire Urbaine Fonctionnelle comprend aussi de vastes espaces aux caractéristiques typiquement rurales (faible densité de population etc.), dont le marché du travail est fortement influencé par un pôle métropolitain à proximité.

Le label ' des lieux intelligemment mis en réseaux' aborde justement ce dispositif complexe: les métropoles transfrontalières présentent, tant qualitativement que quantitativement, plus de différentiels que les métropoles nationales. La stratégie visant à utiliser ces différentiels est parfois un défi complexe, mais qui peut profiter à tous les acteurs impliqués.

Intégration fonctionnelle

L’intégration transfrontalière révèle une dynamique continue. Ceci concerne les espaces sous-jacents des régions métropolitaines polycentriques transfrontalières à divers degrés d’intensité.

Les résultats indiquent que la présence d'une économie à haute intensité de connaissances dirigée par une place financière internationale (dont Luxembourg est un exemple) et/ou des activités de technologiques de pointe sont les principaux facteurs qui expliquent l'intensité de l'emploi transfrontalier en Europe aujourd'hui.

Une aire comme Luxembourg qui connait un des mouvements transfrontaliers parmi les plus importants en Europe se distingue par sa qualité métropolitaine, mais aussi par l'absence de barrières linguistiques absolues. Le Luxembourg fonctionne comme un 'pont linguistique'.

A travers l'exemple du secteur automobile de la Grande Région, le projet Metroborder a étudié les flux transfrontaliers économiques au niveau régional. Etant donné que ces flux ne sont pas recensés par le biais de données statistiques standard, une enquête postale a été menée auprès d'entreprises.

Les résultats montrent une forte présence du secteur automobile dans toutes les régions membres. Les associations transfrontalières entre les divers acteurs sont cependant faibles. En dépit de la coopération existante à l'échelle européenne ou mondiale, il n’y a guère de stratégies transfrontalières de la part des entreprises impliquées dans la Grande Région.

Parallèlement, les diverses initiatives de soutien lancées par le secteur (semi-)privé se concentrent principalement sur l’échelle nationale. Le potentiel à exploiter peut donc être considéré comme large.

Considérant les aspects sociaux, la valeur ajoutée d'une coopération transfrontalière a été abordée dans le cadre de l'étude de faisabilité concernant les services d'urgence. L'étude offre un cadre prometteur pour analyser l'accessibilité, permettant ainsi de révéler des propositions d'actions politiques.

Gouvernance

Le contexte politique et institutionnel dans les régions métropolitaines transfrontalières est contraignant: Dans ce contexte multinational, se rassemblent de nombreuses institutions nationales/régionales, caractérisées par des bases politiques et culturelles parfois contradictoires, des langues différentes et des paradigmes politiques. De plus, la coopération a lieu dans un contexte véritablement multi-niveau.

La gouvernance et l'intégration institutionnelle sont des aspects majeurs dans la recherche Metroborder. La diversité des structures de gouvernance dans une RMPT comme la Grande Région est énorme. Le défi permanent est de surmonter les 'clivages multi-niveaux', c’est-à-dire, de manier l'organisation asymétrique de compétences politiques et administratives de part et d’autre de la frontière. De surcroît, une stratégie transfrontalière précise et commune à tous les acteurs, semble indispensable.

La géographie compte dans ce domaine: définir et concrétiser un périmètre d'action est un sujet sensible. La différenciation entre le périmètre institutionnel et le périmètre ciblé d’action politique peut être cruciale. D'autres aspects particulièrement sensibles concernant la mise en place de la gouvernance RMPT sont,

  • l'implication des acteurs municipaux et économiques, et
  • la possible délégation de mandats à des institutions suprarégionales stables.

La vision politique d’une Grande Région favorisant l'utilisation du potentiel de son statut de RMPT trouve de bons arguments dans l'analyse scientifique du projet Metroborder. Elle se trouve dans un contexte transfrontalier particulier, car elle réunit quatre nations.

L'intégration fonctionnelle est – dans certains de ses sous-espaces – remarquable à l'échelle européenne; la qualité métropolitaine est très visible et la volonté politique de coopérer est considérable. Le maintien de la masse critique reste néanmoins un défi pour la Grande Région.

Pour Metroborder, la Grande Région est, de fait, une RMPT et elle n’a comme alternative que d’exploiter son potentiel.

La Grande Région présente clairement une polycentricité fonctionnelle, démographique et morphologique, qui constitue la base pour un fonctionnement global de la région.

