Le sondage Eurobaromètre 74, réalisé par la Commission européenne à l'automne 2010, fait le point sur la vie des citoyens et la perception que ceux-ci en ont. Effectué dans 31 pays et territoires, le sondage a tenu compte de la situation démographique très particulière du Luxembourg, l'échantillon des personnes interrogées comprenant 63 % de citoyens de nationalité luxembourgeoise et 37 % de ressortissants des autres Etats membres de l'UE.
Dans son commentaire, le rapport spécial, élaboré pour le compte de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, se réfère donc aux habitants du Luxembourg, entité plus large que les seuls citoyens de nationalité luxembourgeoise.
Une timide éclaircie est visible dans l’opinion des habitants du Luxembourg concernant les attentes pour les 12 prochains mois, qu’il s’agisse de la vie en général, du marché de l’emploi ou encore de la situation du ménage.
En effet, 29 % des habitants du Luxembourg espèrent une amélioration de leur vie en général, ils étaient 23 % au printemps 2010. Mais ils sont majoritaires (58 %) à penser que rien ne changera. Ils sont presque la moitié (44 %) à savoir projeter dans le long terme la situation de leur foyer. L’analyse est plus favorable à l’emploi avec 47 % des sondés confiants pour l’avenir.
Les habitants du Luxembourg affichent, par ailleurs, un réel optimisme sur la situation économique du Luxembourg avec 79 % des sondés à émettre un jugement positif (+ 14 points par rapport au printemps 2010). La tendance est légèrement moins encourageante quand il s’agit de la situation au niveau européen avec un taux de jugements positifs tombant à 36 % (UE : 46 %) contre 59 % (UE : 64 %) d’avis négatifs.
La première place des acteurs les plus capables de mener des actions efficaces face aux effets de la crise est attribuée par 32 % des résidents du Luxembourg à l’Union européenne (UE : 23 %) laquelle précède ainsi le G20 et le Fonds monétaire international (FMI) qui ont été, tous deux, choisis par 18 % des sondés au Luxembourg. (UE : resp. 16 % et 15 %)
Les avis sont divisés quant à la question d’un éventuel effet atténuant de l’euro sur la crise, 52 % des résidents partageant cet avis contre 42 % qui pensent le contraire.
Bien que moins nombreux que la moyenne européenne, les habitants du Luxembourg sont en général favorables à la mise en place de mesures pour un meilleur contrôle du secteur financier. Ils sont ainsi 73 % à accepter des règles plus sévères en matière d’évasion fiscale et de paradis fiscaux (UE : 88 %) ou à être favorables à l’instauration d’une taxe sur les profits réalisés par les banques (UE : 81 %). Le taux de sondés monte à 79 % de résidents du Luxembourg à donner leur accord sur l’instauration d’une réglementation des salaires dans le secteur financier en adéquation avec l’avis de l’Union européenne. (UE : 80 %)
1. La situation personnelle
Les douze prochains mois devraient être meilleurs, pensent 29 % des résidents du Luxembourg (+6 points par rapport au printemps 2010, UE : 26 %). Par ailleurs, la crainte d’une situation moins bonne a diminué à 10 % contre 19 % au printemps dernier (-9 points).
Le sentiment d’une évolution positive est précisément partagé par leurs voisins belges. Les deux pays se situent ainsi modérément au-dessus de l’opinion européenne (+ 3 points). Les Français se montrent plus rassurés par la situation à venir avec 35 % de personnes qui espèrent des mois meilleurs. Les Allemands affichent un optimisme bien plus faible que les sondés au Luxembourg (- 8 points). Les Portugais occupent, quant à eux, la dernière place du classement (-18 points par rapport à la moyenne européenne).
On note toutefois que le taux de personnes qui pensent qu’aucun changement ne viendra marquer l’année à venir se situe au minimum à un tiers des sondés, s’élevant jusqu’à 68 % pour un pays comme l’Allemagne.
2. La situation de l’économie luxembourgeoise
Le jugement sur la situation économique du pays était déjà remarquable au printemps 2010 avec 65 % des résidents du Luxembourg qui la jugeait bonne ; il se confirme avec un taux qui grimpe à 79 % des résidents à l’automne (+ 14 points). Ce résultat ne fait qu’accentuer l’écart existant avec la moyenne européenne (28 % de jugements positifs).
