La Confédération européenne des syndicats (CES) et le syndicat luxembourgeois OGBL ne sont pas d’accord avec les dernières déclarations du président de la Banque centrale européenne, (BCE) Jean-Claude Trichet. Ce dernier avait estimé le 20 février 2011 sur la radio française Europe 1 que dans le contexte actuel d'envolée des prix des matières premières, augmenter les salaires serait "la dernière bêtise à faire" en Europe, car cela alimenterait l'inflation.
La CES a appelé le 21 février 2011 la BCE à "choisir la bonne cible", à savoir les banquiers, suite aux mises en garde de l'institut de Francfort contre des augmentations de salaires. Le secrétaire général de la CES, John Monks, relève que "les banquiers, au cœur de ce qui a provoqué la crise, sont (...) de retour aux affaires et aux bonus comme auparavant".
L’OGBL de son côté estime le 22 février que la BCL lance ce genre de remarques et de discussions au Luxembourg à chaque fois que tombe une tranche indiciaire pour les salaires et les pensions. Or, affirme l’OGBL, les calculs de la Chambre des salariés et du STATEC prouveraient que l’indexation des salaires à la hausse des prix n’aurait qu’un « effet minimal sur l’inflation », alors que les hausses de salaires dues à un ajustement à l’inflation renforceraient le pouvoir d’achat des salariés et retraités et profiteraient à toute l’économie.
Le problème inflationniste au Luxembourg n’a donc pas selon l’OGBL son origine dans l’indexation des salaires, mais dans « l’inflation faite maison » engendrée par le cortège de hausses des taxes communales, des soins pour personnes âgées, des tarifs postaux, de la participation des patients aux soins médicaux, où le syndicat enregistre des hausses jusqu’à 12,5 %. Il incombe selon l’OGBL au gouvernement de lutter contre ce type d’inflation.
Pas question donc d’accepter le schéma que s’il y a inflation, les salariés doivent renoncer à leur pouvoir d’achat, "alors que les spéculateurs continuent comme avant.". Et "en cas de déflation, ce seront de nouveau les salariés qui saigneront, qui perdront leur emploi et leur revenu." L’OGBL ne peut pas accepter qu’a chaque fois qu’il y a dysfonctionnement économique, "le rétablissement de l’équilibre passe par les frais salariaux".