Luxembourg et Sarrebruck forment une structure bipolaire d'intégration transfrontalière, complétée par de nombreux centres nationaux/régionaux situés de part et d’autre de la frontière

A cause de son économie dynamique, l'agglomération de Luxembourg prend une place importante en termes de relevance métropolitaine. Le fonctionnement global de cette région est cependant largement lié à la forte imbrication transfrontalière avec les centres du Sillon Lorraine (Thionville, Metz, etc.), de Trèves, d’Arlon, de Sarreguemines et de bien d'autres centres.

L'extraordinaire intégration fonctionnelle dans le noyau central n'a pas seulement des effets de débordement, mais elle ouvre aussi la voie à des développements potentiels. La taille des centres urbains contraste avec la visibilité métropolitaine sur le plan européen: aucun des centres comme le Luxembourg ou Sarrebruck n’est comparable aux métropoles 'classiques' à l'image de Francfort-sur-le-Main, qui est assez proche.

Mais, en prenant en compte la structure polycentrique, le poids économique et démographique est effectivement comparable. La taille globale atteint une 'masse critique' afin de maintenir et de renforcer la performance globale. Aucun des partenaires ne pourra assurer et augmenter ce potentiel de façon unilatérale.

De ce fait, les principaux points à l'ordre du jour sont :

  • l'optimisation des transports,
  • l'exploitation des potentiels d'aménagements territoriaux et
  • l’exploitation des instruments de gouvernance renforcés.

Options stratégiques politiques

Les résultats du rapport Metroborder montrent que la relevance et le potentiel des régions métropolitaines transfrontalières pourraient avoir été sous-estimés jusqu’à présent. Mais à l'heure actuelle, la coopération transfrontalière, conjuguée aux ambitions métropolitaines, devient une priorité de l'agenda politique – à la fois dans le débat européen et dans le débat au sein de la grande Région.

Le 6 décembre 2010, lors d’une réunion ministérielle de la Grande Région, il a été décidé de développer davantage la stratégie visant la mise en œuvre d’une région métropolitaine polycentrique transfrontalière, et de préciser cette vision dans les mois à venir.

Le projet métropolitain est actuellement élaboré de manière dynamique, comme dans la plupart des RMPT.

Se pose la question du cadre institutionnel. L'étude Delphi – une enquête en ligne répétée auprès des experts des régions – a permis de découvrir que tant l'Union européenne que les États sont d’importants niveaux à prendre en considération: les outils de gouvernance et les fonds financiers de l'UE sont cruciaux, tandis que les États sont les acteurs clés dans la mise en œuvre des projets stratégiques (ex. : connexions ferroviaires à grande vitesse).

Un processus visant l'élaboration d'une stratégie est actuellement en cours. Dans la Grande Région, les options politiques sont en train d'être débattues. Elles traitent de dimensions politiques particulières et d’actions politiques spécifiques, parmi lesquelles un observatoire territorial et le renforcement du GECT (Groupement européen de coopération territoriale).

Plus généralement, les objectifs poursuivis par l'élaboration d'une politique sont:

  1. de créer une structure de gouvernance fiable, stable et transparente;
  2. d'obtenir l'appui des autorités extérieures en vue d'atténuer les effets transfrontaliers et de dépasser les clivages correspondants; et
  3. d'aboutir à une vision unique, partagée de tous, visant le développement du caractère métropolitain polycentrique de la région.

Vu l'orientation similaire des débats européens sur la cohésion territoriale et le 5e rapport de cohésion, les objectifs énoncés précédemment sont clairement en lisse avec le débat en cours au niveau européen.

Pourquoi une stratégie RMPT pour la Grande Région?

Au niveau européen, la Grande Région est une 'région métropolitaine polycentrique transfrontalière' (RMPT) remarquable: nulle part ailleurs en Europe, voire nulle part ailleurs dans le monde il n’est possible de trouver une densité aussi importante de frontières nationales combinée à un degré si élevé d'intégrations transfrontalières.

La partie centrale de la Grande Région est caractérisée par un internationalisme unique et une forte intégration fonctionnelle, qui soulignent son potentiel en tant que 'laboratoire de l'Europe'.

De plus, la Grande Région est non seulement un système urbain polycentrique, mais elle comporte aussi – malgré ses villes relativement petites – une aire métropolitaine d'importance européenne, et mondiale. Exploiter davantage les potentiels de la RMPT, constitue ainsi une stratégie cohérente, sans qu'il n'y ait de solutions alternatives à long terme.

Le développement de la Grande Région doit prendre en compte toutes ses forces et faiblesses.

