Lors de leur réunion à Bruxelles, ils "se sont mis d'accord sur une approche générale sur un paquet de mesures visant à renforcer la gouvernance économique dans l'UE et plus particulièrement dans la zone euro" à la suite de la récente crise de l'endettement public dans plusieurs pays, indique un communiqué des ministres. Cet accord que le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn qualifié de "pas majeur vers un accord avec le Parlement d'ici à l'été prochain", permettra à la présidence du Conseil d'entamer les négociations avec le Parlement européen dès la 19 avril, dans le but de parvenir à un accord global en juin 2011, respectant ainsi le calendrier fixé par le Conseil européen.
Les ministres sont partis du constat "que les instruments existants de l'UE n'ont pas permis de réduire de manière satisfaisante le niveau d'endettement public et qu'ils ont répondu de façon insuffisante aux déséquilibres macroéconomiques".
Les six propositions pertinentes retenues viseront "à resserrer la discipline budgétaire dans les États membres et à élargir la surveillance de leurs politiques économiques" et son basées sur les recommandations de la Taskforce de Herman Van Rompuy.
Quatre de ces propositions traitent de la réforme du pacte de stabilité et de croissance de l'UE. Elles visent à renforcer la surveillance des politiques budgétaires, en introduisant des dispositions relatives aux cadres budgétaires nationaux, et à appliquer avec plus de cohérence et à un stade plus précoce des mesures d'exécution à l'égard des États membres qui ne se conforment pas aux règles.
Les deux autres propositions portent plus particulièrement sur les déséquilibres macroéconomiques au sein de l'UE.
Afin d'inciter les États membres à atteindre leurs objectifs à moyen terme, la réforme introduirait un critère des dépenses, qui implique que l'augmentation annuelle des dépenses ne doit pas dépasser un taux de référence pour la croissance du PIB à moyen terme. L'objectif consiste à faire en sorte que les recettes exceptionnelles ne soient pas dépensées, mais consacrées à la réduction de la dette.
Lorsqu'un État membre n'atteint pas ses objectifs à moyen terme, un écart important de l'évolution des dépenses par rapport à la trajectoire d'augmentation des dépenses de référence pourrait entraîner des sanctions.
Par ailleurs, l'accent serait davantage mis sur le critère relatif à la dette énoncé dans le pacte de stabilité et de croissance. Les États membres dont la dette excède 60 % du PIB (valeur de référence de l'UE pour la dette) seront tenus de prendre des mesures pour réduire leur dette à un rythme pré défini, même si leur déficit est inférieur à 3 % du PIB (valeur de référence de l'UE pour le déficit).
Un critère numérique serait introduit afin de déterminer si le ratio de la dette se rapproche du seuil de 60 % du PIB à un rythme satisfaisant. Le ratio de la dette au PIB, lorsqu'il est excessif, serait ainsi considéré comme diminuant à un rythme satisfaisant si son écart par rapport à la valeur de référence de 60 % du PIB s'est réduit d'un vingtième par an au cours des trois années précédentes.
Toutefois, la décision de soumettre un pays à la procédure concernant les déficits excessifs ne serait pas fondée uniquement sur le critère numérique, mais elle tiendrait également compte d'autres facteurs pertinents, notamment les passifs implicites liés au niveau d'endettement du secteur privé et le coût du vieillissement. Le coût net de la mise en œuvre d'une réforme des retraites serait aussi pris en compte.
En vue de renforcer le volet correctif du pacte de stabilité et de croissance, une nouvelle série de sanctions financières serait introduite pour les États membres de la zone euro.
Ces sanctions s'appliqueraient plus tôt dans la procédure concernant les déficits excessifs, et de manière progressive.
Un dépôt ne portant pas intérêt, équivalant à 0,2 % du PIB, pourrait être imposé dès qu'il aura été décidé de soumettre un pays à la procédure concernant les déficits excessifs.
Si la recommandation du Conseil demandant de corriger le déficit n'est pas respectée, une amende sera imposée.
Si le non respect devait se poursuivre, la sanction serait augmentée, conformément aux dispositions en vigueur du Pacte de stabilité et de croissance.
Afin de déclencher la sanction de façon plus automatique qu'à l'heure actuelle, la règle de la majorité inversée serait introduite, en vertu de laquelle la proposition de la Commission d'imposer un dépôt ou une amende serait considérée comme adoptée sauf si elle est rejetée par le Conseil à la majorité qualifiée.
Parallèlement à la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, une directive aura pour but de garantir que les objectifs de coordination budgétaire de l'UE soient pris en compte dans les cadres budgétaires des États membres. Les pratiques comptables, statistiques et en matière de prévision seront alignées sur les normes de l'UE. Les États membres adopteront une planification budgétaire pluriannuelle afin d'assurer la réalisation des objectifs à moyen terme fixés au niveau de l'UE. Ils introduiront également des règles allant dans le sens du respect des seuils de déficit et d'endettement.
Au-delà de la surveillance budgétaire, le train de mesures législatives vise à élargir la surveillance des politiques économiques des États membres.
Il établirait un mécanisme de prévention et de correction des déséquilibres macroéconomiques excessifs, composé de deux règlements qui prévoient une procédure concernant les déséquilibres excessifs et introduisent la possibilité d'infliger des amendes aux États membres se trouvant "en situation de déséquilibre excessif" et ne respectant pas, de manière répétée, les recommandations formulées.
Le point de départ du nouveau cadre sera un mécanisme d'alerte permettant la détection rapide de déséquilibres, qui seront évalués à l'aide d'un tableau de bord comprenant des indicateurs économiques. Ceci sera complété par des analyses qualitatives par pays, réalisées par des experts.
Si le déséquilibre est considéré comme excessif, l'État membre concerné pourrait faire l'objet d'une procédure concernant les déséquilibres excessifs (cf. ci haut) et serait invité à adopter un plan d'action correctif dans un délai donné. Cette procédure donnerait au Conseil davantage de souplesse pour fixer des délais afin de tenir compte du fait que les politiques des pouvoirs publics influent moins directement sur la correction des déséquilibres.
Si le Conseil estimait que l'État membre concerné a pris les mesures appropriées, la procédure serait suspendue et elle pourrait être close si le Conseil concluait que le déséquilibre n'est plus considéré comme excessif.
En revanche, le non respect répété des recommandations pourrait, dans le cas des États membres de la zone euro, aboutir à terme à des sanctions. Plus précisément, une décision visant à imposer une amende annuelle égale à 0,1 % du PIB de l'État membre concerné serait adoptée selon la règle de la "majorité inversée" mentionnée plus haut.
Les amendes perçues dans le cadre de la procédure concernant les déséquilibres excessifs et de la procédure concernant les déficits excessifs seraient transférées vers le fonds de crise créé pour la zone euro afin d'apporter une assistance financière aux États membres en difficulté (à savoir le Fonds européen de stabilité financière et le futur mécanisme européen de stabilité).
L’accord continue de mécontenter le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui n'a cessé de juger ces derniers mois les réformes insuffisantes. Mardi à Bruxelles, il a de nouveau mis en garde les ministres.