3. La situation de l’économie européenne
Les résidents du Luxembourg sont moins optimistes quant à la situation économique européenne avec 36 % de jugements positifs et 59 % négatifs (soit 10 points de plus que la moyenne européenne pour les jugements positifs et 5 pour les négatifs). L’analyse est cependant meilleure que celle du printemps 2010.
4. La situation de l’économie dans le monde
C’est concernant l’économie au niveau mondial que les résidents du Luxembourg expriment les jugements les plus critiques avec 76 % qui la qualifient de mauvaise, se positionnant ainsi à un niveau supérieur à la moyenne européenne (+ 9 points).
1. Impact de la crise sur le marché de l’emploi
L’opinion publique au Grand-Duché du Luxembourg est nuancée en ce qui concerne l'impact de la crise sur le marché de l’emploi mais on note une tendance à être confiant dans l’avenir avec 47 % des sondés (+21 % par rapport au printemps 2010) qui estiment que la situation sur le marché de l’emploi va s’améliorer.
On remarque également la même recrudescence d’avis sereins dans certains pays limitrophes du Grand-Duché avec 55 % pour l’Allemagne (+ 24 % par rapport au printemps 2010) et 51 % du côté de la Belgique (+15 %). Alors qu’en France, malgré un léger mieux, l’opinion positive se situe à 33 % (soit 5 % de plus uniquement par rapport au printemps 2010).
Dans les autres pays de l’UE, seule l’Irlande a une vision plus sombre de la situation avec 72 % des sondés (+ 14 % par rapport au printemps 2010) qui considèrent que le pire reste à venir.
Pour l’ensemble des 27 pays de l’UE, on perçoit un paysage qui semble s’éclaircir légèrement avec 42 % de personnes (+ 5 % par rapport au printemps 2010) qui pensent que la situation va devenir meilleure.
Les personnes résidentes sans emploi sont les plus pessimistes avec plus de deux tiers d’entre elles (69 %) qui pensent que le pire est à venir. Ces personnes sont suivies par les ouvriers et les employés qui sont un peu plus de la moitié de leur cible à avoir la même pensée (52 % pour les premiers et 51 % pour les deuxièmes).
A l’opposé, les retraités au Luxembourg ont une vision plus positive de la situation estimant pour 57 % d’entre eux que la crise fait partie du passé.
C’est dans le Nord du pays que les habitants sont les plus optimistes (66 %) concernant la question du marché de l’emploi. Inversement, c’est dans le Sud que la population n’est véritablement pas confiante à ce sujet avec 53 % des personnes interrogées qui pensent que le pire est à venir.
2. Impact de la crise sur la situation des ménages
Au Luxembourg, 19 % des résidents vivent toujours au jour le jour car la situation actuelle ne leur permet pas d’envisager des projets dans l’avenir. Ce chiffre est néanmoins en léger recul de 3 points par rapport au printemps 2010.
31 % des personnes interviewées au Luxembourg savent ce qu’elles feront dans les six prochains mois (-5 points par rapport au printemps). Quant à celles qui se projettent dans le long terme, elles sont 44 % à savoir ce que leur foyer sera dans 1 ou 2 ans (+ 4 points par rapport au printemps 2010).
Les seniors sont 52 % à affirmer avoir une vision à plus ou moins long terme de la situation de leur foyer. La tendance va en diminuant à mesure que l’on descend dans les tranches d’âge : 45% pour les 40-54 ans, 42 % pour les 25-39 ans et 31% chez les 15-24 ans.
Pour l’ensemble des pays de l’UE, les résultats sont à peu près identiques aux résultats du printemps 2010 ; 34 % des sondés affirment vivre au jour le jour (-1 point), 32 % arrivent à voir à moyen terme ce qu’ils feront (identique) et 30 % savent où se situera leur foyer dans les 2 prochaines années (+ 1 point).
La France suit le schéma de l’ensemble des Etats membres, mais avec des chiffres parfois éloignés du Luxembourg. Bien qu’on note une légère baisse des personnes dont la situation ne permet pas de faire des projets d’avenir, elles représentent 36 % des personnes interrogées (-1 point par rapport au printemps 2010 / +17 points par rapport aux résidents du Luxembourg). 30 % des Français savent ce qu’ils feront dans les 6 prochains mois (+ 1 point par rapport à l’étude précédente). La situation reste stable pour les Français qui ont une vision plus lointaine de la position du foyer avec 28 % des interviewés (inchangé par rapport au printemps 2010).