En termes simples, on peut dire que la force prépondérante de la Grande Région est son statut de région métropolitaine, qui est d'importance européenne malgré ses agglomérations relativement petites.

Cette visibilité résulte à la fois de la forte imbrication de l'Aire Urbaine Fonctionnelle (FUA) du Luxembourg FUA dans l'économie globale, ainsi que de la structure polycentrique complémentaire de la Grande Région.

Les complémentarités du système polycentrique englobent plusieurs secteurs économiques qui diffèrent d'une région à l'autre. La diversité dans les commerces de détail induit des flux transfrontaliers réguliers. Les marchés du travail et de l'immobilier montrent des différences notables, et les systèmes de réglementation intérieure sous-jacents diffèrent également d’un pays à l'autre.

Ces différentiels constituent les forces motrices du développement transfrontalier. Le degré remarquablement élevé de l'intégration transfrontalière est à la fois une condition préalable et un résultat de l'exploitation intelligente des différentiels par les habitants, mais aussi par les acteurs économiques et politiques.

L'approche visant le renforcement de la polycentricité transfrontalière métropolitaine contribue à développer davantage les complémentarités. Les contraintes et les faiblesses doivent également être prises en compte. Le défi global pour la Grande Région est d'assurer que la 'masse critique' soit atteinte en termes d'agglomérations urbaines et de fonctions métropolitaines. La grande superficie du territoire ne compense pas la dimension réduite des villes et la qualité métropolitaine encore limitée de l'économie. Cet élément joue un rôle déterminant en ce qui concerne les questions d'accessibilité, ainsi que le pouvoir d'influencer sur les agendas politiques. Seuls une coopération et une mise en commun des atouts des différents partenaires impliqués, permettront à la Grande Région de maintenir, voire d’accroître, son rôle actuel.

En ce qui concerne la gouvernance, le caractère purement intergouvernemental et la faible institutionnalisation doit être davantage développée, étant donnée que, parmi d'autres facteurs, le 'clivage multi-niveaux' nécessite une meilleure approche.

Sans un développement transfrontalier renforcé, il est difficile d'atteindre un développement spatial durable.

A titre d’exemple, seul une infrastructure de transport réfléchie permet de réduire les problèmes écologiques, et seule une utilisation efficiente des budgets publics – en évitant les doubles dépenses des deux côté de la frontière, peut être considérée comme économiquement et socialement durable. Eviter un développement non durable, induit par la présence des frontalières, constitue une contribution majeure pour un développement territorial cohérent.

Plus généralement, le principal argument en faveur d’une stratégie RMPT, est qu’une approche de laisser-faire n’est pas appropriée pour appréhender une importante et dynamique intégration transfrontalière. Cette dynamique transfrontalière a des incidences aussi bien positives que négatives, les deux aspects devant être traités et suivis.

Des développements problématiques – tels que les problèmes de transport ou encore les développements inégaux en matière d’habitat – doivent être considérés dans une optique transfrontalière. Dans une approche de laisser-faire, les effets transfrontaliers persisteraient de façon arbitraire. Des solutions bilatérales ad-hoc ne seront évidemment pas toujours suffisantes.

Les effets positifs – notamment la dynamique économique et la dimension internationale croissante – doivent également être considérés dans une approche stratégique. Une meilleure intégration de l'économie régionale peut profiter d'un soutien stratégique. Le lobbying politique commun dans les capitales nationales et les institutions européennes sera plus efficace. Et si la région veut pouvoir profiter des diverses qualifications des citoyens de la région transfrontalière, tels que leurs compétences linguistiques, leurs expériences interculturelles ou leurs qualifications particulières, il reste un potentiel à exploiter.

Il est vrai que l'intégration et le développement transfrontalier ne peuvent pas être gouvernés selon une approche top-down, mais ils exigent néanmoins un encadrement résultant d'une stratégie globale, permettant d’assurer un bon niveau de vie aux régions transfrontalières métropolitaines.

Quel périmètre pour la RMPT?

La configuration spatiale est une question particulièrement sensible, notamment en ce qui concerne la Grande Région, connue pour sa large taille qui n’a, à part des contraintes institutionnelles et administratives, pas de raisons convaincantes pour ce périmètre. Le territoire actuel ne résulte pas d’une réflexion politique explicite. Dans un processus réunissant progressivement toutes les institutions compétentes impliquées dans la coopération régionale, chaque institution a apporté avec elle son territoire, conduisant à la création d’un énorme « pool » territorial, qui est d’ailleurs fréquemment critiqué.

