A l’issue du Conseil européen extraordinaire du 11 mars 2011 que les chefs d’Etats et de gouvernement de l’UE ont consacré à la Libye et à la vague de transformations en cours sur la rive Sud de la Méditerranée, son président, Herman Van Rompuy, a tiré les conclusions des longues délibérations des dirigeants européens.
Il a d’abord salué "la vague démocratique" qui avait touché les pays de la région. Mais il a surtout exprimé la vive préoccupation de l’Union à l’encontre de ce qui se passe en Libye où l’on tire sur la population civile et où une crise humanitaire est en train de se développer à cause des étrangers qui fuient par centaines de milliers le pays.
Une réponse commune de l’UE est pour le président du Conseil européen décisive pour le développement futur du processus de transformations en cours. La réunion des dirigeants européens de ce 11 mars est en elle-même un signe, comme l’avait déjà souligné Herman Van Rompuy dans son discours introductif.
Au vu des circonstances, la réunion s’est concentrée sur ce qui se passe en Libye. Les dirigeants européens appellent à une cessation immédiate des attaques contre la population. Ils somment le colonel Kadhafi de démissionner immédiatement. Ils vont maintenir la pression politique, encourager et soutenir le Conseil national de transition libyen (CNT) qu’ils considèrent comme « un interlocuteur politique" et "digne de foi" pour l'UE". Ils vont débloquer des moyens, vue la crise humanitaire et le risque de guerre civile pour assurer la sécurité des populations.
Dans ce cadre, les dirigeants européens ont décidé d'étudier "toutes les options" possibles pour "protéger la population civile" de Libye, à condition qu'il y ait une base juridique "claire" et un soutien dans la région. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy a déclaré : "Afin de protéger la population civile, les Etats membres (de l'UE) examineront toutes les options nécessaires, à condition qu'il y ait un besoin démontré, une base juridique claire et un soutien de la région." "La sécurité des citoyens doit être assurée par tous les moyens nécessaires", a-t-il encore dit. Les responsables des exactions devront faire face aux conséquences de leurs actes. Un sommet conjoint UE-Ligue arabe-Union africaine devrait très vite être organisé.
Un autre aspect sont les flux migratoires qui ont été déclenchés par la crise en cours et qui doivent être abordés sous l’angle de la solidarité. L’agence Frontex sera dotée de ressources financières, matérielles et humaines supplémentaires.
Herman Van Rompuy a comparé les événements dans les pays arabes à ce qui s’est passé en 1989 avec la chute des régimes autoritaires en Europe de l’Est. Le changement prend place en Egypte et en Tunisie, a-t-il constaté. L’UE apportera son aide à la Tunisie pour l’organisation des élections du 24 juillet 2011. Elle soutient l’Egypte dans sa transition démocratique. Ce tournant est pour Van Rompuy important pour l’UE. D’autre part, l’UE soutiendra particulièrement les pays Ceux qui feront plus en termes de réformes. Mais en fin de compte, "ce sont les gens qui décident, mais pas Bruxelles".
Ces changements prendront selon Herman Van Rompuy du temps. "La chute d’un dictateur seule ne fait pas encore une démocratie." Mais les choses vont selon Van Rompuy dans la bonne direction. Les soulèvements en cours « n’ont rien à faire avec le fondamentalisme », mais revendiquent les libertés d’expression et démocratiques. Il n’y a pas de choc des civilisations. Il s’agit d’une "opportunité en or pour l’humanité et l’Europe".
A l’issue du Conseil européen, répondant à une question concernant des frappes militaires ciblées contre le régime du colonel Kadhafi, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a déclaré : "Mon impression a été et est toujours, à ce que je sache, que l’idée de frappes militaires ciblées est tout sauf appréciée par les autres Etats membres, avec peut-être une exception, les Britanniques."
Pour Jean-Claude Juncker, l’UE ne doit pas être impliquée dans une guerre civile libyenne, même si toutes les options restent ouvertes. Jean-Claude Juncker a insisté pour souligner que "l’UE n’est pas hésitante, et même prête à tout, mais seulement s’il n’y a pas d’autre alternative. Et il y a encore plein d’autres alternatives." Le Premier ministre a en tout cas exclut des actions militaires unilatérales de l’OTAN et de l’UE : "On sait toujours comment l’on entre dans un conflit. Mais l’on ne sait jamais comment s’en dégager." Pour lui, "l’option militaire n’est envisageable que s’il y a un mandat du Conseil de sécurité, le soutien des voisins dans la région et l’assurance qu’il n’y ait pas d’autre option".
Ce qui compte actuellement pour le Premier ministre luxembourgeois est le soutien au processus de démocratisation, la concentration des efforts sur l’aspect humanitaire des centaines de milliers de réfugiés et la création de zones humanitaires pour les protéger.