C’est en Allemagne que l’avenir est perçu de la manière la plus positive avec 57 % de sondés qui ont une vision à long terme de ce que sera leur foyer dans l'année ou les 2 ans à venir (+10 points par rapport au printemps 2010). La situation actuelle ne permet pas à 14 % des Allemands d’envisager des projets futurs (chiffre en recul de 7 points par rapport au printemps 2010).
3. La perception des acteurs dans la lutte contre la crise
L’Union européenne est l’acteur le plus efficace aux yeux de 32 % des résidents du Luxembourg pour faire face aux conséquences de la crise financière (-1 point par rapport au printemps 2010). Suivent ensuite le G20 et le FMI pour 18 % des résidents du Luxembourg (-1 point pour le G20 respectivement + 4 points pour le FMI par rapport au printemps 2010).
Pour 15 % des personnes interrogées, c’est le Gouvernement luxembourgeois qui serait le mieux placé pour agir de la manière la plus efficace (+1 point par rapport au printemps 2010).
Pour les 3 pays limitrophes du Luxembourg, l’Union européenne arrive également en tête comme étant l'acteur le plus apte à agir pour faire face aux conséquences de la crise économique et financière avec 32 % des sondés pour la Belgique, 22 % pour l’Allemagne et la France (-4 et -5 points en comparaison au printemps 2010).
Le G20 est pour 23 % des Belges le deuxième acteur dans le classement pour agir efficacement dans la gestion de la crise (+ 6 points) suivi du FMI pour 17 % des sondés.
Le schéma de hiérarchisation est identique pour les Allemands avec 19 % qui positionnent le G20 en deuxième place, après l’UE et précédant le FMI (18 % des sondés).
On notera qu’un bon nombre d’Européens n’a pas su donner de réponse à cette question. C’est le cas des Portugais avec 18 % des sondés et des Polonais qui sont 20 % à affirmer ne pas savoir qui pourrait exercer une influence positive sur la résolution de la crise financière. Les Lituaniens sont, eux, aussi nombreux, avec 18 % des personnes interviewées, à déclarer ne pas savoir qui pourrait exercer une influence positive sur la résolution de la crise financière (+3 points).
4. Les acteurs ayant agi dans la lutte contre la crise
Au Luxembourg, 69 % des résidents estiment que leur gouvernement a agi efficacement dans la lutte contre la crise, soit 30 points de plus que la moyenne européenne. Seule l’Allemagne avec 65 % des sondés et les Pays-Bas avec 66 % ont une vision semblable de leur gouvernement respectif.
L’Union européenne a, aux yeux de 55 % de résidents au Luxembourg, agi de manière efficace pour combattre la crise (10 points de plus que la moyenne européenne). La Belgique obtient un score similaire (56 %).
L’Allemagne se situe dans la moyenne européenne avec 46 % de personnes d’accord mais avec un nombre comparable de personnes qui pensent l’inverse (44 %). Les Français ne sont que 37 % à penser que l’Union européenne a agi de manière efficace contre 51 % à penser qu’elle a agi dans le sens opposé.
Pour les habitants du Luxembourg, les Etats-Unis n’ont pas agi de manière efficace dans la gestion de la crise avec 61 % qui désavouent ce pays (12 points de plus que la moyenne européenne).
Les autres pays de l'UE semblent partager cette opinion : 61 % pour les Pays-Bas, 59 % pour la France et 52 % pour la Belgique.
Les Allemands sont plus sévères à l’encontre des Etats-Unis avec 70 % qui jugent que ce pays n'a pas agi de manière efficace.
5. L’effet atténuant de l’euro sur la crise : avis partagés
Au Luxembourg, 52 % des résidents sont d’accord avec l’idée que l’euro a globalement atténué les effets de la crise économique (sans variation par rapport au printemps 2010). Ils sont 42 % à penser le contraire (+2 points), avec 30 % (+1 point) de personnes qui sont plutôt pas d’accord et 12 % qui ne sont pas du tout d’accord (+1 point). Le Luxembourg se positionne clairement au-dessus de la moyenne européenne, laquelle affiche un taux de 39 % de sondés qui déclarent que l’euro a atténué les effets de la crise économique.