La délimitation d’un potentiel périmètre pour la Région métropolitaine polycentrique transfrontalière au sein de la coopération transfrontalière institutionnalisée de la Grande Région, est une question complexe. Manifestement, une délimitation exacte et unique n'existe pas. Suivant les Politiques et ses projets politiques, le territoire différera largement.

Les problèmes de transport, les initiatives pour les clusters économiques et les ambitions culturelles ne partageront pas toujours la même portée territoriale.

Toutefois, le projet METROBORDER a fourni la preuve, que la base métropolitaine ne s'étend pas jusqu’aux frontières périphériques de la Grande Région. Cela ne veut pas dire que seuls les acteurs issus du noyau central peuvent être impliqués, bien au contraire: L'implication du niveau régional joue un rôle-clé dans le choix des politiques les plus significatives en accord avec les ambitions transfrontalières métropolitaines. Cependant, il existe visiblement une différence entre le périmètre institutionnel et le ciblage territorial politique qui peut être plus petit.

En réunissant les évidences territoriales du projet METROBORDER, il est possible de fournir quelques indications sur la configuration spatiale du projet RMPT dans la Grande Région.

Deux Aires urbaines fonctionnelles : Luxembourg et Sarrebruck

La Grande Région comprend deux Aires Urbaines Fonctionnelles (FUA) de dimension transfrontalière – le FUA Luxembourg comprenant Arlon du côté belge, et le FUA Sarrebruck comprenant Sarreguemines du côté français.

Le fait d’avoir deux FUA métropolitaines transfrontalières qui se touchent, est unique en Europe.

Elles peuvent même être considérées comme un couloir bipolaire métropolitain transfrontalier. Dans cette structure bipolaire, le Luxembourg est, d'un point de vue économique, l'aire la plus métropolitaine; Sarrebruck présentant le centre urbain le plus grand d'un point de vue démographique.

Conjointement avec les FUA voisines et adjacentes du Sillon Lorrain et particulièrement de Trèves, il est possible d’identifier un noyau central métropolitain polycentrique transfrontalier au sein de la Grande Région.

Il faut souligner le fait que les Aires Urbaines Fonctionnelles ne sont pas restreintes aux espaces urbains au sens strict, mais elles comprennent aussi de vastes aires morphologiquement rurales, dont le marché du travail est influencé par un pôle métropolitain central.

Villes centrales

La structure globalement polycentrique du noyau central de la Grande Région est mise en évidence par la structure de l'habitat.

On trouve quatre types de centres dans le noyau géographique, reflétant

  1. la remarquable importance économique du Luxembourg,
  2. la taille démographique et l'importance politique ('Landeshauptstadt') dans le cas de Sarrebruck,
  3. les centres urbains de FUA voisines (particulièrement Nancy), dont les bénéfices à tirer du statut de RMPT dépendent largement de la volonté politique respective de coopérer.

Couloirs métropolitains

L'objectif d'établir la Grande Région en tant que région métropolitaine polycentrique transfrontalière est en partie lié aux questions d’accessibilité. Les liens les plus importants avec les métropoles environnantes sont d'une importance particulière. Alors que Paris est comparativement bien connecté, la connexion vers Bruxelles, le Rhin ou encore Strasbourg/Bâle, ne sont pas encore suffisantes. Concentrer l'attention politique sur ces liaisons  constitue sans aucun doute une démarche judicieuse.

Métropoles voisines intérieures et transfrontalières

La configuration spatiale de la RMPT Grande Région ne peut pas être conçue sans tenir compte des métropoles environnantes. La Grande Région est cernée par une série de métropoles, dont certaines nationales (région Bruxelles, vallée du Rhin/Francfort), et trois transfrontalières (Lille, Aix-la-Chapelle-Liège- Maastricht et Strasbourg-Kehl).

Gouvernance: le contexte politique de la Grande Région

La coopération transfrontalière de la Grande Région remonte au début des années 70, et peut être considérée comme une base solide pour la future coopération. Ses atouts sont principalement liés à l'implication des décideurs aux plus hauts niveaux politiques et aux nombreuses années d'expérience.

La coopération institutionnelle sous forme du 'Sommet des Exécutifs de la Grande Région' est complétée par une variété d'institutions ultérieures, dont quelques unes sont étroitement liées au Sommet (telles par ex. CESGR et IPR).

Simultanément, les défis à relever sont évidents, car l'implication de quatre Etats multiplie les effets transfrontaliers en termes politiques. Le 'clivage multi-niveaux' en particulier, doit être considéré comme un obstacle majeur à la coopération transfrontalière, dans le sens où l’allocation des compétences dans de nombreux domaines apparaît être différente, et parfois même incompatible, de part de d’autre de la frontière.

Premier défi : L’organisation actuelle, principalement basée sur un système de rotation intergouvernemental ('présidences du Sommet de la Grande Région'), ne semble pas adaptée pour surmonter ces ’clivages multi-niveaux',

Le second défi est donc d'impliquer de la manière la plus adéquate possible l'échelon municipal. A travers les réseaux de villes, mais aussi de l’Eurodistrict et de l’Euregio, la Grande Région a établi des institutions transfrontalières au niveau local.

Le troisième défi est d'activer le secteur privé au sein de la coopération et d'assurer l'implication adéquate des acteurs municipaux et métropolitains dans la coopération interrégionale.

Quelques-uns des principaux résultats de l'étude Delphi concernant la gouvernance peuvent être résumés en trois points:

  1. Les experts de tous les pays impliqués s’accordent sur le fait que la coopération doit se concentrer sur un noyau central de la Grande Région.
  2. Les priorités en ce qui concerne les objectifs politiques sont claires, le transport, l'aménagement du territoire et la R&D sont considérés comme des domaines clé.
  3. Le GECT (groupement européen de coopération territoriale), qui est en cours d’établissement, peut être considéré comme un tremplin important, en vue de l’établissement d’un système de gouvernance qui complète la structure actuelle. Il y a une forte volonté d’établir un GECT renforcé à moyen terme.

Options stratégiques

"Métropole économique"

L'objectif de développer davantage la Grande Région en tant que métropole économique transfrontalière, se focalise sur une région économiquement prospère et bien connectée à l'économie mondiale.

L'analyse fonctionnelle METROBORDER montre que l'économie dans son ensemble est organisée d'une manière polycentrique, mais que l'économie métropolitaine est largement basée sur les services à haute intensité de connaissances, située dans le noyau central autour du Luxembourg. L'intégration fonctionnelle transfrontalière est bien avancée, ce qui est illustré d'une manière claire par le fait de comporter le plus grand nombre de mouvements de travailleurs transfrontaliers en Europe.

Comparée à d'autres régions métropolitaines, qu’elles soient transfrontalières ou nationales, la Grande Région possède des centres assez petits, ce qui induit une certaine fragilité. Une stratégie commune visant à exploiter les atouts de la structure polycentrique, permet de préserver la masse critique nécessaire pour rester compétitif sur l’échiquier métropolitain européen.

Focus interne

Dans une perspective interne, la coopération transfrontalière doit développer des synergies et des complémentarités. Dans ce contexte, le rôle du secteur public est triple.

  1. initier et soutenir l'activité économique transfrontalière;
  2. éviter des investissements publics non durables dans des cadres nationaux et intra-régionaux, lorsque des efforts similaires sont faits de l'autre côté de la frontière;
  3. la simplification de l'activité économique transfrontalière a – à long terme – des conséquences majeures qui doivent être examinéws, notamment la main-d'œuvre multiculturelle et polyglotte, les investissements en infrastructures etc…

L'intégration des acteurs économiques dans la coopération transfrontalière de la Grande Région est un des aspects les plus urgents en ce qui concerne la gouvernance en général.

Malgré le CESGR et les nombreux réseaux institutionnalisés (ex. Chambres de Commerce, Conseil interrégional des chambres des métiers CICM, associations d'entreprises etc.), une forte plateforme transnationale/suprarégionale semble faire défaut.

Plus que d’impliquer les institutions semi-publiques, telles que les Chambres de Commerce, il semble essentiel d’associer les décideurs entrepreneuriaux des secteurs clé. Ces derniers doivent être identifiés et invités à participer.

Focus externe

Le focus externe vise à mieux positionner la Grande Région sur la carte de l'économie mondialisée. La coopération transfrontalière permet d’atteindre une certaine masse critique, afin d’être en mesure de rivaliser avec les régions métropolitaines bien établies. Le caractère international de la Grande Région en fait la porte d'accès au marché unique européen.

D'une manière générale, il faut bien admettre que la qualité économique métropolitaine des régions n'est pas facile à 'gouverner', car les processus nécessaires sont complexes et de longue durée.

Trois domaines d'activité doivent encore être envisagés.