La Belgique comptabilise le même nombre de personnes qui partagent un avis semblable à celui des résidents au Luxembourg (52 %). Ils sont maintenant 44 % à avouer ne pas être d’accord.
Au regard des habitants du Luxembourg, les Français sont très loin dans le peloton de tête avec 29 % de personnes interrogées qui sont d’accord sur le fait que l’euro a atténué l’effet de la crise, mais aussi en nette chute par rapport au printemps 2010 où ils étaient 40 % soit 11 points de moins à le penser. Les Français sont devenus plus sceptiques entre les deux périodes d’enquête avec 64 % qui ne sont pas d’accord sur cette affirmation soit un bond de 15 points (et 10 points en dessous de la moyenne européenne).
Les Slovaques sont les plus optimistes sur la question avec 68 % des sondés qui pensent que l’euro a atténué les effets de la crise économique (29 points au-dessus de la moyenne européenne).
6. La réforme des marchés financiers mondiaux
Les résidents du Luxembourg sont favorables à des règles plus sévères en matière d’évasion fiscale et de paradis fiscaux à hauteur de 73 % des sondés (15 points de moins que la moyenne européenne qui s’élève à 88 %) avec 39 % de personnes totalement favorables et 34 % de personnes plutôt favorables. Toutefois, le Luxembourg se situe à l’avant-dernière place du classement général, et compte 22 % de personnes interrogées totalement opposées à de telles mesures.
La première place des pays en faveur de telles mesures est occupée par la Slovaquie avec 95 % talonnée par la Suède (94 %), la Grèce et les Pays-Bas qui comptabilisent chacun 93 % d’opinions favorables.
On notera qu’en général tous les pays émettent un avis favorable à la mise en place de telles mesures.
Au Luxembourg, 73 % des sondés sont favorables à l’instauration d’une taxe sur les profits faits par les banques (- 8 points par rapport à l’UE)
Concernant les autres pays, ce sont la Grèce et l’Irlande qui sont en tête avec respectivement 93 % et 92 % d’avis favorables émis soit 12 points et 11 points au-dessus de la moyenne européenne.
La France et l’Allemagne obtiennent ensemble un total de 86 % de personnes favorables à l’instauration d’une taxe sur les profits réalisés par les banques (5 points au-dessus de la moyenne européenne).
Instaurer une taxe sur les transactions est accepté par 55 % des résidents au Luxembourg (6 points de moins que l'UE) avec 21 % qui y sont très favorables.
L’Autriche est le pays qui comptabilise le plus d’avis favorables à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières avec 75 % de réponses positives (14 points de plus que l’UE).
Les Français y sont favorables à 71 %, soit 10 points de plus que la moyenne européenne.
Avec 79 % de résidents favorables à une règlementation sur les salaires dans le secteur financier, le Luxembourg se situe dans la moyenne européenne.
Les autres pays de l'UE se situent tous à quelques nuances près dans la même position : Les Pays-Bas (80 % d’opinion favorable), la France (82 %) et la Belgique (84 %). Quant à l’Allemagne, 86 % des sondés souhaitent une telle réglementation (6 points de plus que la moyenne européenne).
Une supervision plus approfondie des "fonds spéculatifs" est approuvée par 78 % des résidents du Luxembourg soit 5 points de plus que la moyenne européenne. La Belgique est au même niveau avec 79 % d’approbation. L’Allemagne souhaite cette supervision à 86 %, 13 points de plus que l’opinion de l’ensemble des Etats membres réunis.
La Grèce et la Hongrie souhaiteraient la voir mise en place à 90 % des sondés de ces pays.
Au Luxembourg, 87 % des résidents prônent la transparence des marchés financiers, opinion partagée par la majorité des pays européens.
7. L'acteur qualifié pour réformer le marché financier mondial
Pour 34 % des résidents du Luxembourg c’est le FMI qui est le mieux placé pour réglementer et réformer le marché financier mondial (9 points de plus que la moyenne européenne), suivi du G20 (24 %). L’Union européenne occupe la troisième place avec 19 % de personnes qui l’ont choisie (moins 2 points par rapport à la moyenne européenne).