  1. La région doit être soutenue, afin d'être un lieu attractif pour les investissements. On peut supposer que tous les acteurs impliqués sont déjà intéressés à faire de la Grande Région un lieu attractif pour des investissements, en particulier les autorités municipales et régionales. Une stratégie commune pourrait aider à mieux exploiter la structure complémentaire. En particulier, une et d’obtenir le soutien totalplanification territoriale stratégique de la Grande Région permet de surmonter des goulots (comme ceux des transports)  des institutions nationales et européennes.
  2. Seule la coopération transfrontalière rend le marketing et la promotion de la Grande Région faisable: Les atouts attractifs de la région doivent être communiqués.
  3. Améliorer le positionnement de la Grande Région en tant que nœud  global économique constitue un autre défi. Ceci soutient la dynamique économique dans des secteurs d'une haute intensité en connaissances qui peuvent être considérés comme des forces motrices pour le développement transfrontalier régional et la plupart de la dynamique économique.

"Laboratoire de l'Europe"

Le Leitmotiv "laboratoire de l'Europe" permet l’essor d’une Grande Région international et multiculturel, qui concerne avant tout deux classes d’acteurs.

1. Les citoyens et l’éducation

Premièrement, les citoyens ("société civile") des différentes entités membres expérimentent l'Europe, d’un point de vue international, beaucoup plus que d'autres citoyens européens ne le font. On peut partir du principe que les travailleurs transfrontaliers et les citoyens habitant tout près de la frontière possèdent les expériences les plus intenses en matière d'internationalisation et de vie interculturelle. Ceci est notamment dû à la libéralisation des frontières et à l'intégration fonctionnelle rapide et dynamique.

Pourtant, le potentiel n'est pas pleinement exploité à ce stade, notamment en ce qui concerne les capacités linguistiques, qui sont encore incomplètes. Partant, l'éducation est un domaine politique clé. En effet, l'exploitation du potentiel nécessite davantage d'adaptation des équipements publics (ex.: l'utilisation transfrontalière d'écoles) et de nouveaux projets phares (infrastructure d'éducation multinationale, colonies de vacances de la Grande Région etc.)

2. Des structures supra-régionales

Deuxièmement, la sphère politique de la Grande Région doit quotidiennement faire face aux clivages transfrontaliers à de nombreux égards. La Grande Région dispose d'une expérience de longue date en matière de coopération transfrontalière, obtenant de bons résultats, dans un environnement complexe et sur une période de développement économique exceptionnel.

Pourtant, l'organisation purement intergouvernementale, avec ses présidences tournantes demeure relativement prudente. La question des structures suprarégionales est délicate, mais mérite d'être discutée, car elle peut compléter les structures existantes.

"Région mobile et accessible"

Les efforts visant à améliorer la situation des transports, poursuivent deux finalités.

  1. Leur intégration fonctionnelle est considérablement soutenue. Seule une infrastructure de transport efficace permet un développement durable qui évite la surconsommation d'énergie, les émissions polluantes et la perte de temps.
  2. Les infrastructures de transport ont un fort potentiel pour être un symbole partagé. Au-delà du fait de représenter un gros investissement en matière d'infrastructures, elles induisent des bénéfices non seulement en termes d'accessibilité, mais également en termes de visibilité, d'identité et de prestige. Le défi auquel la Grande Région doit faire face est d'autant plus grand, que les nombreuses entités membres ne se rejoignant pas en un lieu unique permettant de définir un symbole d'unité.

La "Région mobile et accessible" ne vise pas seulement à résoudre les problèmes de transport, mais aussi à faciliter la mobilité professionnelle.

À vrai dire, la problématique relative à la mobilité professionnelle la Grande Région bénéficie d’une attention relativement conséquente, tel que démontré par la mise en place récente d’une Task Force pour les travailleurs transfrontaliers.

Ces efforts doivent donc être poursuivis.

Il n’y a pas d’alternative au démantèlement progressif des barrières de la sécurité sociale, etc.

La mise en place d’un bureau d'emploi commun pour la Grande Région qui récolte des offres d'emploi de toutes les régions et qui propose des formations spécialisées en langues et en compétences interculturelles, pourrait offrir un potentiel supplémentaire.

Actions spécifiques

Les prochains pas en vue de la mise en œuvre de la RMPT Grande Région exigent tout d’abord une réflexion sur les questions de gouvernance (institutionnalisation). En particulier, un mandat suprarégional renforcé devrait être envisagé à moyen terme. Enfin, l'intégration d'acteurs économiques et de décideurs municipaux devrait être considérée.

La coopération transfrontalière doit accorder plus d'attention aux projets concrets et visibles, ainsi qu’aux résultats (concrétisation). Ceci est vrai pour des raisons techniques, mais aussi en raison de la dimension symbolique que revêt la coopération transfrontalière dans la Grande Région et qui doit davantage être exploitée. Les politiques dans le domaine

  • des transports,
  • de l'aménagement du territoire et
  • de l'éducation peuvent être considérées comme étant les plus prometteuses en vue d'une telle concrétisation à court et à moyen terme.

Les actions concrètes doivent tenir compte du fait que la coopération transfrontalière ne peut pas proposer de réponses à tous les problèmes politiques existants, mais elle doit plutôt se concentrer sur des domaines d’actions particuliers.

Promouvoir la coopération économique: la 'plate-forme automobile' en tant qu'exemple

L'industrie automobile est un excellent exemple pour

  1. lier la sphère économique plus étroitement à la coopération politique et
  2. créer des synergies et des complémentarités.

La production et les activités de R&D sont présentes dans toutes les parties de la Grande Région, même si on y coopère rarement. Les potentiels de la coopération transfrontalière régionale dans certaines chaînes d'approvisionnement sont susceptibles d'être examinés à l'exemple de ce secteur. Ceci nécessite une étude approfondie, qui analyse et échange sur les potentialités de secteurs spécifiques de la coopération interrégionale.

De plus, les clusters-initiatives politiques sont le plus souvent définies dans un contexte régional/national, de part et d’autre de la frontière. La mise en relation de ces structures est très prometteuse et constitue un bon exemple d'établissement d'un "réseau des réseaux". Des idées similaires peuvent être appliquées aux champs

  • de la logistique,
  • de l'écotechnologie et
  • à la R&D des sciences des matériaux.

Il faut qu'une stratégie commune soit développée sous la forme d'un projet-pilote réunissant les acteurs économiques de part et d’autre de la frontière et simultanément, des représentants des arènes semi-publiques et privées pour un secteur choisi.

De plus, le projet pourrait permettre de tester les constellations liées à la gouvernance. Explorer ce potentiel dans le cadre d'un projet à l'étendue limitée (un secteur) et à la durée limitée (projet pilote), constitue une approche pragmatique.

Améliorer les connaissances réciproques: observatoire territorial

Il est bien connu que les frontières nationales provoquent divers problèmes statistiques. Cette constatation vaut pour la recherche à la fois au niveau européen et au niveau grand-régional, avec ses quatre États et ses divers décalages statistiques multi-niveaux. Manifestement, la tentative de surmonter ces problèmes fait partie de son rôle en tant que 'laboratoire de l'Europe'.

Combler ces lacunes de connaissance est d'une grande importance non seulement pour des raisons académiques, mais également pour des raisons politiques.

Le projet METROBORDER ESPON s'appuie surtout sur les données européennes et constitue ainsi un premier pas en ce sens, mais d’autres démarches utilisant les données et les connaissances régionales devront suivre. Le projet INTERREG "Système d’information géographique Grande Région (SIG-GR)" qui est actuellement en cours, est sans aucun doute un premier pas dans la bonne direction. L’idée actuellement en discussion, de développer le SIG Grande Région en tant qu’observatoire territorial, est donc prometteuse.

Dans la Grande Région, ainsi que d'autres régions transfrontalières en Europe, la politique de l'aménagement du territoire a été la force motrice pour le progrès du renforcement de la coopération. Si cette politique doit continuer à jouer un rôle prépondérant dans la Grande Région, une meilleure connaissance des potentiels territoriaux est importante.

Tout indique que la volonté politique derrière cette stratégie est considérable : il convient dans ce contexte de noter d’une part, la prise de position de la Grande Région sur le Livre vert sur la cohésion territoriale de la Commission européenne, et d’autre part, l'importance du soutien politique révélé par l'étude Delphi.

Gouvernance: vers un GECT renforcé

La Grande Région dispose d’une expérience de longue date en matière de coopération transfrontalière, obtenant de bons résultats dans un environnement complexe et sur une période de développement économique exceptionnel.

Pourtant, le système de gouvernance de la coopération régionale, basé sur une rotation intergouvernemental, est parfois considéré comme une mode de fonctionnement lent et pas toujours efficient en matière de résultats. Cela rappelle les débuts de l'intégration européenne.

Si la Grande Région souhaite réellement relever le défi d'être le laboratoire de l'Europe, la conséquence institutionnelle serait le développement d’un niveau suprarégional. Il faut trouver un moyen de créer une gouvernance démocratique plus inclusive et transparente.

Le GECT Grande Région actuellement en cours de création, et qui est avant tout un secrétariat technique, peut être considéré comme le premier pas dans cette direction. Il pourrait servir d'incubateur pour un GECT politique renforcé.

Concrètement, les questions les plus urgentes devraient être traitées par le GECT, en particulier l'aménagement du territoire, le transport et la recherche & l'innovation.

En même temps, les experts montrent un certain consensus sur la manière de mieux intégrer le niveau municipal – grandes agglomérations et petits centres urbains – ainsi que le monde économique.

Comment intégrer de nouveaux acteurs et comment créer un niveau suprarégional ?

Le GECT actuel est pris comme point de départ pour les pouvoirs politiques qui doivent se mettre d'accord avec les institutions formellement légitimées.

La prochaine étape est de définir une délégation de compétences pour des tâches clairement définies. Il existe dans la Grande Région une volonté pour un GECT politique renforcé, notamment en ce qui concerne l'aménagement du territoire, le transport et la recherche & l'innovation.

S’il est envisagé de poursuivre la mise en œuvre de cette vision dans la sphère politique, il faudra examiner la composition du Sommet de la Grande Région. La possibilité de lier plus étroitement les acteurs économiques et municipaux à la structure du Sommet devrait être débattue.

Marketing territorial: concours pour un projet phare

Le caractère multinational de la Grande Région est sans aucun doute l'argument le plus fort pour un marketing territorial renforcé de la Grande Région. Pourtant, le marketing territorial n'a pas encore été établi au sein de la Grande Région en tant que politique importante.

Étant donnée la structure unique de la Grande Région en Europe, il est étonnant de voir sa relativement faible notoriété et publicité.

Le but du marketing territorial est de créer une "marque" commune en terme de marketing territorial et de promotion économique, afin d'améliorer la visibilité, l'influence et la prospérité. Le marketing territorial doit prendre en considération le public visé: acteurs politiques externes, potentiels investisseurs économiques et société civile (tant sur l'ensemble de son territoire qu'au-delà des frontières de la Grande Région). Tous constituent des groupes-cibles potentiels et significatifs.

Toutefois, avant d'imprimer des dépliants et de concevoir des sites Internet, il est nécessaire de développer une volonté et une stratégie communes sur la façon de présenter la Grande Région. Dans ce contexte, il est possible de tirer de nombreux enseignements des stratégies nationales communes de marketing, dans lesquelles les principaux acteurs dépassent couramment les frontières régionales et municipales lors de leurs activités de marketing.

Le marketing territorial peut largement profiter des projets phares à grande échelle. La capitale européenne de la culture (2007) était un bon départ, mais dû à la structure du projet sa visibilité était limitée dans le temps. Construire un projet phare pour la Grande Région est difficile, car les différentes régions membres ne se rejoignent pas à en un point unique. Ainsi, la prochaine étape en vue d’un projet phare commun, pourrait être l’organisation d’un concours entre différents bureaux de planification et d'architecture, consultants et universités.

Transport: un schéma de mobilité Grande Région

Les problématiques liées au transport sont les questions politiques les plus pressantes pour la Grande Région. Beaucoup d'entre elles doivent être abordées au niveau bilatéral, car il faut gérer des investissements concrets et des questions techniques.

L'accord bilatéral entre la Lorraine et le Luxembourg ou le concept de mobilité actuellement élaboré entre la Sarre, la Rhénanie-Palatinat et le Luxembourg peuvent être novateurs.

La connectivité métropolitaine de la Grande Région reste toutefois très insuffisante.

La connectivité avec Paris dans l'ouest est relativement bonne. Pourtant, la connexion lente vers Bruxelles n'est pas cohérente avec l'ambition d'être le "laboratoire de l'Europe"; la correspondance vers Strasbourg/Bâle n'est pas non plus suffisante. Les liaisons sur l’axe Luxembourg - Coblence/la vallée du Rhin sont pittoresques, mais lentes.

Dans ces circonstances, la réalisation d’un concept de "obilité Grande Région"aurait dû se faire depuis longtemps. Le traitement de tous ces défis au seul niveau binational ne semble guère efficace. Un concept de mobilité pour la Grande Région devrait aborder les points suivants:

  • procédures de planification communes dans la Grande Région ;
  • concept commun d'infrastructure (par ex. les différentes exigences techniques, vitesse minimal pour le TGV et le ICE etc.; Pendolino pour des connexions interrégionales plus rapides);
  • stratégies communes d'exploitation (en particulier une tarification transfrontalière pour les transports en commun; la création de synergies et complémentarités en ce qui concerne les aéroports) ;
  • lobbying politique commun et stratégies de financement, afin d'améliorer la connectivité métropolitaine, c’est-à-dire les connexions aux métropoles qui se situent sur les périphéries de la Grande Région et au-delà.